Texte et Audio : Paracha Chela’h – « Machia’h est l’Essence de la Vie », par le Rav Yaacov Abergel

Texte et Audio : Paracha Chela’h – « Machia’h est l’Essence de la Vie », par le Rav Yaacov Abergel

Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannaniah ben Yaacov

 

Le Rabbi enseigne que lorsqu’un jeune Juif parvient à l’âge de la maturité, l’âge de sa Bar-Mitsvah, il doit réunir deux qualités. La première est qu’il doit être Bar-Daat, c’est à dire qu’il doit être maître de ses facultés intellectuelles. La seconde est son aptitude à recevoir l’acceptation du Joug divin (Kabalat-ol). Il nous apparaît que la première de ces deux qualités correspond à la division, la répartition (Hilt’halkout), du fait que l’intellect et les midot (sentiments) correspondent aux différents aspects (particuliers) des forces de l’âme, par lesquelles nous nous attachons à D.ieu en accomplissant notre service divin.

D’un autre côté, l’acceptation du Joug divin correspond à l’Unité (A’hdout), c’est à dire à l’Essence de notre âme laquelle représente le ‘point divin’ de l’âme dont découlent la soumission à L’Eternel et le don de soi, grâce auxquels un Juif est prêt à faire don de sa propre vie pour sanctifier le Nom divin car ‘il ne peut pas se séparer de D.ieu’ (Tanya).

Dans le Dvar Malhout sur la Paracha Chela’h le Rabbi nous enseigne que de manière générale la Torah exprime l’Unité (A’hdout) du fait qu’elle est la Sagesse divine qui fait Un avec D.ieu et que les Mitsvoth expriment la Division (Hit’halkout) de par le fait qu’elles sont au nombre de 613 : 248 Commandements positifs et 365 Commandements négatifs. Les Mitsvoth sont les ordres que L’Eternel a adressés à l’homme sur la manière de se comporter dans le monde. Or, la réalité d’un homme et la réalité du monde se partagent en 613, l’homme est appelé ‘petit monde’ car ‘tout ce que D.ieu a créé dans Son monde, Il l’a aussi créé dans l’homme’ : les 248 membres du corps et les 365 vaisseaux sanguins s’accordent avec les Mitsvoth qui sont au nombre de 613.

Plus précisément, la différence entre l’Unité et la Division existent également dans la Torah elle-même. La partie révélée de la Torah avec ses 60 Traités explique chaque détail sur chacune des Lois au sujet de ce qui est permis et de ce qui est interdit, de ce qui est pur et de ce qui est impur…C’est la raison pour laquelle la partie révélée de la Torah représente la Division car d’elle découle la diversité des Lois au moyen desquelles un Juif réalise la purification de ce monde matériel (Birour ha Olam). A l’opposé, la partie profonde de la Torah représente l’Unité car la ‘Hassidout est l’Essence de la Torah et la qualité de l’Essence est qu’elle est indivisible, au-delà de toute forme, de tout aspect particulier, de tout détail.

Plus encore que tout cela, la différence entre l’Unité et la Division existent également dans l’âme d’un Juif. L’unité de l’âme représente le niveau de Yé’hida lequel désigne le ‘point divin’ de l’âme qui est au-delà de toute division : c’est l’Essence de l’âme Juive qui fait Un avec l’Essence divine. A l’opposé, les forces de l’âme de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (Néfech, Rouah, Néchamah) expriment la Division, car lors de sa descente dans le corps chaque membre du corps reçoit une force particulière de l’âme la force de vision dans l’œil, la force de l’audition dans l’oreille…).

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, le Rabbi nous explique que notre mission qui consiste à purifier et à raffiner ce monde matériel pour en faire un réceptacle capable de devenir une demeure pour l’Essence divine doit être accomplie au moyen de l’Unité et de la Division. C’est à dire que nous devons utiliser toutes les forces de notre âme (les forces de l’intellect : les Mo’hin, et les sentiments : les Midot), lorsque nous accomplissons les Commandements divins. Il s’agit donc dans ce cas d’un travail relatif à la Division (la division des forces de l’âme, la division des Commandements divins et la division des Lois de la partie révélée de la Torah). Cependant, même si l’essentiel de notre travail de purification du monde matériel est celui de la Division, il n’en demeure pas moins que nous devons aussi accomplir le travail de l’Unité (l’Unité de l’âme et l’Unité de la Torah), c’est à dire que nous devons dévoiler les forces de la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps : l’Essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine, ‘qui fait Un avec D.ieu’. Dévoiler l’Unité consiste donc à dévoiler le niveau de Yé’hida : la force de l’Essence de notre âme dans notre âme, en nous attachant à l’étude de l’Essence de la Torah : la ‘Hassidout. C’est en agissant en ce sens que nous pouvons atteindre la perfection dans notre travail de purification du monde et ‘dévoiler dans ce monde limité le niveau du Divin qui est au-delà du monde’.

La Paracha Chela’h que nous lirons avec l’aide de D.ieu ce Chabbat a pour sujet l’histoire des explorateurs que Moché envoya en Erets Israël, alors que la Haftara que nous lirons juste après raconte l’histoire des explorateurs que Yéochoua envoya par la suite en Erets Israël. Le Rabbi établit la différence entre les forces de l’âme et l’Essence de l’âme à travers les différences qui existent entre la mission des explorateurs de Moché et celle des explorateurs de Yéochoua : la mission des explorateurs de Moché correspond à la Division, c’est à dire au service divin que l’on accomplit au moyen des forces de l’âme qui s’habille dans le corps, et la mission des explorateurs de Yéochoua correspond à l’Unité, c’est à dire au service divin que l’on accomplit au moyen du dévoilement de la force de l’Essence de l’âme.

Les explorateurs de Moché sont au nombre de douze. Les 12 princes des tribus que Moché envoya pour explorer la Terre d’Israël représentent donc les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, car de même que l’âme vivifie chaque membre du corps (l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le cœur, la force de la vision dans les yeux…) les 12 explorateurs de Moché visitèrent chaque partie du grand ‘corps’ que représente la Terre d’Israël.

A l’opposé du chiffre 12 qui représente la Division, les explorateurs de Yéochoua, au nombre de 2, représentent l’Unité. Le Rabbi souligne par exemple que les Mitsvoth de la Torah se divisent en 2 catégories : les Commandements positifs et les Commandements négatifs. De fait, ces deux explorateurs incarnent la force de l’Essence de l’âme qui est ‘au-delà de toute division’. C’est pour cette raison qu’ils sont décrits dans le texte de la Haftarah comme étant ‘deux hommes simples’ et non pas des princes de tribu comme ce fut le cas pour les explorateurs de Moché, car la simplicité est précisément la qualité de l’Essence divine qui est indivisible, et aussi la qualité de l’Essence de l’âme de chaque Juif.

Le Rabbi souligne également que l’endroit où les deux explorateurs arrivèrent fut Yéri’ho, la ville dont il est dit qu’elle est le ‘verrou’, ‘la clef’ de la Terre d’Israël. Or, le mot ‘verrouillé’ se dit en hébreu ‘nahoul’ et il a donc la même racine que le nom ‘Neïla’ lequel désigne la cinquième prière du jour de Kippour pendant laquelle Hachem verrouille les portes de la Synagogue pour S’entretenir en privé avec le peuple d’Israël. Le temps de ‘la Neïla’ correspond donc au dévoilement du niveau de Yé’hida (L’Essence de l’âme Juive) et la ville de Yéri’ho dans laquelle parvinrent les deux explorateurs fait donc allusion à ce dévoilement.

Par ailleurs, la Torah nous précise que les deux explorateurs de Yéochoua agirent dans le silence, dans la plus grande discrétion, et cela aussi est une allusion au dévoilement de l’Essence de l’âme. On peut donner ici l’exemple de la prière de la Amida, durant laquelle un Juif se tient droit et silencieux car il se trouve en présence de L’Eternel. La proximité de l’âme avec Dieu a pour effet de demeurer silencieux, et le silence des deux explorateurs de Yéochoua n’est donc pas sans évoquer le dévoilement de l’Essence de l’âme, du lien le plus profond qui nous unit à notre Père qui est dans le ciel, ainsi que l’a exprimé Rabbi Shimon Bar Yohaï juste avant de quitter ce monde : ‘Je suis attaché par un lien, en lui je m’unifie, en lui je m’enflamme’.

Le Rabbi explique dans le Dvar Mal’hout que la mission des explorateurs de Moché et la mission des explorateurs de Yéochoua ont toutes les deux un même but. Celui de purifier la Terre d’Israël, ainsi qu’il a été dit. De fait, notre mission consiste à faire de notre corps, et du corps de ce monde, une demeure pour L’Eternel, pour Son Essence bénie. Ces deux missions correspondent donc à deux services divins qui sont tous les deux nécessaires et qui se complètent. Les explorateurs de Moché sont une allusion à la purification du corps au moyen des forces de l’âme, et ce travail a pour effet d’attirer un dévoilement divin qui s’inscrit dans les limites imposées par ce monde matériel. Les explorateurs de Yéochoua sont une allusion à la purification du corps au moyen de la force de l’Essence de l’âme, et ce travail a pour effet d’attirer un dévoilement divin qui est totalement au-delà des limites de ce monde. Ainsi, raffiner et purifier le corps et ce monde matériel ne doit pas se limiter à exploiter seulement les forces de de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, il s’agit aussi de ‘vider les trésors du palais’, c’est à dire de révéler la partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme, l’Essence de l’âme, pour faire de ce monde une demeure pour ‘Son Essence’, le niveau de A’hdout.

Le Rabbi écrit dans l’un de ses discours le mot ‘Essence’ de la manière suivante : עסענץ

Or, les lettres de ce nom font un total de 340 et si l’on ajoute à ce nombre la valeur du nom חי (la Vie), on obtient le nombre 358 qui est la valeur numérique de Machia’h.

Ainsi, l’Essence de la Vie c’est le Machia’h qui incarne lui-même le niveau de Yé’hida, et avec le dévoilement du Machia’h nous connaîtrons avec l’aide de D.ieu très bientôt et de nos jours le Dévoilement de l’Essence de la Vie……

 

Texte et Audio : Paracha de Béhaaloté’ha – « Talon et don de soi », par le Rav Yaacov Abergel

Texte et Audio : Paracha de Béhaaloté’ha – « Talon et don de soi », par le Rav Yaacov Abergel

Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannaniah ben Yaacov

 

 

‘Quand tu allumeras les lumières vers la face de la Ménorah’, ce verset qui est au début de notre Paracha possède de nombreuses explications. Rachi explique que ‘quand tu allumeras signifie quand tu feras monter’.

Dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi fonde son enseignement à partir de cet enseignement de Rachi et du fait que L’Eternel désirait qu’Aaron allume la Ménorah ‘en tenant le feu près de la mèche jusqu’à ce que la flamme monte par elle-même’.

Le corps d’un Juif est précieux aux yeux de l’Eternel et Il désire que nous accomplissions Sa Volonté au moyen des forces de notre âme, et au moyen de notre corps. Cependant, le Rabbi souligne que ‘le corps de par lui-même n’est pas lié au service divin et la preuve de cela est que nous devons l’habituer à ce service, afin que l’habitude devienne une seconde nature’.

En effet, par sa nature, l’âme animale incite l’homme à assouvir constamment des désirs matériels et grossiers, aussi, la mission de chaque Juif consiste à habituer le corps et l’âme animale à la pratique des Mitsvoth et à l’étude de la Torah. En d’autres termes, habituer le corps signifie qu’on le rend ‘docile’ aux Commandements divins en ‘domptant’ peu à peu l’âme animale. Comme on dompte un animal pour lui imposer notre volonté, nous devons forcer notre âme animale à aimer D.ieu. Ce faisant nous réalisons l’injonction divine d’aimer notre D.ieu ‘de tout notre cœur’, c’est à dire ‘avec nos deux penchants’ (Rachi).

Habituer notre corps à accomplir des Mitsvoth au point que ‘l’habitude devient une seconde nature’. Dans ce cas la nature du corps et de l’âme animale se transforment peu à peu, et avec beaucoup de travail nous pouvons même parvenir à ‘transformer l’obscurité en lumière’, à l’exemple des Tsaddikim qui raffinent et purifient totalement l’âme animale afin que celle-ci s’unisse à l’âme divine d’un lien parfait.

D’une certaine manière l’union de la force de l’âme animale avec la force de l’âme divine est comparable à deux flammes qui s’unissent et ne forment plus qu’une seule flamme. Aussi, à la lecture des versets de notre Paracha : ‘Quand tu allumeras les lumières vers la face de la Ménorah…En tenant le feu près de la mèche jusqu’à ce que la flamme monte par elle-même’, nous pouvons expliquer qu’il y a ici une allusion au fait que lorsque l’on habitue le corps à accomplir les
Commandements divins : ‘en tenant le feu près de la mèche’, alors la force de l’âme animale s’unit avec la force de l’âme divine et dans ce cas : ‘la flamme monte par elle-même’.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit nous comprenons la déclaration du Rabbi selon laquelle ‘Un Juif dévoile la force de l’Essence divine qui est dans le corps en le purifiant.

Le travail qui consiste à dompter l’âme animale est une étape vers le niveau supérieur du dévoilement de l’Essence divine dans le corps. A l’exemple de l’Arche qui bien qu’elle soit un objet matériel qui possède des mesures précises ‘ne prenait pas de place dans le Saint des Saints’ parce qu’elle contient les Tables de l’Alliance écrites du doigt de D.ieu, lorsque le corps est débarrassé de ses impuretés il devient un réceptacle de l’Essence divine et dans ce cas, comme l’Arche, ‘il ne prend pas de place’, c’est à dire qu’il s’élève au-delà des limites matérielles de ce monde.

Comme le Rabbi nous l’enseigne dans le Dvar Mal’hout, lorsqu’un Juif parvient à habituer le corps à accomplir les Commandements divins alors ‘l’accomplissement des Mitsvoth n’est plus une chose ajoutée’, mais font partie intégrante de son être et de son existence. Ce Juif fait alors Un avec D.ieu, en purifiant son corps il est parvenu en même temps à dévoiler que ‘même le corps matériel d’un Juif est lié au Saint béni soit-Il’.

L’Admour Hazaken rapporte dans le livre du Tanya un enseignement de l’enfant ‘Yinouka’ lequel compare lequel les Commandements divins à de l’huile, et l’âme animale à la mèche d’une bougie. De fait, la Présence divine, la ‘Chrina’, qui est elle-même comparée à la flamme de la bougie, ne peut se dévoiler à un Juif que lorsque celui-ci accomplit les Commandements divins. Autrement dit, la flamme ne peut s’accrocher à la mèche que si celle-ci est imbibée d’huile.

L’exemple de la mèche qui brûle grâce à l’huile dont elle est imbibée, exprime l’idée que l’âme animale, la ‘mèche doit se consumer’. Cela signifie que lorsqu’un Juif accomplit les Mitsvoth, il brûle tout ce qui est extérieur à son service divin. A l’exemple de la mèche qui trempe dans l’huile, lorsque l’âme animale ‘trempe dans l’huile’, c’est à dire lorsqu’elle s’implique dans l’action des Mitsvoth, elle attire le divin en elle-même et se transforme alors en une âme sainte, conformément à la déclaration de Rachi selon laquelle ‘un Juif doit aimer D.ieu au moyen de ses deux penchants’. C’est seulement en agissant ainsi que le feu peut s’accrocher à la mèche, que la Présence divine peut Se révéler en celui qui accomplit Sa Volonté.

Aussi, le Rabbi préconise que lorsque que l’on s’attache à aider un Juif, on doit se tenir près de lui ‘jusqu’à ce que la flamme monte par elle-même’, c’est-à-dire jusqu’à ce que ce Juif devienne indépendant dans l’accomplissement de son service divin. Cet enseignement s’exprime également dans la déclaration que fit le Machia’h au Baal Chem Tov: ‘Je viendrais quand tes sources se répandront à l’extérieur’. Il ne s’agit pas seulement d’apporter la lumière dans un endroit obscur, mais de faire de cet endroit une source, indépendante, capable de diffuser à son tour la lumière.

L’exemple donné par le Rabbi est celui du Rav et de son élève. Le Rav ne fait pas que dispenser des enseignements à son élève. Il s’attache aussi à développer les forces personnelles de l’élève, de telle manière qu’il puisse ‘tenir seul debout sur ses pied’, et diffuser à son tour la lumière à l’extérieur. Le Rabbi explique que l’attitude du Rav est comparable à celle du Saint béni soit-Il. L’Eternel en donnant la Torah ne fit qu’allumer la flamme, mais ensuite cette flamme devait continuer à ‘monter par elle- même’. A l’image de cet élève qui avance seul, l’Assemblée d’Israël ne compte que sur elle-même quand il s’agit de trouver dans la Torah des réponses aux questions qui se présentent chaque jour. C’est à cela que se rapporte la déclaration selon laquelle ‘la Torah n’est pas dans le ciel’.

Cependant, la profondeur de tous ces enseignements ne se limite pas à l’âme Juive En effet, le monde matériel est lui-aussi tel ‘une mèche qui a besoin d’huile’. Le Rabbi nous enseigne que notre mission consiste aussi à introduire la sainteté dans la matière de ce monde. De fait, la majorité des Commandements divins est accomplie au moyen de la matière, et depuis le don de la Torah, chaque Juif détient la capacité de sanctifier ce monde profane. A partir de la matière profane, la peau d’une vache, et de l’encre que l’on obtient en broyant des végétaux, un Sofer écrit des Parachiot sur du parchemin et crée ainsi un objet de sainteté, une Méguilah d’Esther, une Mézouzah, une paire de Téfilines, un Séfer Torah.

Lorsqu’un Juif introduit la sainteté dans un objet matériel et profane, cet objet devient comme cette flamme qui ‘monte d’elle-même’, car une fois que le Sofer a introduit la sainteté dans ses écrits, ‘la sainteté ne quitte plus son endroit’. L’image du Sofer en train d’écrire est donc comparable à celle d’Aaron ‘tenant le feu près de la mèche’, car lorsqu’il a fini d’écrire alors cette Mézouzah, cette paire de Téfilines, ou ce Séfer Torah, deviennent comme ces ‘flammes qui montent par elles-même’. Ils deviennent ‘indépendants’, du fait qu’ils sont désormais des objets emplis d’une sainteté qui ne les quittera plus, à l’exemple de cet élève qui peut se ‘tenir seul debout sur ses pied’, et diffuser à son tour la lumière qu’il a reçu de son Maître, ainsi qu’il a été dit précédemment.

A travers cet enseignement, selon lequel le monde matériel doit être ‘une flamme qui monte d’elle-même’, le Rabbi souligne que c’est précisément en élevant le niveau le plus bas, que l’on parvient à élever tous les autres niveaux et que l’on finit par atteindre finalement le dévoilement de l’Essence divine. Ainsi, le Rabbi déclare que bien que notre génération soit considérée sur le plan spirituel comme le ‘talon’, en comparaison à la génération de Moché, qui représente la ‘tête’, il n’en demeure pas moins que le talon soutient le corps tout entier, et qu’en élevant le talon, on apporte l’élévation au corps tout entier, c’est à dire à toutes les générations. L’enseignement est clair.

C’est en s’attachant à élever le Juif le plus éloigné que l’on parvient à élever toute l’Assemblée d’Israël. L’attitude d’un ‘Hassid du Rabbi consiste à apporter la lumière dans ces endroits obscurs car ils cachent en réalité une lumière exceptionnelle. Le Rabbi Rayats a expliqué dans l’un de ses discours ‘hassidiques que le talon, bien qu’il soit la partie la plus basse du corps, la partie la plus matérielle et la plus insensible, représente la capacité de Messirout néfech.

En effet, il nous est impossible de rentrer la tête dans de l’eau bouillante, par contre le talon peut supporter une telle chaleur. Il en va de même pour notre génération, laquelle représente le ‘talon du pied’, elle seule possède la capacité de ‘rentrer dans l’eau bouillante’, c’est à dire de faire don de sa propre vie pour sanctifier et faire de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine, avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.

Texte et Audio : Paracha Nasso  ‘La Délivrance de la Torah’, par le Rav Yaacov Abergel

Texte et Audio : Paracha Nasso ‘La Délivrance de la Torah’, par le Rav Yaacov Abergel

 

Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannaniah ben Yaacov

 

Hanna, la mère du Prophète Chmouel s’exprima ainsi devant l’Eternel : ‘Nul n’est saint comme l’Eternel, car il n’y a nul autre que Toi, et il n’y a point de rocher comme notre D.ieu’. Le mot ‘rocher’ exprime ici le fait que l’Eternel est notre unique force, notre seule forteresse, notre seul abri.

Par ailleurs, dans le traité Béra’hot (10a), pour expliquer que l’œuvre du Saint béni soit-Il est différente de celle d’un être de chair et de sang, les Sages ont employé l’expression ‘il n’y a point de rocher comme notre D.ieu’, en jouant sur les mots ‘Tsour’ (rocher), et Tsayar (Artiste-Peintre). Le sens de la déclaration de ‘Hanna selon laquelle ‘Il n’y a point de Rocher (Tsour) comme notre D.ieu’ devient alors : ‘Il n’y a point de Peintre comme notre D.ieu’.

La raison donnée par les Sages, au fait qu’il n’existe aucun Artiste que l’on peut comparer au Saint béni soit-Il, est que ‘l’homme dessine une forme sur un mur, mais ne peut lui introduire un souffle de vie une âme ni organes ni entrailles. A l’opposé, le Saint béni soit-Il peut dessiner une forme à l’intérieur d’une forme, lui introduire un souffle de vie, une âme, des organes et des entrailles’.

Ainsi, le sens simple de la Guémara est ici de souligner la différence essentielle entre les œuvres du Saint béni soit-Il et celles d’un être de chair et de sang. L’homme dessine une forme sur un mur sans pouvoir y mettre de souffle vital, le doter d’une âme ou des composantes essentielles de l’organisme, contrairement à D.ieu qui dessine une forme (l’embryon), à l’intérieur d’une forme (la matrice éternelle), et y dépose un souffle, une âme, des entrailles et des intestins.

Cette comparaison établie par les Sages entre les œuvres du Saint béni soit-Il et celles de l’homme s’accorde à l’un des enseignements du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nasso.

Le Rabbi y rapporte l’enseignement selon lequel ‘l’Eternel a regardé dans la Torah avant de créer le monde’.

Le monde, tel qu’il est, tel qu’il apparaît à nos yeux, fut d’abord ‘écrit’ dans la Torah, et c’est pour cette raison que la ‘Hassidout compare la Torah au carnet de croquis d’un Artiste. A l’exemple de l’Artiste qui dessine des esquisses avant de peindre son tableau, la Torah représente le ‘carnet’ sur lequel l’Eternel a dessiné ‘l’ébauche’ du monde qu’Il s’apprête à créer.

Ainsi, de la même manière que l’esquisse préparatoire précède l’œuvre finale, la Torah a précédé le monde. ‘L’Eternel a regardé dans la Torah avant de créer le monde’ signifie que pour créer le monde L’Eternel’ regarda dans la Torah, comme un Artiste s’inspire de ses croquis pour peindre son Tableau.

Dans les temps messianiques L’Eternel dévoilera la Torah ‘Hadacha (nouvelle) au peuple d’Israël par l’intermédiaire du Machia’h : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’. Ainsi, en regardant dans la Torah nouvelle l’Eternel créera un monde nouveau, et c’est à ce sujet que L’Eternel dit : ‘Comme ces Cieux nouveaux et comme cette Terre nouvelle que Je ferai naître dureront devant Moi, ainsi subsisteront votre descendance et votre nom’ (Ychaya, 66, 22).

Le Rabbi explique que ‘ces Cieux nouveaux’ et cette ‘Terre nouvelle’ que L’Eternel fera naître lors de la Délivrance finale représentent le dévoilement de la Parole de D.ieu qui est l’origine de la Création du ciel, de la terre, et de tout ce qu’ils contiennent.

A présent, nous ne voyons qu’un monde matériel et nous ne voyons absolument pas la Parole divine qui Se cache dans la matière, ainsi qu’il est dit : ‘S’il était permis à l’œil de voir et de se rendre compte de la force vitale (la Parole divine) et de la spiritualité qui sont contenues dans toute chose créée, et qui prenant leur source dans ‘ce qui émane de la bouche de D.ieu’ et de ‘Son souffle’, y coulent constamment, alors la matérialité de la créature cesserait d’être perçue par nos yeux, celle-ci étant complètement annulée par rapport à la force vitale et la spiritualité qui sont en elle’. (Tanya, Chaar Ha Y’houde Vé Ha Emounah, chapitre 3).

Le dévoilement de la Torah nouvelle représente le dévoilement de l’Essence divine, comme ce fut le cas lors du don de la Torah sur le mont Sinaï, au sujet duquel il est dit: ‘Et tout le peuple vit les Voix’ (Yitro, 20, 15).

Lors de la Délivrance finale tout le peuple verra La ‘Voix’ de l’Eternel, ‘la force vitale et la spiritualité’ qui se cachent à présent dans ce monde matériel. Aussi, bien que L’Eternel Se dévoile dans la Torah, d’une certaine manière toute Son Œuvre, toute l’œuvre de la Création, demeure ‘dépourvue’ de Sa signature.

Ce n’est que dans les temps messianiques qu’il apparaîtra à nos yeux avec clarté que toute la Création vient de la ‘bouche de D.ieu’ et de ‘Son souffle’. Dès-lors, nous pouvons comprendre la déclaration des Sages selon laquelle la Torah que l’homme étudie à l’heure actuelle n’est rien, hével, en comparaison à la Torah que nous enseignera le Machia’h.

En effet, le mot hével désigne la vapeur, la buée, une chose qui est inodore, sans saveur, une chose insignifiante, et l’emploi de ce mot s’oppose à la grandeur de la Torah qui sera dévoilée par le Machia’h : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.

‘La Torah qui sortira de Moi’ représente la partie la plus profonde de la Torah, son essence divine. A l’évidence, en comparaison au souffle nouveau que la Torah nouvelle insufflera aux ‘Cieux nouveaux’, à la ‘Terre nouvelle’, la vitalité de la Torah que nous étudions aujourd’hui n’est telle qu’un léger souffle : hével.

A la fin de notre Paracha il est écrit que lorsque Moché pénétrait à l’intérieur de la Tente d’assignation, pour parler avec l’Eternel, il entendait la Voix du Saint béni soit-Il. Rachi explique que l’on pourrait croire que Le son de la Voix était faible, mais le verset dit ‘La voix’ (avec un article défini). C’est La voix qui parlait avec lui au mont Sinaï, mais quand elle arrivait à l’entrée de la tente d’assignation, elle s’arrêtait et ne sortait pas à l’extérieur de la tente. C’était un véritable miracle, la Voix de D.ieu n’était audible qu’à l’intérieur de la Tente.

Le Rabbi nous explique que lorsque l’on se trouve à l’intérieur de la Tente, le dévoilement de D.ieu est si grand que nous n’avons pas d’autre choix que celui d’écouter Sa voix. Cependant, le désir du Saint béni soit-Il est de résider dans ce monde matériel, ‘à l’extérieur de la Tente’. C’est précisément ‘à l’extérieur de la Tente’ que le choix est donné à l’homme d’écouter ou de ne pas écouter la Voix de son Père. Un juif doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour ‘briser le silence’ en faisant résonner La voix et La volonté de D.ieu ‘à l’extérieur de la Tente’, en accomplissant Ses Commandements de ‘tout son cœur de toute son âme et de tout son pouvoir’.

Le Rabbi déclare qu’un juif cherche D.ieu comme un fils cherche son père qui s’est caché pour qu’il le trouve. Il ajoute que le plus grave n’est pas de ne pas Le trouver mais de s’arrêter de Le chercher.

L’enseignement pour chacun d’entre nous est qu’il ne suffit pas d’agir ‘à l’intérieur de la Tente’, bien au contraire notre travail consiste essentiellement à agir ‘à l’extérieur de la Tente’, conformément à ce qu’a dit le Machia’h au Baal Chem Tov : ‘Je viendrais lorsque tes sources se répandront à l’extérieur’. Il convient dans ce cas de ‘s’armer de puissance, tel un lion, et de fermeté de cœur’ (selon les mots du Tanya, 25) afin d’affronter tout ce qui s’oppose à cette mission sacrée, d’apporter la Parole divine dans chaque endroit et pour chaque juif.

Lorsque Moché entrait dans la tente d’assignation il entendait La voix d’au-dessus du couvercle de l’Arche du témoignage. ‘La voix sortait du ciel passait entre les deux chérubins, et de là, sortait vers la tente d’assignation’ (Rachi). Rabbi Yom-Tov Lippman explique que la lettre Aleph fait allusion à ce dévoilement La forme de la lettre Aleph est composée d’un Vav et de deux Youd. Les deux Youd font allusion aux deux chérubins, et le Vav est une allusion à La Voix de L’Eternel qui passait entre les deux.

Il est intéressant de remarquer que la lettre Aleph (la première lettre, du premier mot, des Dix Commandements, Ano’hi) est une allusion à l’Essence divine. De fait, notre mission est bien de faire de ce monde matériel une demeure pour D.ieu dans laquelle se révèlera Son Essence.

Par ailleurs, les lettres du mot hével sont les mêmes lettres que l’expression ha Lev, le coeur. D’une certaine manière la Torah que nous étudions aujourd’hui représente le cœur, et que la Torah du Machia’h représente la profondeur du cœur. Aussi, conformément à l’enseignement des Sages selon lequel, seul L’Eternel ‘peut dessiner une forme à l’intérieur d’une forme’, il appartient à D.ieu, et seulement à Lui, de dévoiler la Torah nouvelle qui se cache à l’intérieur de la Torah’, ‘la profondeur du cœur de L’Eternel’, ‘une forme à l’intérieur d’une forme’.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nasso, le Rabbi nous enseigne que chaque ‘Hidouch est l’expression de la Guéoulah. Lorsqu’un Sage dévoile un ‘Hidouch, il dévoile un aspect de la Sagesse divine qui était jusqu’alors en exil dans la Torah. La notion de ‘sortir de l’exil’ existe donc dans la Torah elle-même et la Délivrance de la Torah amène la Délivrance dans le monde. De fait, D.ieu a regardé dans la Torah avant de créer le monde, et ce lien qui existe entre la Torah et le monde s’accorde avec la Délivrance finale.

Chaque fois qu’un Sage délivre un peu plus la Sagesse divine en dévoilant un ‘Hidouch, il délivre un peu plus le monde de l’exil. Cependant, le Rabbi souligne qu’il ne s’agit pas encore de la Délivrance finale car nous sommes encore dans une situation d’exil. Certes, faire des ‘Hidouchim a pour effet d’accélérer le processus de la Délivrance finale, mais bien que les Sages dévoilent des sujets particuliers il reste encore de nombreux sujets qui demeurent en exil.

C’est pour cela que le Rabbi nous enseigne que la perfection de la Délivrance de la Torah sera réalisée par D.ieu Lui-même, ainsi qu’il est dit : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’, même le ‘Dévoilement’ (‘sortira’) sera l’œuvre de D.ieu (‘de Moi’, et dans ce cas plus aucun sujet demeurera obscur à nos yeux, ainsi qu’il est dit : ‘ton guide ne se dérobera plus à ton regard, tes yeux pourront voir ton guide’ (Ychaya, 30, 20) et ‘Tous Me connaîtront’ (Yirmiyaou, 31, 33), très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.