Le jeûne débute à l’aube et se termine à la sortie des étoiles. Cette année 5783 (2023), le jeudi 6 juillet, en région parisienne, début : 3h17 et fin : 22h38.

Un jour de jeûne, un jour de téchouva

Chiva assar béTamouz, le 17 tamouz : le jeûne que nous observons ce jour marque l’entrée dans la période des Trois semaines. C’est en effet le 17 Tamouz 3830 (ou en l’an70) qu’après quatre années de révolte juive les légions romaines ouvrirent une brèche dans les murailles de Jérusalem assiégée.

  • Le jeûne du 17 Tamouz, connu comme Chiva Assar beTamouz est le début de la période des Trois Semaines de deuil pour la destruction de Jérusalem et des deux Saints Temples.
  • Ce jeûne commémore en fait cinq événements tragiques survenus à cette date :
  • Moïse brisa les premières Tables de la Loi lorsqu’il vit le peuple juif adorer le Veau d’Or.
  • Au cours du siège de Jérusalem par les Babyloniens, le sacrifice quotidien fut interrompu par manque de bétail.
  • Apostomos brûla un rouleau de la Torah.1Une idole fut installée dans le saint Temple.
  • Une première brèche fut percée ce jour-là dans les murailles de la ville sainte par les Romains en l’an 69 de l’ère commune, après un long siège. (Trois semaines plus tard, après que les Juifs se soient vaillamment défendus, les Romains détruisirent le second Saint Temple, le jour du 9 Av.)
  • D’après le Talmud de Jérusalem, c’est également en ce jour que les Babyloniens percèrent la muraille de Jérusalem lorsqu’ils vinrent détruire le premier Temple.

Concrètement :

  • Les adultes en bonne santé – à partir de l’âge de bar et bat mitsva – s’abstiennent de manger et de boire depuis l’aube jusqu’à la tombée de la nuit.
  • Les femmes enceintes et qui allaitent ne jeûnent pas.
  • Un malade doit consulter un rabbin. Ceux qui sont dispensés de jeûne, comme les malades et les enfants, ne devraient pas consommer de douceurs en ce jour.
  • Un jour de jeûne est un jour propice, un jour où D.ieu est accessible, attendant notre repentir.
  • Il est permis de se lever avant le début du jeûne pour manger quelque chose, à condition d’avoir eu l’intention de le faire avant d’aller dormir.
  • Au cours de la prière du matin, nous récitons les seli’hot (élégies) relatives à ce jour, figurant à la fin du recueil de prières.
  • Le “long Avinou Malkeinou” est récité lors de l’office du matin et de celui de l’après-midi.
  • La Torah est lue lors de l’office du matin et de celui de l’après-midi. La lecture – qui est la même pour ces deux offices – est Exode 31,11-14 et 34,1-10, et évoque comment, après l’incident du Veau d’Or, Moïse a intercédé auprès de D.ieu en faveur des Israélites jusqu’à obtenir Son pardon pour eux.
  • Dans le rite ‘hassidique et le rite ashkénaze, après la lecture de l’après-midi, la Haftarah des jours de jeûne est lue (Isaïe 55,6 à 58,8).
  • Au cours de la Amidah de l’après-midi, tous ceux qui jeûnent ajoutent un petit passage, aneinou, dans la bénédiction Chéma koleinou.
  • Si le 17 Tamouz tombe un Chabbat, le jeûne est repoussé au dimanche.
  • S’abstenir de manger et de boire est l’aspect superficiel d’un jour de jeûne. À un degré plus profond, un jour de jeûne est un jour propice, un jour où D.ieu est accessible, attendant notre repentir.
  • Nos Sages ont enseigné : “Toute génération au sein de laquelle le Temple n’a pas été reconstruit, c’est comme si le Temple avait été détruit en son temps.” Un jour de jeûne n’est pas seulement un jour triste, c’est un jour lors duquel nous sommes investis du pouvoir de réparer la cause de cette destruction, afin que notre exil s’achève et que nous entrions dans l’ère messianique, puisse-t-elle advenir très prochainement.

Les trois semaines

– Durant les trois semaines suivantes, jusqu’au 9 Av, on augmente les dons à la Tsedaka.
– On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé’héyanou » (par exemple sur un fruit nouveau).
– On ne se coupe pas les cheveux, on n’écoute pas de musique joyeuse et on ne célèbre pas de mariage.
– On évite de passer en jugement.
– Suite à l’appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l’étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d’Ezékiel, le traité Talmudique Midot et le Rambam – Maïmonide).
– Durant les neuf jours qui précèdent le 9 Av (à partir du dimanche soir 23 juillet 2017), on ne mange pas de viande et on ne boit pas de vin. Par contre, on assistera à un Siyoum (ou on l’écoutera sur radio J à partir du lundi 24 juillet à 14h 30), ce qui est une joie permise durant cette période.

Le sens des Trois semaines 

Nos Sages ont abondamment souligné la gravité de ces jours. Ne s’agit-il pas du début de l’exil qui est encore le nôtre comme de celui, si l’on peut dire, de l’exil de la Ché’hina, de la Présence divine ? La destruction du Temple n’est-elle pas une indicible perte pour le peuple juif comme pour l’ensemble de l’humanité? Le temps des trois semaines est certes un temps d’étroitesse. Ben hametsarim,un temps « entre les limites ». Faut-il pourtant s’y laisser enfermer? Pour la tradition juive une tristesse close sur elle-même ne peut pas être la réponse. La commémoration de la perte n’est là que parce qu’elle nous désigne un autre horizon, un projet. Réparer, améliorer, élever, spiritualiser : voilà des maîtres-mots de l’action millénaire du judaïsme. Ce qui a été physiquement détruit peut être spirituellement reconstruit.

Tous les enfants juifs, autrefois, connaissaient ce récit :

Rabban Gamliel, Rabbi Elazar ben Azarya, Rabbi Yochoua et Rabbi Aquiba montèrent un jour à Jérusalem. Arrivant devant le mont du Temple et voyant un renard sortir de ce qui avait été le Saint des Saints, les trois premiers éclatèrent en d’amers sanglots. Mais Rabbi Aquiba se mit à rire!
– Qu’a-tu donc Aquiba à rire ainsi?
– Et vous, répondit-il, qu’avez-vous donc à pleurer?
– Pour ce lieu, dirent les Maîtres, la Torah décrète que le profane qui s’en approcherait mourrait. Voilà que des renards en sortent et nous ne devrions pas pleurer!
Rabbi Aquiba leur opposa alors les prophéties de Jérémie et de Zacharie. Jérémie qui annonce la ruine de Jérusalem et Zacharie qui transmet la grandiose promesse : « Oui certes, dit l’Eternel, je les ramènerai pour qu’ils habitent dans Jérusalem; ils seront mon peuple et Je serai leur D.ieu en vérité et en justice ». »

« La première prophétie étant réalisée », conclut Rabbi Aquiba, « la seconde le sera certainement à son tour ».

Alors les Maîtres dirent : « Aquiba, tu nous a consolés! ».

Consolation : elle commence dès le Chabbat qui suit Ticha béAv, le 9 Av, Chabbat Na’hamou, le Chabbat de la consolation. Et c’est bien plus qu’une consolation que nous vivrons dès le 15 Av, jour de joie entre tous.

L’exil n’est pas un état, il est un chemin. Celui qui mène à l’ultime libération.