Faire de nous-mêmes et de ce monde une demeure pour l’Essence divine

Il est rapporté dans le Midrache que ‘D.ieu désire que l’homme fasse de ce monde inférieur une demeure pour Lui’. D’après l’enseignement de la ‘Hassidout sur la signification de ce Midrache, ‘faire de ce monde une Demeure pour D.ieu’ signifie que la mission qui a été donnée à l’homme consiste à agir dans le monde afin que celui-ci devienne l’endroit du dévoilement de l’Essence divine. C’est la raison pour laquelle le terme de ‘demeure’ est employé ici, car l’Essence d’un homme se dévoile précisément dans l’endroit où il vit, où il demeure, et quand L’Eternel dévoilera Son Essence dans ce monde celui-ci méritera alors d’être appelé ‘la Demeure de D.ieu’ (voir Tanhouma, Nasso, 16. Be’houkotaï, 3. Béréchit Raba, fin du chapitre 3. Bamidbar Raba, chapitre 13. Tanya, début du Chapitre 36).

Le fait que D.ieu désire résider dans ce monde inférieur doit être compris de manière profonde. En effet, notre mission qui consiste à raffiner ce monde matériel en accomplissant les Commandements divins (dont la majorité est accomplie au moyen de la matière) pour en faire le réceptacle de l’Essence divine, implique de faire aussi de nous-mêmes une demeure pour D.ieu, en raffinant et en purifiant notre corps et notre âme animale.

Shimon ha-Tsaddik déclare dans le Pikei Avoth (1, 2) que ‘le monde repose sur trois choses : l’étude de la Torah, la prière (qui remplace les Sacrifices) et les actes de bienfaisance’, et il est écrit par ailleurs que ‘l’homme est un petit monde’. Dans la Si’ha du 20 Tamouz 5740, le Rabbi unit ces deux citations et nous enseigne que ‘l’homme qui est un petit monde ne subsiste que s’il s’oblige à servir D.ieu au moyen de son étude de la Torah de sa prière et de ses actes de bonté’. Ainsi, à la lumière de cet enseignement du Rabbi nous comprenons que ‘le petit monde’ qu’est l’homme doit lui aussi devenir une demeure pour D.ieu et c’est à cela que se rapporte la Parole de D.ieu du verset de la Paracha Terouma : ‘Faites-Moi un sanctuaire et Je résiderais parmi vous’.

La perfection des jours de la Vie de l’Admour Haemtsaeï

De fait, il est écrit dans le premier Livre des Rois (8, 27) que ‘les cieux, et les cieux des cieux ne peuvent Te contenir’, car L’Eternel a choisi de résider précisément dans ce monde inférieur. Dans le Beït-Ha-Mikdache et dans le cœur et dans l’âme des enfants d’Israël. Non pas seulement dans le côté droit du cœur qui est le siège de l’âme divine, mais également dans le côté gauche du cœur où réside l’âme animale. Aussi, le Livre du Tanya nous enseigne l’importance de soumettre tous les membres du corps, sans exception aucune, à la Volonté du Saint béni soit-Il.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Vayetsé le Rabbi approfondit le sujet de notre mission qui consiste à ‘faire de nous-mêmes et de ce monde une Demeure pour D.ieu’ en prenant l’Admour Haemtsaeï pour exemple.

Au sujet de la déclaration de L’Eternel (Michpatim, 23, 26) : ‘le nombre de tes jours Je remplirai’, le Rabbi explique que L’Eternel remplit les jours de la Vie d’un Tsaddik de façon que le nombre de ses années soit un chiffre rond. Ce fut le cas de l’Admour Haemtsaeï qui naquit le 9 Kislev en l’an 5534 (1773) et qui quitta ce monde 54 ans plus tard, jour pour jour, le 9 Kislev en l’an 1827 (5588). Ce fut aussi le cas de Moché Rabbénou qui naquit le 7 Adar et qui quitta ce monde 120 ans plus tard, jour pour jour, le 7 Adar, ainsi qu’il est dit (Dévarim, 31, 2, Rachi) : ‘Aujourd’hui ont été remplis mes jours et mes années, ce jour-ci je suis né et ce jour-ci je mourrai’

Le Rabbi explique que le chiffre rond du nombre de jours de la Vie du Tsaddik représente la perfection. Le Rabbi déclare alors que ‘même si la Vie d’un Tsaddik n’est pas matérielle et qu’elle est au contraire spirituelle, la perfection de son service divin provient du fait que sa Vie spirituelle pénètre et illumine aussi sa Vie matérielle. De fait, la Vie matérielle du Tsaddik est le réceptacle de sa Vie spirituelle. Plus encore, sa Vie matérielle est le prolongement et la continuité de sa Vie spirituelle, l’une et l’autre s’unissent au point de devenir une seule et même chose’.

La Vie spirituelle du Tsaddik Se reflète dans sa Vie matérielle. En d’autres termes, le monde matériel devient le miroir du monde spirituel.

Les ‘Hassidim de l’Admour Haemtsaeï disaient, par exemple que ‘si l’on ouvrait les veines du Rabbi, on verrait couler de la ‘Hassidout à la place du sang’. La volonté profonde de D.ieu coule dans les veines du Rabbi, l’esprit divin fusionne avec la matière.

Les écrits du Rabbi Rachab

Dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat-ha-Hassidout’, le Rabbi nous enseigne que ‘la ‘Hassidout nous insuffle une vitalité nouvelle’. Dans le même ordre d’idée le Rabbi Rayats écrit au sujet de son père, le Rabbi Rachab, que ‘les mots du Rabbi sont vivants’ :

‘A l’heure actuelle, les mots du Rabbi ont été écrits, imprimés sur du papier, mais ces mots écrits et imprimés vivent, d’une vitalité profonde. Ces mots eux-mêmes poussent un cri. Ces saintes paroles, qui sont issues d’un cœur brûlant, brûlent encore actuellement, D.ieu merci, d’une sainte flamme, comme lorsqu’ils émanaient de leur source et de leur origine. Ces mots poussent un cri, demandent, ordonnent. Quand on étudie quelques lignes d’une lettre du Rabbi, imprimée ou manuscrite, quand on assimile ses mots, ceux-ci mettent en éveil et ils exercent une influence, sur la tête comme sur le cœur’.

A la lumière de ce témoignage du Rabbi Rayats nous pouvons nous rendre compte de la force de l’impact que le Rabbi exerce sur ce monde matériel. Les mots que le Rabbi écrit sur du papier ne sont pas de simples mots inanimés. Ce sont des mots qui vivent, à l’exemple des mots de la Torah de D.ieu.

L’Admour Hazaken explique dans le Likouteï-Torah sur la Paracha Réé la raison pour laquelle ‘la Torah est appelée ‘la voix’ (‘Quand tu écouteras la Voix de l’Eternel’, page 23a).

La voix d’un homme exprime les sentiments cachés dans le cœur. En écoutant une personne parler nous pouvons entendre le sentiment qui transparait dans les mots qu’il prononce le sentiment qui anime cette personne. C’est pour cette raison que le Rabbi nous enseigne que ‘la voix unit le spirituel avec le matériel’, c’est à dire qu’elle unit le sentiment qui est impalpable et abstrait (le spirituel) avec les mots de la parole qui sont eux même concrets et matériels.

Le Rabbi poursuit son enseignement et nous explique que la Torah, aussi, unit le spirituel avec le matériel. La Lumière infinie de D.ieu s’habille dans ‘la matière de la Torah’ c’est-à-dire dans les lettres matérielles écrites avec de l’encre sur le parchemin et dans les 613 commandements divins que l’on accomplit en majorité au moyen de la matière’.

Ainsi, de même que la Torah unit l’Esprit divin avec les mots de la Torah, le Rabbi unit le Divin avec ses écrits.

Le nom du Patriarche ‘Yaacov’ exprime la mission de tous les enfants d’Israël

Dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi délivre plusieurs enseignements au sujet de notre mission de faire de ce monde inférieur une demeure pour D.ieu. L’histoire de Yaacov sert d’exemple au sujet du lien que nous devons établir entre le monde spirituel et le monde matériel En effet, il est écrit que ‘Yaacov sortit de Beer-Cheva et il alla vers ‘Harane’ (Vayetsé, 28, 10).

La ‘Hassidout nous enseigne que le voyage de Yaacov lorsqu’il quitta la Maison de son père Itz’hak pour se rendre chez Lavan à ‘Harane, est en soi une descente car Yaacov quitta la Maison d’un Tsaddik et se rendit dans la maison d’un un être vil.

La ‘Hassidout compare donc cette descente, à partir d’un endroit de Sainteté (la maison d’Itz’hak) vers un endroit impur (la maison de Lavan), à la descente de l’âme dans le corps, car l’âme divine provient d’un endroit de Sainteté (l’âme fait ‘Un’ avec Hachem) et descend s’habiller dans un corps et une âme animale, dans un monde où la possibilité est donnée à l’homme de choisir entre le bien et le mal, afin d’accomplir sa mission qui consiste à raffiner et à purifier le corps de l’homme et le corps de ce monde.

Le nom ‘Yaakov’ qui se décompose en ‘Youde-Ekev’ évoque l’union entre l’esprit et la matière. La lettre Youde qui est la première lettre du Nom Havayé symbolise l’attribut divin de ‘Ho’hmah qui lui-même représente le commencement du dévoilement divin dans l’enchaînement des mondes, et le nom Ekev qui signifie talon représente ce monde matériel. Yaakov, Youde-Ekev, exprime donc la mission qui incombe à chaque Juif de faire de ce monde matériel (Ekev) une demeure pour l’Essence divine (Youde).

Dans le Livre du Zohar, Rabbi Shimon Bar-Yohaï a enseigné qu’il y a dans chaque génération un Tsaddik qui est l’équivalent de Moché, et le Rabbi a lui-même comparé ce Tsaddik à la pierre fondamentale (‘Even ha Chtia’) sur laquelle repose le monde.

Il est écrit dans le Midrache que ‘le nom du Machia’h est gravé sur la pierre fondamentale’. Or, cette image du nom du Machia’h gravé sur la pierre fondamentale n’est pas non plus sans exprimer le contenu spirituel de la mission de chaque Juif qui consiste à unir le spirituel au matériel. Le spirituel et le matériel deviennent une seule et même chose, à l’exemple de lettres que l’on grave dans la pierre.

 

Résumé :

D.ieu désire que l’homme fasse de ce monde inférieur une demeure pour Lui’. ‘Faire de ce monde une Demeure pour D.ieu’ signifie que l’homme doit agir dans le monde afin que celui-ci devienne l’endroit du dévoilement de l’Essence divine. L’homme est un ‘petit monde’, qui doit aussi devenir une demeure pour D.ieu. L’Eternel remplit les jours de la Vie d’un Tsaddik de façon que le nombre de ses années soit un chiffre rond. Ce fut le cas de l’Admour Haemtsaeï qui naquit le 9 Kislev en l’an 5534 (1773) et qui quitta ce monde 54 ans plus tard, jour pour jour, le 9 Kislev en l’an 1827 (5588). Le Rabbi explique que ce chiffre rond du nombre de jours de la Vie du Tsaddik représente la perfection : la Vie matérielle du Tsaddik est le réceptacle de sa Vie spirituelle. La Vie matérielle du Tsaddik est le prolongement et la continuité de sa Vie spirituelle, l’une et l’autre s’unissent au point de devenir une seule et même chose. Le nom ‘Yaakov’ qui se décompose en ‘Youde-Ekev’ évoque l’union entre l’esprit et la matière. Le nom du Machia’h qui est gravé sur la pierre fondamentale représente aussi l’union entre spirituel et le matériel, au point que ceux-ci deviennent une seule et même chose, à l’exemple de lettres que l’on grave dans la pierre.