Une merveilleuse brochure a été mit à main de tout le monde en l’honneur de Chavouot par des élèves de la Yeshiva de Brunoy qui sont : Shmouel AKOUN, Etan COHEN, Matia KARALOU, Mi’haël NAKACHE, Levi SUDRY, Yossi SZAPIRO, ainsi que David MEIMOUN.

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Introduction

Un jour, lors d’un entretien d’embauche un candidat se vantait d’être très rapide en calcul. Curieux, l’interrogateur lui demanda « 3243×564 » immédiatement le candidat répondit « 12 ». « Mais ce n’est pas du tout la bonne réponse ! » lui dit l’interrogateur légèrement embarrassé. Le candidat gardant son aplomb répondit : « J’ai dit que j’étais rapide, pas que j’étais précis »…

Au-delà du quiproquo, cette histoire met l’accent sur une vraie problématique de vie. Lorsque D… nous demande d’accomplir une Mitsva, quel est le critère qu’Il attend de nous? Rapidité ou précision? Et surtout, quels sont ces critères?

En fait, chaque mitsva propose à l’homme une multitude de défis dont la nature même est disséminée dans la Torah. Chaque texte, chaque enseignement des sages constituent une fresque dans laquelle chaque individu a une place, un rôle unique à jouer. Effectivement, au-delà des critères propres à chaque Mitsva, nous évoluons avec des qualités et des défauts innés et acquis. Si on peut trouver un critère commun à toutes les Mitsvot, c’est certainement leurs capacités à nous rapprocher du Créateur et à corriger progressivement nos défauts pour réduire l’écart entre notre déficience humaine et la perfection divine.

On pourrait proposer l’analogie suivante, un jour un homme alla voir un conseiller conjugal qui lui conseilla d’offrir chaque semaine un bouquet de fleurs à sa femme pour lui montrer son affection. Évidemment, ce qui se cache derrière ce conseil c’est d’avoir une attention réelle chaque semaine. Mais si ce mari, ne conçoit l’action «d’offrir des fleurs» que comme une action dénuée de sens et souscrit un abonnement pour une livraison directe du bouquet il aura certainement manqué le tremplin.

La fête de Chavouot est un moment unique dans l’année pour renouveler notre lien avec la Torah et à travers elle avec Hachem. Il est alors nécessaire de définir ce qu’est l’étude de la Torah et quels sont les critères attendus.

Pour répondre à cette question, et surtout pour apprécier la richesse des enseignements de nos sages, ce modeste feuillet vous invite à naviguer (sur texte !) dans l’océan merveilleux de la Torah et à fouler le sentier des mots empruntés par nos ancêtres. Au-delà des conclusions que proposera ce voyage, c’est surtout l’amour du paysage qui est tellement bon à partager.

La Torah est un héritage éternel, un témoin que l’on se transmet et brandi fièrement. Elle est un élixir de vie accessible à chacun selon son niveau nous vous souhaitons une bonne étude et de pouvoir recevoir la Torah avec joie et profondeur !

En espérant qu’avec l’aide d’Hachem, les idées soient clairement et fidèlement transmises et que l’amour de la Torah y soit palpable.

Pour tout commentaire ou remarque, n’hésitez pas à nous écrire à l’adresse suivante : LimoudFr[email protected]

Ce fascicule a été conçu et réalisé par des jeunes étudiants de la Yéchiva Guedola de Tom’hei Tmimim de Brunoy :
Shmouel AKOUN, Etan COHEN, Matia KARALOU, Mi’haël NAKACHE, Levi SUDRY, Yossi SZAPIRO, ainsi que mon cher ami David MEIMOUN.

Nous voulons adresser un remerciements tout particulier au Rav Benchetrit qui s’est rendu aussi disponible et chaleureux qu’instructif donnant un exemple vivant du sujet traité.

Aussi, nous sommes très reconnaissant pour la chaleureuse confiance du Rav Taieb de Vincennes qui nous a motivé par son témoignage de soutien et paroles de Torah.
Qu’Hachem leur accorde toutes les bénédictions matérielles et spirituelles.

Léïlouï Nichmat : Yehouda ben Ghozala Yael, Jacqueline Esther bat Lucie, Moché ben Nousha, Rahamim ben donna, Harav Haïm tsvi ben Sarah,Harav Yossef Haïm ben Emma Simha, Avraham ben Messaouda, hanania ben hnina, Yaakov ben Esther, Avraham ben Sarah, Perets ben Chimon, Shmouel ben Sim’ha, Avraham ben Chlomo, Yaakov ben Esther, Haïm ben Moché,, Esther bar Messaouda, Esther Siloula bat Aziza,Avraham ben donna,Yossef ben donna,h’aim ben donna,mazal bat donna, Zora bat donna, Esther bat kamouna, Its’hak ben chmouel,messodi bat reina, Yossef ben Chalom, haï denis fradji ben Gilda,Sophie levana bat Rahel, Shalom ben Ourida,Ourida bat messaouda,Khalfa ben Haim,Mihael ben Ourida,Hayha ben Elie-Simon,Gavriel ben Sultan,Chlomo ben Nissim,Rahel Ester bat Freha,Haïm ben Barka,Yehouda ben megdouda Odette,Fradji ben Chimon,Mazal ben Pin’has,Miriam bat aharon,Félix sadani ben Emma simha,Messaouda Bat belah,Esther Stéphanie bat yolée ghozala, Nissim ben leatitia ת.נ.צ.ב.ה

Réfoua Chéléma : Yael Giselle bat Rosina, Suzanne bat Sa’ouda, Rahel bat donna, Nissim ben Avraham, Corine yehoud it bat haya, Alexandra Simha bat Brigitte, harav yoshiaou Yossef ben zahrie, Benny Blau, Rami rahamim ben Lucie, David Ben Lucie, Myriam bat sol, dolly messodi bat robida, Gilles haï ben Aziza, Annette bat messodi, Hanna Bat hamsa,Rebbecca bat Martine miryam nousha,Sarah bat suzane cohen,Aharon ben Myriam,Yonathan Yossef Haim Ben Malka,Sharon Sarah Lea bat Aliza,matityahu Ben Brendel, Esther bat Blanche,Odette Megdouda bat Dida, Daniel Ben maina, Nina bat Jeanette, moshé David Ben Nina, Evelyne bat Mathilde, jean Jacques ben hava

Introduction du Rav Yéhia Benchétrit (transcription contextuelle)

La notion de « ‘Amal » qui décrit l’effort dans l’étude de la Torah, est liée à l’aspect de dogme (‘Hok) que contient la Torah. En effet, il est dit (Vaykra 26, 3) « Si dans Mes lois vous marcherez » [Im Bé’houkotaï Télékhou] et Rachi explique ce verset « Si vous vous fatiguez dans l’étude de la Torah ». L’action de marcher [Halikha] dans les lois de la Torah est aussi employée dans le terme Halakha (loi). Effectivement, chaque matin à la fin de la prière de Cha’harit nous disons « Les marches [Halikots] sont le vecteur par lequel l’Homme obtiendra le Monde Futur » . Ce verset devient compréhensible grâce aux sages de la maison d’étude [Beth Hamidrash] d’Eliahou Hanavi qui expliquent qu’il ne faut pas lire « Halikhot (marche)» mais « Halakhot (lois de la Torah) » les deux mots s’écrivant de la même manière en hébreu). La Halakha est donc en quelque sorte la trajectoire qu’un juif doit emprunter dans la vie. Cela implique que son étude doit avoir pour objectif la connaissance de la Halakha.

La meilleure façon d’étudier est en réalité de commencer par apprendre le verset de la Torah indiquant l’accomplissement d’une Mitsva, d’apprendre la Michna qui explique ce verset de façon très brève, puis de suivre le développement de la Guemara, du Rambam, du Rif, du Roch, du Tour, du Beth Yossef jusqu’à apprendre les Responsas et commentaires des Rabbanims contemporains. Nul doute qu’une telle étude soit imprégnée du désir d’accomplir : une étude emplie de Crainte Divine étant appelée « Haliba DéHilkhéta ».

Au-delà de l’étude, le fait d’enseigner donnera une connaissance supplémentaire au maître du fait de sa soumission à l’exigence des élèves. Cela s’appelle « Lilmod Al Ménat Lélamed » « Etudier dans le but d’enseigner ». La Guemara dit « Adam Lé’amal Youlad », « L’Homme est né pour le labeur », celui d’étudier la Torah. Le Maharcha précise que le mot « Youlad » (est né) constitue les initiales des mots « Lilmod Al Menat Lélamèd », « Etudier dans le but d’enseigner » Puis de tirer de son étude des conclusions pratiques.

La Michna dans Pirké Avot dit « Quatre choses nécessitent un renforcement (‘Hizouk) » et parmi ces choses est mentionnée l’étude de la Torah. Le Rav Yossef Dov Soloveitchik différencie deux Mitsvots liées à l’étude : « Yédi’at Hatorah » (la connaissance) et « Yégui’at Hatorah » (l’effort). C’est ainsi que, d’après le Messilat Yécharim, on peut mériter dans ce monde de profiter de la Lumière Divine du monde futur.

En effet, l’étude de la Torah est considérée comme un avant-goût du Olam Haba (Monde Futur). Étant d’origine divine il semble que si l’étudiant se rempli d’un sujet Halakhique par l’étude de la Guemara puis des Richonims puis des livres des Rabbanims contemporains. C’est précisément cette lumière divine qui l’aura rempli peu à peu . Il vivra alors l’expérience de la proximité divine tel que c’est le cas dans le Monde Futur.

Rav Taieb, Chalia’h du rabbi dans les villes de Vincennes St mandé, Roch Yeshiva de la Yeshiva Loubavitch de Vincennes, Dayan du Beth Din Tsedek

Dans l’étude de la Torah, il y a la question de la quantité et de la qualité (Talmud Horayot 14a). La quantité, c’est de connaître toute la Torah dans son ensemble selon ses capacités.

La qualité, c’est d’acquérir une compréhension la plus profonde possible selon ses capacités.

Ces deux composantes sont liées à l’effort comme dit la Michna « la récompense dépend de l’effort ». C’est pourquoi grand est le mérite de ces étudiants de la yeshiva Loubavitch qui ont crée ce feuillet englobant la qualité et la quantité, fait de manière construite et donnant à chacun d’entre nous l’envie de s’efforcer de s’attacher à la Torah comme les actions dynamiques qu’attendait le Rabbi. C’est pourquoi je vous bénis comme dit la Mishnah : « Celui qui œuvre pour la communauté, les fautes ne le poursuivent pas, il est protégé par le mérite du public.

Je souhaite à tous une réception de la Torah dans la joie la profondeur avec le Machia’h promptement.

L’étude de la Torah : lorsque l’intelligence et la compréhension sont au service de D…
(Section non commentée pour laisser le lecteur s’imprégner du texte et de sa traduction)

Dans le Talmud, Traité Kidoushin 30a: « Nos sages enseignent que l’originalité sémantique du mot ‘véchinantam’ (‘tu enseigneras à tes enfants’) nous apprend que les paroles de la Torah doivent êtres sues sur le bout de la langue ».

Rachi commente : « Révise les paroles de Torah et analyse les profondément afin de pouvoir répondre immédiatement à celui qui t’interrogerait ».

Les Baalei Tossaffot expliquent : «… si on te questionne sur un point légal ou sur un sujet d’étude, que ta connaissance soit tranchée dans ta bouche et que tu n’aies pas à bégayer …».

Dans le Talmud, Traité Kidoushin 30b il est écrit « dis à la sagesse tu es ma sœur » Rachi commente : « que tu connaisses la Torah de la même manière que tu n’as aucun doute sur l’interdit de te marier avec ta sœur » .

Dans Bra’hot 6b:
-Rabbi Zeira dit : la récompense reçue pour avoir assisté à un cours de Torah est due au fait d’avoir couru (Rachi: puisque la majorité ne comprend pas bien),
-Abayé dit : c’est d’y avoir été pressé par la foule,
-Rava dit : la récompense reçue pour avoir participé à une discussion hala’hique est due au fait d’avoir r a i s o n n é, ( e f f o r t d e compréhension)»

Dans le Michné Torah avoda zara chapitre 8,8: « Il convient pour chaque homme de méditer les lois de la Torah et d’en connaître les subtilités selon ses capacités »

Sefer Yireim chapitre 254: L’étude, ordonnée par D…, consiste à ce que le juif étudie la Torah et s’y efforce (s’y fatigue). Elle requiert de la compréhension et ne se résumera pas à une simple lecture. Il faut y adjoindre une fréquentation des sages pour s’affûter au raisonnement sans se contenter de sa propre approche du texte (Talmud Sota 22a).

Les différentes sources semblent soutenir l’idée d’une étude nécessitant la compréhension .

La Torah Orale : Un concentré de sagesse, élaboré par des Sages et à étudier sagement

Choulhan Arouh : Orah Haim 50,1: « Les sages ont institué l’étude quotidienne du passage ‘Ezeihou mekoman chel zevahim’ avant la tefila afin que tout homme puisse étudier chaque jour un passage de la Torah, de michna et de guemara ».

Le Magen Avraham précise : «Ce passage institué par les sages l’était à une époque où les gens comprenaient aisément l’araméen mais à notre époque ce texte nécessite un approfondissement pour être compris et donc pour être considéré comme une étude » tel est l’avis rapporté dans le Michna Broura .

Choulhan Arouh Harav hilhot talmud Torah 2,12 : «Il est impératif que l’étude soit prononcée avec la bouche et non pas seulement par la pensée, c’est pour cela que même un ignorant qui prononce des mots de Torah sans les comprendre se rend quitte de la mitsva d’étudier la Torah. On remarque effectivement qu’un ignorant récite la bénédiction sur l’étude de la Torah tous les matins et lorsqu’il monte à la Torah.».

Le corpus de la Torah se divise en deux parties :
-La Torah Écrite (concerne l’étude des textes bibliques, Torah, Prophètes et Hagiographes)
-La Torah Orale (corpus de textes d’analyse rabbinique de la Torah Ecrite, le Talmud en est l’œuvre principale)

Le choulhan arouh harav poursuit : « Celui qui ’Prononce sans ne rien comprendre’ accomplit la mitsva d’étudier (pour l’ignorant) seulement lorsqu’il s’agit de Torah Écrite. Cependant, en ce qui concerne la Torah Orale, la compréhension est impérative. Si malgré tous les efforts de compréhension pour acquérir la Torah Orale, l’étroitesse de son esprit limite son entendement, le Zohar déclare qu’il méritera de comprendre dans le monde futur ce qu’il n’a pas compris dans ce monde ci. Chaque homme a une mission adaptée à son potentiel. C’est pourquoi, au cas où il existerait une inadéquation entre ses capacités et ce qu’il concrétise, il devra revenir en réincarnation pour finir sa mission. Ceci est vrai pour les Mitsvot mais aussi pour la compréhension de la profondeur de la Torah pour laquelle nos prédispositions nous ont fixées un cap et il nous incombe d’utiliser notre potentiel au maximum »

Le Kad Hakemah dit : « Il existe une grande mitsva de Lire la Torah et cela même si on ne comprend pas.

Le Traité Avoda Zara 19a. analyse le verset des Psaumes (119.20) ’Mon âme est concassée par l’amour qui (la) pousse à chaque instant vers tes lois‘. Le mot ‘concassée’ (morceaux grossiers) préféré par la Torah au mot ‘moulu’ (très fins) indique que l’homme parvient à se satisfaire d’une compréhension grossière et que c’est par celle-ci que commence tout apprentissage. Il existe en réalité deux niveaux pour la mitsva, l a c o m p r é h e n s i o n g l o b a l e e t l a compréhension approfondie. »

Marit ayin – Le ‘Hida soulève une question :
« L’auteur du Binât Issahar rapporte les propos du Rav Aviv qui voyait dans ce texte du Traité Avoda Zara une réfutation de l’avis (cité plus haut) du Magen Avraham . Ce dernier, statuait que la lecture sans compréhension de Michna n’était pas considérée comme de l’étude. Or, nous voyons ici qu’une compréhension même rudimentaire a de la valeur. Pour répondre à cette apparente contradiction, le Rav Aviv (compris par le ‘Hida) contextualise les propos du Magen Avraham dans le cas où quelqu’un aurait la capacité de comprendre et se contenterait de lire. Cependant, le cas du Traité Avoda Zara, qui valorise même une lecture superficielle, parle d’une personne n’ayant pas la capacité de comprendre. Il conclut en disant qu’il semble qu’une personne ayant des capacités mais qui lirait en comprenant seulement le sens des mots (sans comprendre finement) serait tout de même quitte. »

L’impérieuse nécessité de la compréhension dans l’étude de la Torah ne concerne que la Torah Orale et non pas la Torah Ecrite . Aussi, seul l’homme en capacité de comprendre se voit imposer la compréhension comme critère pour accomplir ce commandement. Pour finir, il existe plusieurs niveaux de compréhension allant de la compréhension littérale des mots, à la compréhension des méandres de la loi. Une question émerge en filigrane quant à savoir si une personne intellectuellement limitée a le devoir d’étudier …

Spécificité de l’étude de la Torah : le réconfort c’est l’effort !

Il est écrit dans le traité Méguila 6b :
Rabbi Yits’hak dit : « Si quelqu’un vient et te dit : « J’ai cherché (à comprendre), je me suis efforcé pourtant je n’ai pas trouvé(compris) : tu ne le croiras pas ». Aussi, s’il te dit: « Je n’ai pas cherché, je ne me suis pas efforcé pourtant j’ai trouvé : tu ne le croiras pas non plus ». Par ailleurs, s’il te dit : « J’ai cherché, je me suis efforcé et j’ai trouvé : tu pourras le croire » ». Ces paroles se rapportent à l’étude de la Torah. En revanche en ce qui concerne le commerce, tout dépend de l’aide de D…. La guemara termine par nous expliquer que dans l’étude de la Torah, il faut tout de même l’aide de D… pour pouvoir comprendre notre étude convenablement. Rachi précise sur ces derniers mots, que la raison en est qu’il ne faille pas oublier D… dans notre étude, car tu pourras te fatiguer et pourtant ne pas trouver, mais sache et n’oublie pas qu’il s’agit tout de même de la Torah de D….

Il est écrit dans le traité Berah’ot 17a :
Rabbi Yonathan avait coutume à chaque fois qu’il terminait la lecture du livre de Job, de conclure en disant : « La fin de l’homme est de mourir, celle de l’animal d’être égorgé, Finalement, tout être créé est voué à la mort, mais heureux celui qui a grandi et a peiné dans la Tora, il a satisfait son créateur »

Il est écrit dans Sanhedrin 99b :
Rav Yts’hak fils de Abodemi demande d’où est-ce qu’on apprend que l’on doit réviser la Torah comme un chant qu’on se répète à soi-même. Il amène un verset de Michlei (Ch.16 verset 26) qui dit : « C’est pour lui-même que travaille le laborieux, car pressantes sont les exigences de sa bouche ». Cela signifie qu’en se fatiguant dans l’étude ici-bas, il mérite que ce soit la Torah qui se fatigue pour lui dans le monde futur pour que D… lui dévoile les secrets. Rabbi Eléazar se demandait la signification du verset de Job (Ch.5 verset 6) qui dit que «l’Homme naît de son labeur». De quel labeur parle ce verset? On parle de la fatigue dans la bouche (c’est-à-dire celle de l’étude).

Il est écrit dans le « Even Israël » :
Que ce soit dans les sciences ou dans le travail on peut définir le concept de cause/conséquence ou plutôt de moyen/ objectif. Par exemple, il est nécessaire d’apprendre une certaine connaissance (génie civil) pour réaliser un certain travail (construire un pont). En ce qui concerne la Torah, « le moyen » c’est l’effort, l’étude dévouée, détaillée, jusqu’aux profondeurs de la législation.

« L’objectif » c’est la connaissance de la Torah.
Si en apparence cela ressemble à toute autre science, il y a dans la Torah une idée toute singulière. Dans la vie, s’il était possible d’obtenir les effets (objectif) sans la cause (moyen) cela serait la situation parfaite. (Combien un étudiant en médecine serait prêt à payer pour une pilule qui lui ferait connaître toute la médecine d’un coup?) Mais dans la Torah l’essentiel c’est cet effort ! Et s’il a fourni tous les efforts mais finalement n’est pas arrivé à la compréhension (objectif) il est considéré comme ayant atteint le but.
D’ailleurs, la tendance à se comparer les uns aux autres est d’une part dangereuse car elle mène à la critique mais surtout elle est terriblement fausse. Effectivement, puisque c’est l’effort qui compte et qu’on a tendance à comparer les résultats… Or, une personne qui s ’ est e f forcée véritablement toute sa vie sans succès dans l’étude est plus méritante (vis à vis de l’effort) qu’une personne ayant de g r a n d e s c o n n a i s s a n c e s m a i s n e fournissant aucun effort. (Deux alpinistes qui cherchent à gravir l’Everest l’un arrive au sommet par hélicoptère et l’autre échoue à proximité du sommet après des semaines de luttes et d’efforts. Lequel est le plus méritant?)
Une des raisons évoquée de la création du monde est de faire pour D… : « une résidence pour Lui ici-bas », entre autres par l’étude de la Tora et l’accomplissement des Mitsvot. Le monde existe donc pour la Torah et c’est la raison pour laquelle on doit avoir continuellement des paroles de Tora a la bouche.

En peut retenir, que si l’effort est absolument nécessaire à la compréhension, l’aide d’Hachem est indispensable pour potentialiser les efforts. Aussi, l’étude de la Torah est particulière car l’effort n’est pas seulement un moyen, c’est un but en soit! Il sera salvateur de garder cette information en tête pour avancer malgré l’absence de résultat palpable, pour se juger avec honnêteté et acquérir l’humilité et enfin pour ne pas dénigrer le niveau de l’autre. En outre, l’homme subit le déterminisme de la mort mais il peut donner un sens éternel à sa vie par l’étude de la Torah.

Inégalité salariale : La suprématie de l’effort sur la connaissance

Menahot, chapitre 13, Michna 11 :
« Que ce soit celui qui en fait beaucoup comme celui qui en fait peu, l’essentiel est que l’homme soit intentionné pour D… »

Avot, chapitre 2, Michna 16:
« Ta récompense est proportionnelle à ton étude. Plus tu étudies plus tu reçois. »

Dere’h h’aim, sur cette michna:
Comment comprendre l ’apparente contradiction entre nos deux Michnayot? On peut apprendre de la formulation de cette michna qu’ici est prônée la fatigue dans l’étude et non la quantité. Un homme peut étudier beaucoup de Tora mais si pour lui ceci est facile, où se trouve son mérite? Effectivement, cela reste une étude de la Tora de D…. Mais ce n’est pas ce que D… nous demande. D… nous demande de nous fatiguer dans Son service ce par l’étude comme par nos mitsvot.

Traité Berah’ot 28b :
On compare ici l’effort fourni dans l’étude de la Tora avec celui fourni dans autre chose que l’étude (activité non constructive, non-liée à une mitsva). Selon la Guemara, on apprend qu’on reçoit un « salaire » pour notre étude seulement parce qu’on s’y est fatigué . A contrario, une fatigue dans autre chose que la Tora ou les mitsvot n’induirait pas de « salaire ». En effet, la personne qui étudie la Tora court pour rejoindre le monde futur. Tel n’est pas le cas d’une personne qui se jette à corps perdu dans autre chose que la Torah.

Hatam sofer, ‘Houlin, page 142a :
Comme rapporté précédemment, « si je fais des efforts, si je cherche profondément dans mon étude, je trouverai obligatoirement.» Le ‘Hatam sofer nous en donne son assurance. En effet, à priori on pourrait se dire que de faire un effort et ne pas trouver est une situation envisageable. Mais le ‘Hatam Sofer nous dit que quelqu’un qui fait des efforts réussira.

Hafets Haïm, parachat Behoukotai :
« Un artisan qui doit réparer un vêtement, quand bien même passerait-il jours et nuits à la tâche, il serait bien téméraire de demander un salaire si le vêtement n’était pas réparé. Dans ce cas, un effort sans concrétisation ne vaut rien. Le texte du traité Bra’hot mentionné ci-dessus dit : « nous (ceux qui étudions la Torah) nous fatiguons et ils (ceux qui n’étudient pas) se fatiguent, nous recevons un salaire et pas eux ». Cette phrase est en première lecture obscure parce qu’ils reçoivent probablement un salaire de leur métier. Il faudrait lire qu’ici on a comparé les deux types d’efforts. L’effort du travail n’est pas rémunéré, celui de l’étude de Torah l’est. »

Le Mi’htav mééliahou fait une remarque sur le texte du traité Pessahim 50a: «heureux (le défunt) celui qui est arrivé ici (au jugement ) avec son Talmud en main ». Le Talmud en main, pourquoi pas dans la tête? Une réponse est que la Torah n’est pas qu’une connaissance c’est une véritable acquisition qui se fait concrètement. Il est question ici de laisser une empreinte forte de la Torah sur l’étudiant . C’est cet effort qui permet au message d’imprégner l’homme au point de le changer.

En reconnaît tous la valeur de l’effort mais il apparaît que l’effort dans la Torah a une valeur toute particulière puisque en plus d’être un outil de construction personnel il est récompensé par Achem !

L’effort est la manifestation la plus pure de notre libre arbitre, c’est l’expression concrète de notre volonté, le seul chemin vers notre potentiel.

Le labeur a ses raisons que la raison ne connaît pas

Le ‘Hida (inspiré des écrits du Ari Zal) dit que : « L’étude du Zohar est plus élevée que toutes les autres études. En effet, elle reste une grande réparation pour l’âme en dépit de son incompréhension ou d’une erreur de lecture. Toute la Tora est composée des noms d’Hachem qui sont habillés dans les lois et les récits de cette dernière. Un Homme qui la lit et en comprend le sens va d’abord s’attacher au sens simple (et non au sens profond). Le Zohar,en revanche, ne propose au lecteurs que des secrets déjà dévoilés. Quelqu’un qui l’étudie saura qu’il contient de grands secrets et que son incompréhension est due la profondeur de l’enseignement du Zohar.

Aderet tiferet

(Pour rappel) Le Choulhan Arouh Harav (cité précédemment) dit que la compréhension est nécessaire à l’étude de la Torah Orale mais pas de la Torah Ecrite. À cela, il ajoutait que les ’inaptes’ ayant fourni des efforts bénéficieraient de la compréhension dans le monde futur.

Le Rama (Ch. 155 § 1) dit qu’une personne qui ne sait pas étudier doit au moins aller à la maison d’étude pour qu’elle puisse bénéficier du Sekhar Halikha. Il s’agit littéralement ‘du mérite du déplacement’ qui est une manifestation concrète de son investissement. (Il apporte pour cela une preuve du traité brahot 6b cité plus haut)

Le Choulhan Aroukh (Orakh ‘Haïm Ch. 47 § 3) tranche que celui qui veut écrire des paroles de Tora doit faire la bénédiction sur l’étude de la Tora (même s’il ne les prononce pas) dans le cas où il comprend ce qu’il écrit.

Mais, s’il écrit (ou recopie) sans comprendre, il n’est pas obligé d’avoir fait la bénédiction sur l’étude.(Pour être plus clair, il conviendrait d’ouvrir le passionnant sujet ‘Est ce que l’écriture est considérée comme une parole?’ )

La nature du texte qu’on pourrai écrire sans bénédiction fait l’objet d’un débat. On pourrait comprendre la permission relative à l’écriture d’un texte de Torah Orale car comme pour sa récitation verbale elle impose une compréhension.

Cependant, en ce qui concerne l’écriture ‘sans compréhension’ de la Torah Ecrite (qui aurait pu être interdite relativement au fait que sa récitation n’impose pas de compréhension), il semblerait toutefois que selon le Choulhan Arouh cela ne s’étende pas à l’écriture.(à approfondir)

Le Chné Louhot Habrit (communément appelé le Chlah Hakadosh) écrit (Traité Chvouot 55b): « Puisqu’il a été demandé à l’homme de se fatiguer dans l’étude de la Torah et que la simple lecture est une fatigue alors l’homme accomplit par cela une grande mitsva. Il semble ici que l’on parle d’une autre mitsva que celle de l’étude. »

L’auteur du Chou Erets Tsvi dit : Il y a deux concepts: la nature et la fonction. La Torah Ecrite est par nature une mitsva même si elle ne remplit sa fonction que par la compréhension. Cependant, pour la Torah Orale, la nature et la fonction sont la compréhension.

L’auteur du Kountrass Braïta Dérabi Chmouël (page 60) cherche à répondre à une question du Nezirout Chimchon. Le texte du

Zohar Kedochim page 139 dit cela : « une étude sans compréhension est tout de même une petite étude » or nous avons cité précédemment le Maguen Avraham qui dit que cela n’était pas du tout de l’étude. Il répond que la volonté profonde de comprendre d’une personne qui ne comprend pas est considérée comme de l’étude.

a compréhension est l’essence même de la Torah Orale mais il existe des textes dont la lecture ne l’impose pas. C’est le cas notamment de la Torah Ecrite et du Zohar dont la lecture seule est méritoire en eux-mêmes. Au chapitre relatif au Zohar, le Pelei Yoets évoque l’importance de cette lecture aux yeux de D… en disant qu’elle ressemble aux marmonnements d’un jeune enfant apprenant à parler en écorchant les mots et il ferait rire ses parents de tendresse . Il conclut en disant qu’il n’y a pas à chercher d’excuses, il faut s’efforcer dans ce qu’on peut faire.

Définissons l’effort pour commencer à étudier

Il est dit dans la Guemara, dans le traité Sanhédrin que l’Homme a été créé pour s’investir dans l’étude de la Tora. Aussi, dans le 2ème chapitre des Pirke Avot, il est écrit : « si tu as beaucoup étudié ne t’en fais pas éloge car c’est dans ce but que tu as été créé ». D’ailleurs, Rachi affirme que les termes « im be’houkotaï tele’hou » (si vous allez dans mes commandements) font référence à l’investissement dans l’étude de la Tora.

Le ‘Hatam sofer explique sur le passouk « im be’houkotaï tele’hou » que les ‘houquim(1) font référence à toutes les Mitsvot que l’on ne comprend pas. L’idée étant que le principal est de s’investir dans l’étude de la Tora même si on ne la comprend pas. Effectivement,si l’objectif de l’étude est la connaissance alors à quoi bon étudier si un homme n’a pas la capacité de l’acquérir? C’est donc qu’il y a dans l’étude une notion qui défie notre logique et c’est pour cela qu’elle est comparée à une loi dont on ignore le sens (comme la vacherie rousse ).

C’est dans cet esprit que, le Choulhan Arouh Arav (déjà cité plus haut), écrit au nom du Zohar qu’un Homme doit s’investir dans l’étude des textes de la Torah même dans des sujets qu’il ne comprend pas. La raison est que plus tard, dans le monde futur il comprendra enfin l’étude qu’il n’a pas comprise (malgré ses efforts)

Le Maharal écrit qu’il y a une différence entre toutes les Mitsvot et l’étude de la Tora. En effet, dans toutes les autres Mitsvot il faut dissocier deux parties :

    1. La Mitsva en soi

    2. L’investissement de la personne envers cette dernière.

En effet, la Michna (Avot Ch5;23) dit : « léfoum tsaraa Agra » (littéralement : selon l’effort la récompense). On peut alors déduire qu’il y a une récompense qui dépend de l’effort mais pas de la mitsva .

Aussi, la Michna (Avot Ch2;1) qui dit : « Sois attentionné aux commandements ‘simples’ comme tu l’es pour ceux ‘importants’ car tu ignores le montant du salaire de chaque commandement».

En dehors de la hiérarchie des Mitsvot selon leur difficulté il existe une hiérarchie inconnue de l’homme et propre à chaque Mitsva.

Dans la Mitsva de s’investir dans la Tora, l’investissement devient une partie intégrante de la Mitsva et non pas quelque chose de supplémentaire. L’investissement et la Mitsva sont une seule et même chose.

Sur la notion d’effort le talmud utilise 2 termes :la notion d’effort (Amal) et celle de fatigue (Yéguia).

  1. « L’homme est né pour s’efforcer dans la Torah »(Traité Sanhédrin).

  2. « Si quelqu’un te dit : Je me suis fatigué et j’ai trouvé ; crois le »(Traité Méguila)

des plaisirs de ce monde.

Le terme « Amal » fait référence à l’effort (intellectuel et verbal) dans la Torah alors que

« Yéguia » fait référence au fait de s’extirper

Le Maharal explique que la connaissance de la Torah est de nature divine. Pour la contenir en nous, il faut purifier le véhicule, conditionner son être. Cette idée se déduit du Traité Méguila qui dit : « Je me suis fatigué et j’ai trouvé ; crois le ». Il est frappant de remarquer la relation implacable entre fatigue et trouvaille. Il s’agit ici de sa part unique dans la Torah .

En effet, chacun a une part propre dans la Torah mais c’est l’inadéquation du véhicule (l’Homme) avec elle qui nous empêche de s’en saisir. C’est pourquoi, dès lors que cet effort (Yéguia) est fourni, l’homme trouve sa part dans la Torah. En effet, nous avons chacun la mission de contribuer personnellement à la Torah et cette mission constitue notre accès à l’accomplissement de notre existence. Cependant, les efforts nécessaires à faire émerger son être des contingences de la matière, impose une hygiène de vie et une grande discipline (voir Rambam Talmud Torah Ch3,13) .

Matin et soir, nous évoquons la sortie d’Égypte qui précéda le don de la Torah. Ce récit est tellement fondamental que la Torah nous ordonne d’en faire le sujet principal de discussion du soir de Pessah et de l’inculquer à nos enfants. Il convient de noter que le mot Égypte en hébreu (Mitsraim) vient du mot Metsarim signifiant «des limites ». Une allusion, peut-être, au fait que pour recevoir la Torah il faut sortir de nos limites, de notre zone de confort, de nos justifications.

Intelligence approfondie ou artificielle : L’Apprentissage profond de la Torah

Nous avons vu plus haut différents avis concernant la Mitsva de comprendre (ou pas) l’étude de la Torah. Nous allons à présent présenter différents avis concernant le fait même d’étudier et de quelle façon l’Homme doit approcher l’étude.

L’étude approfondie de la Torah (dite ”étude Béyioun”)

La Mitsva d’apprendre la Torah de façon approfondie :

Les Richonims parlent tous de l’importance d’étudier la Torah de façon approfondie et non pas de façon superficielle. Il est écrit « et tu e n s e i g n e ra s ( l a To ra h ) à t e s enfants » (Dévarim Ch. 6 verset 7). La Guemara explique ce verset dans le traité Kidouchine (Daf 30A) : « que les paroles de Torah soient aiguisées dans ta bouche » et Rachi précise : « et vérifie leur profondeur ». Le Rambam écrit à ce propos (Hilkhots Mé’ila Ch. 8 Loi 5) : « Il incombe à l’Homme de réfléchir aux lois de la Torah et de les connaître, chacun selon sa force ». Une autre Guemara (Erouvine Daf 55A) commente le verset « Elle (la Torah) n’est pas dans les cieux » en disant que si la Torah était réellement dans les cieux, il aurait fallu y monter pour la chercher. Le ‘Emek Chééla (Ch. 19) explique que la Guemara parle de connaissances intellectuelles qui seraient bien au- delà de notre propre intellect et que même si les paroles de la Torah étaient bien au-dessus de l’intellect humain (ce qui n’est pas le cas), il nous incomberait tout de même de nous fatiguer au maximum pour essayer de les comprendre.

. La compréhension comme l’essentiel de la connaissance :

Dans le livre Richone Létsion (du Or Ha’haïm haKadosh) il est dit : « L’Homme doit se fatiguer pour comprendre la profondeur de la Torah. Son but ne doit être uniquement de comprendre les textes, mais de parvenir à trancher lui-même la Halakha (grâce à son étude) sur des questions auxquelles les sages des générations précédentes ne se sont pas penchés [soit parce que ces Halakhots n’avaient pas lieu d’être (électricité, voiture etc.) soit parce qu’un tel cas ne s’est encore jamais présenté comme dans le cas d’un litige judiciaire etc.] La Guemara dans Berakhot (Daf 47B) rapporte qu’une fois, Rami bar ‘Hama n’a pas voulu faire le Zimoun avec un Homme qui connaissait le Sifri, le Sifra et la Mekhilta puisqu’il n’avait pas tellement fréquenté les Sages. Le Lévouch explique la raison d’un tel acte : « C’est parce l’essentiel de l’étude ne doit pas être uniquement la connaissance des textes de la Torah, l’étude doit inclure le fait de comprendre la raison de chaque Halakha car si l’Homme ne connait pas la raison des lois, ce n’est pas seulement qu’il manque de connaissances mais qu’il ne connait rien ». Le Gaon de Vilna a aussi dit dans son commentaire sur Michlé (Ch. 16 verset 8) qu’il vaut mieux connaitre peu de sujets mais en avoir une bonne connaissance plutôt que beaucoup de sujets mais en ayant une connaissance superficielle.

    1. Ne pas étudier « trop » en profondeur :

Dans le livre Yam Chel Chlomo (dans l’introduction au traité Houlin), le Maharchal explique qu’il ne faut tout de même pas que l’étude soit trop approfondie. En effet, il faut consacrer un temps important pour étudier de façon approfondie. Mais étudier de façon trop approfondie induira automatiquement un manque de connaissance dans d’autres sujets de la Torah.

C’est aussi dans ce sens que le Rav Aharon Kotler dit « il ne faut pas trop approfondir des sujets n’étant pas très importants (c’est- à-dire n’étant pas relatifs à la Halakha), et il ne convient pas de trop s’attarder même dans des sujets importants mais non nécessaires ni essentiels à la connaissance des Halakhots fondamentales. »

La Mitsva d’acquérir les techniques d’étude et de compréhension de la Torah :
Le but de l’étude est aussi d’arriver à pouvoir publier des ‘Hidouchims dans la Torah. Le Or Israël (Ch. 27) et le Divrei Yéochoua’ (Maamar 3 Ch. 2) expliquent qu’à force d’étudier en profondeur, l’esprit s’adapte à ce type d’étude et il devient peu à peu naturel de pouvoir étudier de façon approfondie [c’est-à- dire expliquer deux textes qui se contredisent de façon à dire que l’un parle d’un tel cas et le deuxième parle d’un autre cas par exemple] afin, d’arriver à déterminer soi-même comment trancher la Halakha. Il s’agit en réalité d' »apprendre à étudier » et non pas uniquement de comprendre des textes et de les assimiler. C’est ainsi qu’on accomplit pleinement la Mitsva d’étudier la Torah: en étudiant béYioun. Pour pour y arriver, il faut d’abord apprendre auprès de Rabbanims, avec des ‘Havroutots etc. [c’est de cette façon qu’on étudie dans les yéchivots et les Collelims]. Le Rav Arié Loeb Cohen dans son célèbre livre le Ktsot Ha’hochen (dans l’introduction) dit que savoir étudier est une condition sine qua none pour écrire des ‘Hidouchims. Il rapporte les propos du Zohar : « Mais celui qui constate qu’il comprend un texte comme les Richonims l’ont compris est un Homme de vérité et sa Torah est vérité ». [il convient de noter que le Zohar ne parle pas des Richonims dont on parle aujourd’hui (puisqu’ils n’existaient pas encore) mais sûrement des sages du Talmud. Cependant, ces paroles s’appliquent de nos jours envers les Richonims dont on parle aujourd’hui].

Réapprendre plusieurs fois son étude:
La Guemara (Souca 46B) amène le verset (Dévarim 30, 17) « si écouter vous écouterez la voix d’Hachem ton D. et que ce qui est droit à Ses yeux tu feras, que tu écouteras Ses commandements et que tu protègeras tous ses décrets, toute la malédiction que J’ai mis en Egypte Je ne la mettrai pas sur toi car Je suis Hachem ton guérisseur » et commente la répétition du mot « Chéma » (« écouter tu écouteras » au lieu de « si vous écoutez ») de la façon suivante (selon l’explication de Rachi) : « si un Homme n’écoute (ce qui signifie ici étudie) une étude qu’une seule fois, il n’en produira rien. Cependant, plus il la répète, plus il apprend de nouvelles choses de celle-ci. C’est en fait en réapprenant une même étude que l’Homme peut mériter de rédiger des ‘Hidouchims. »

La Mitsva de se fatiguer dans l’étude :
Le Yéréim (Mitsva positive 254) dit :  » Il est une Mitsva positive de se fatiguer au niveau intellectuel afin de connaître la Torah comme il est écrit : (Dévarim 5, 1) « Et vous les étudierez (les commandements) et vous les surveillerez afin de les accomplir ». Le Taz tranche comme Halakha (Ora’h ‘Haïm Ch. 545 alinéa 13) que la Mitsva d’étudier la Torah a lieu « à chaque instant afin de pouvoir rédiger des ‘Hidouchims chacun selon ses moyens ».

Hachem veut que les juifs se fatiguent dans l’étude
Dans le Torat Cohanims sur la Paracha le Béhoukotaï (Vaykra 26, il est dit  » « Si dans mes décrets vous irez etc. » Cela enseigne que D. prend plaisir à ce que les juifs aient du labeur dans l’étude. Cela ressort aussi des paroles du Raavad (dans son commentaire sur le Torat Cohanims) qui dit que le mot « si » du verset signifie »je vous prie » [étant donné qu’il y a plusieurs façons d’interpréter le mot « si » dans la Torah].

L’effort dans l’étude même dans des choses qu’on connait déjà :
Le Or Ha’haïm Hakadoche dit (début de Parachat Bé’houkotaï) que la Mitsva de persévérer dans l’étude persiste même à propos d’un texte qu’on a déjà étudié plusieurs fois. Cela paraît aussi être l’avis du Rambam dans le Michné Torah (Hilkhots Talmoud Torah Ch. 1 Loi 10) où il dit que l’Homme doit étudier jusqu’à son dernier jour. Cela implique donc que même lorsqu’il connait toute la Torah, celui-ci se doit de la réapprendre constamment.

Persister même si on n’arrive pas à étudier en profondeur :
Le ‘Hatam Sofer explique que l’Homme doit s’efforcer à étudier la Torah même s’il sait par avance qu’il n’arrivera jamais à connaitre son étude de façon exhaustive.

En effet, la Torah (Parachat Bé’houkotaï) nous enjoint « d’aller dans Mes décrets » qui signifie (selon le commentaire de Rachi) « que vous vous ayez du labeur dans l’étude de la Torah ». Le mot « décret » (en hébreu ‘Hok), a pour connotation une loi dont on ne peut pas saisir la portée. [selon un avis, il n’y a aucune raison aux décrets (dits ‘Houkims) si ce n’est que D. a décidé que cette chose soit permise/interdite]. C’est ainsi que l’injonction nous incombant d’étudier s’applique même pour ce qui restera pour nous des ‘Houkims, c’est-à-dire des lois dont on ne saisira jamais la portée. La Michna de Pirké Avot (Ch. 2 Michna 15) dit « et tu n’es pas libre de t’en détacher (des paroles de Torah) ».

Rabbénou Yona l’interprète de la façon suivante : « L’Homme pourrait se dire : « A quoi servira mon étude? Je ne suis pas un Sage, et je n’arriverai jamais à ce niveau. Quelle serait alors la raison pour laquelle je devrais étudier?  » La réponse est simple : même si nous ne sommes pas au niveau d’étudier comme il le faut, nous en avons la Mitsva de nous en efforcer au maximum autant que nous nous devons de mettre les Tefilines, de réciter le Birkat Hamazone, de ne pas voler, de respecter notre prochain etc.

el un sportif de haut niveau qui connaît son corps pour le sculpter à sa guise, il est nécessaire de connaître les rouages de l’esprit et les mécanismes de l’effort. Il faut se fixer des objectifs et élaborer des stratégies honnêtes pour affronter le seul et unique adversaire, nous mêmes. En effet, puisque chaque homme est unique toute comparaison est vaine. Enfin, on cherchera à gommer le biais du regard de l’autre qui nous invite à être des acteurs de notre propre existence en mimant des efforts inadaptés, des actions inadéquates.

C’est parce qu’il y a Un Boss qu’il faut bosser !

Dans le livre Tossefet Ma’assé Rav (lettre 58) est décrite la période entre Pessa’h et Chavouot chez le Gaon de Vilna z »l : Tout juste à la sortie de Pessa’h il s’asseyait et étudiait avec une très grande ferveur, disant que ces jours sont des jours de préparation au don de la Tora.

Nous pouvons déduire de son comportement pendant cette période qu’entre Pessa’h et Chavouot, la préparation adéquate est d’étudier avec grande ferveur tel qu’il l’a lui-même fait de son niveau suprême. Et bien qu’il soit difficile de saisir ce que le gaon aurait pu ajouter en ferveur par rapport à toute l’année (ses repas n’étaient composés que d’un kazait (27 grammes) de pain le matin et le soir, pain trempé dans de l’eau afin de le ramollir et de l’avaler sans mâcher pour que cela ne lui enlève pas de son temps, et pour pas qu’il n’en tire pas profit ; son sommeil représentait seulement deux heures sur les vingt-quatre de la journée, celle-ci partagées en quatre fois trente minutes pour ne pas sombrer dans le sommeil pour plus de soixante respirations.) Qu’aurait-il donc pu ajouter durant ces jours qu’il n’ait pas atteint jusque-là? Mais on peut cependant apprendre de là qu’il nous est réclamé de nous renforcer dans l’étude avec grande ferveur durant ces jours afin de nous préparer au don de la Torah.

La Guemara dans Sanhédrin (99 b) dit :
Rabbi Elazar dit : tout homme a été créé pour le labeur tel qu’il est écrit « l’homme naît pour le labeur ». Ce labeur néanmoins peut être tant vocal que physique, C’est pourquoi le verset précise « je lui ai soumis sa bouche ». Cela ne peut donc qu’être par le biais de la parole mais cette parole peut- être soit de la Torah soit des paroles futiles. C’est la raison pour laquelle le verset poursuit « alors ce livre de Torah ne se détachera pas de ta bouche ». Ainsi, il ressort du verset que ce labeur est celui de la Torah, tel que Rava a dit : les corps sont créés pour être mortifiés. Heureux est celui qui en fera usage pour la Torah.

Le Maharal (drouch al hatorah page 10) commente cette Guemara de la façon suivante :
Rabbi Elazar nous dit que l’ultime but de l’homme sur Terre est le service de Dieu ainsi que Rava l’avance également. Le verset « l’homme a été est né pour le labeur » signifie l’homme par son labeur est comme la terre qui n’est fertile que si on la travaille régulièrement. Ainsi, l’Homme a toujours besoin de mettre à exécution son potentiel. Mais quelle en est la finalité? Cela ne se sait que grâce au verset final qui conclut que le but de la fatigue de l’Homme sur Terre est la connaissance de la Torah.

Il semblerait qu’en l’Homme soient enfouis d’immenses forces spirituelles, plus puissantes encore que celles des anges tel que le dit le Ram’hal : « l’âme de l’Homme est plus élevée que celle des anges, le Créateur l’a créé de sorte à ce que l’Homme puisse réfléchir et atteindre un niveau de compréhension plus grand que celui des anges mais ces forces sont cachées et recouvertes par le corps. Elles ne se dévoilent que par la fatigue et en combattant les désirs matériels et l’attirance de l’Homme vers la matière créée par le Yetser Hara’ (mauvais penchant). Ainsi, l’Homme a été créé incomplet et son service a pour but de dévoiler ses forces cachées afin de se parfaire. Voici le sens du verset « l’homme a été créé pour le labeur » : afin de dévoiler son potentiel caché.

Nous allons expliquer l’idée selon laquelle l’Homme ne peut se parfaire que par l’étude de la Torah. Il est écrit (Vaykra 26, « Si vous marcherez dans mes lois » Rachi interprète ainsi :
« que vous ayez du labeur dans la Torah ». Nombreux s’étonnent et demandent comment Rachi comprend cela du verset. Une explication du Rav Shmouel Rozovski nous éclaire à ce sujet : Le terme “marcherez” dans mes lois signifie se lever, progresser et s’élever dans la Torah. Cela n’est possible que par l’étude avec assiduité.

Cela devient davantage compréhensible grâce à une explication du Ram’hal sur le verset « je mettrai des ”marcheurs” parmi les ”immobiles” ». Celui-ci explique la différence entre l’Homme et l’ange.

Les anges réclament que la Torah leur soit donnée. Néanmoins, Dieu n’a donné la Torah qu’au peuple juif et cela car seule l’étude peut réparer les fautes. Mais les anges ne nécessitent aucune réparation car ils ne possèdent pas de libre arbitre mais sont soumis à Hachem. C’est la raison pour laquelle le verset dit « je placerai des marcheurs parmi les immobiles ». Les anges sont appelés immobiles car ils restent toujours au même niveau tandis que l’homme, étant doté du libre arbitre peut se parfaire par l’étude. C’est ainsi que la Torah a été donnée aux juifs dans le but qu’ils l’utilisent et se raffinent grâce à elle.

Nous comprenons donc qu’avancer dans les lois de Dieu signifie s’élever de niveaux en niveaux dans la spiritualité. Cela n’est possible qu’à travers l’étude de la Torah comme le dit Rachi, et c’est la seule manière de nous élever de notre bassesse vers le divin.

On peut également retrouver la même idée dans la Guemara de Pessa’him (Daf 68B) : Rav Yossef demandait à sa famille le jour de Chavouot de lui préparer une génisse étant la troisième née de sa mère (plat délicats des grandes occasions) en disant que si ce n’était pas par ce jour de Chavouot, il aurait été « comme tous les Yossef du marché ».

Rachi interprète : « Si ce n’était ce jour où j’ai étudié la Torah et je me suis élevé j’aurais été comparé aux nombreuses personnes appelées Yossef (des personnes simples et non d’éminents érudits) qui vagabondent dans le marché. »

Il ressort de là que Rav Yossef s’est élevé grâce à la Torah qu’il a étudiée et non pas uniquement par la pratique des Mitsvot.

Le Maharal explique en détail la Avodat Hachem que l’Homme doit effectuer pendant la Sefirat Ha’Omer :

Le fait que l’Homme a été créé pour le labeur est la raison pour laquelle nous avons eu la Mitsva de compter les 49 jours depuis le deuxième jour de Pessa’h jusqu’à Chavouot. En effet, lorsque nous sommes sortis d’Égypte, nous avons été libérés de l’esclavage ainsi que de toute soumission à un être autre que le divin. Cependant, les juifs ne devaient pas se glorifier de leur succès et penser que le fait d’être libre les dispense de toute obligation. Bien au contraire, l’Homme ne peut être libre sans accomplir la volonté d’Hachem. Le Maharal nous dévoile ici une base très importante dans le service de Dieu. La majorité des hommes recherchent la liberté de tout labeur et de tout joug les embarrassant afin de vivre dans une démocratie et un délaissement total des valeurs. Le peuple juif aurait pu en faire de même à la sortie d’Égypte et c’est la raison pour laquelle la Torah a ordonné juste au lendemain de la sortie d’Égypte de compter le Omer : afin de se préparer à recevoir la Torah car c’est bien cela la vraie liberté. C’est aussi le message du Talmud nous enseignant qu’il n’y a d’homme libre que celui qui se fatigue dans la Torah. L’Homme qui se contrôle et ne se soumet pas à la volonté du mauvais penchant est un véritable Homme libre. L’homme qui lit le schéma deux fois par jour avec l’intention adéquate en recevant sur lui le joug divin est le véritable Homme libre, cela va à l’encontre des idéologies de la population mondaine n’ayant aucune idée de la vraie joie ni aucune réelle satisfaction sur Terre.

Néanmoins, nous apprenons ici un point très important. L’effort ne suffit pas et il faut l’accompagner de la soumission à Dieu car si l’Homme se fatigue seulement parce qu’il en a envie, il n’atteint pas encore le niveau de l’homme libre que révèle en lui la fatigue de la Torah. En effet, ce qu’il fait, il le fait pour lui-même. Nous voyons des personnes prêtes à étudier de toutes leurs forces, mais dès lors qu’on les y force, ils perdent toute envie et le font sans désir. C’est ce que le Maharal nous dévoile ici : le labeur doit être résultat d’une soumission à Dieu et non pas à son propre désir car cela conduirait à ce que l’Homme n’étudie que lorsque cela lui plaît. C’est cela notre préparation durant les jours du Omer : apprendre à se soumettre à Dieu afin de sortir de l’esclavage d’Égypte vers la liberté de la Torah et de ceux qui s’y adonnent.

Nous pouvons donc comprendre la conduite de la personne qui juste à la fin de Pessah s’asseyait pour apprendre avec grande ferveur car ces jours sont les jours de la préparation au don de la Torah l’étude avec ferveur. Cela implique de se détacher de toutes nos tendances et volontés matérielles. Ainsi que nos sages ont enseigné dans les Pirké Avot (Ch. 6 Michna : « Tel est le chemin de la Torah : tu mangeras du pain dans le sel et de l’eau de la flasque tu boiras et tu dormiras sur le sol et tu vivras avec souffrance mais tu te fatigueras dans l’étude de la Torah. Si tu fais ainsi, heureux sois-tu et le bien tu auras ». Ces jours sont des jours de préparation pour la réception du joug divin afin de devenir totalement libre.

Par cette préparation, les juifs deviennent aptes à recevoir la Torah. En effet, le principe fondamental du don de la Torah était que les juifs reçoivent le joug de la Torah. C’est ainsi qu’on enseigne dans le Talmud Yérouchalmi (Roch Hachana Ch. 4 Loi 8) : « Rabbi Mecharchia a dit au nom de Rav Idi : « Dans tous les Korbanots, la Torah mentionne le mot ‘Heth (faute), sauf dans celui de Chavouot étant donné que vous avez reçu le joug de la Torah, je fais comme si vous n’aviez pas fauté car la Torah pardonne vos fautes ». Le Pné Moché commente les paroles du Yérouchalmi de la façon suivante : « Du fait que les juifs effectuent le plus d’efforts possibles pour étudier la Torah, alors cela est considéré pour Hachem comme s’ils n’avaient pas fauté.

On raconte qu’un jour un homme est rentré dans le bureau de Rav Ovadia Yossef afin de lui demander quel était le secret de sa mémoire exceptionnelle (en effet, il connaissait des milliers de livres quasiment par coeur). Le Rav lui demanda de prendre un traité de Guemara au hasard dans sa bibliothèque, de l’ouvrir à la page qu’il voulait et de

choisir un commentaire des Tossefot sur cette page. Lorsque l’homme lui dit quel Tossefot du traité il avait choisi, le Rav l’a répété par cœur mot à mot. Le Rav ne manqua pas de lui révéler son secret: il avait appris ce Tossefot 250 fois.

L’étude amène à l’action grâce aux bénédictions de la Torah

Nous continuerons ici de commenter le verset « Si vous vous marcherez selon Mes décrets » désignant la fatigue et le labeur dans l’étude de la Torah. On pourrait se demander comment les sages comprennent que ce verset parle de l’étude.

Il semble à première vue qu’ils aient appris cela du verbe « marcherez ». En effet, dans aucun autre endroit ce verbe est utilisé en rapport avec l’étude ; on trouve plutôt les verbes «étudier», «répéter», « parler »…

Cependant en ce qui concerne le labeur dans l’étude de la Torah, ce verbe est utilisé, comme enseigné dans le traité Nedarim (Daf 81A):
« Rabbi Yehouda dit au nom de Rav : Quel est le sens du verset (Jérémie 9:11) :
« Quel est l’homme assez sage pour le comprendre? Et à qui la bouche de l’Eternel l’a-t-elle révélé, pour qu’il le communique? Pourquoi ce pays est-il ruiné, dévasté comme le désert où personne ne passe? ». Cette question a été posée aux sages et aux prophètes mais ils n’ont pas su l’expliquer jusqu’à ce que le Saint bénit soit-Il Lui-même l’explique, ainsi qu’il est écrit (ibid. 9:11) : « L’Eternel l’a dit : C’est parce qu’ils ont abandonné la loi que Je leur avais proposée, parce qu’ils n’ont pas écouté Mes ordres et ne les ont pas suivis (le verbe « suivi » ici est exprimé en hébreu par le verbe « marcher »), ». La Guemara d’objecte que les expressions : « Ils n’ont pas écouté Mes ordres » et « ne les ont pas suivis » désignent pourtant la même chose ! Rabbi Yehouda au nom de Rav explique que « ne les ont pas suivi » signifie qu’ils ne prononçaient pas la bénédiction sur la Torah au début de l’étude.

Le Taz (Ora’h Haïm Ch. 47) explique : la Torah ne se maintient que chez celui qui fait de très grands efforts pour elle. Il désigne comme de très grands efforts l’étude active, impliquant une participation à des discussions et des argumentations, ce qui implique une fatigue dans l’étude. Et c’est ce que vient expliquer Rav en disant qu’ils ne récitaient pas la bénédiction avant d’étudier la Torah : ceci nous est enseigné par le mot « marcherez » : En récitant les bénédictions, l’étude n’est plus simplement considérée comme une science, un plaisir intellectuel, mais plutôt accepter d’apprendre parce qu’Hachem nous le demande et de la façon dont il nous le demande, c’est-à-dire en réalisant des efforts.

Nous trouvons en fait le terme « marcher » dans la pratique des Mitsvot comme il est dit : « C’est à mes statuts que vous devez obéir, ce sont mes lois que vous respecterez dans votre conduite (provenant du verbe marcher en hébreu) : c’est moi, l’Éternel, qui suis votre Dieu » (Chémot 18, 4), « Notifie-leur également les lois et les doctrines, instruis-les de la voie qu’ils ont à suivre (provenant aussi du verbe marcher en hébreu) et de la conduite qu’ils doivent tenir. » (Vayikra 18, 20), « C’est l’Éternel, votre Dieu, qu’il faut suivre (provenant encore du verbe marcher en hébreu), c’est lui que vous devez craindre ; vous n’observerez que ses préceptes, n’obéirez qu’à sa voix ; à lui votre culte, à lui votre attachement!» (Devarim 13, 5). Il faut aussi noter que nos Sages ont sûrement appris cet enseignement de « Selon mes lois » car « loi » (littéralement ‘Hok) désigne généralement une loi qui dépasse l’entendement humain. L’étude de la Torah constitue pourtant une Mitsva intellectuelle… Il semble en fait qu’il y ait deux facettes dans la Mitsva d’étudier la Torah : l’étude qui permet de parvenir à des conclusions pratiques, et l’étude ayant pour sujet des idées profondes et élevées.

Cette idée de l’étude élevée se retrouve d a n s l e Ta l m u d Yérouchalmi ‘Haguiga (chapitre 1 Hala’ha 7) : on y apprend, en effet, que D.ieu fut prêt à pardonner l’idolâtrie, les relations illicites et le meurtre, mais pas le manque d ’ é t u d e d e l a To r a h . D ’ o ù l’apprenons-nous? Il n’est pas écrit dans la Bible : « C’est parce qu’ils ont eu recours à des pratiques idolâtres, des relations illicites et des meurtres » mais plutôt : « L’Eternel l’a dit : C’est parce qu’ils ont abandonné la loi (Torah) que Je leur avais proposée… ». Rabbi ‘Hiya bar Abba dit : « S’ils M’avaient abandonné, Je leur aurais pardonné, car peut être auraient-ils respecté la Torah, dont la lumière les aurait rapprochés de Moi. » Dans la version du Midrash Eikha Rabba on lit plutôt : « [… ] car peut-être auraient-ils respecté la Torah et c’est en s’occupant (à étudier) sa lumière, qu’ils seraient revenus à leur véritable niveau. »

Car malgré toutes les prophéties et réprimandes des prophètes, ils ne réussirent pas à les ramener sur le droit chemin. Cela aurait été possible s’ils avaient fait la bénédiction sur la Torah avant de l’étudier, c’est-à-dire s’ils avaient mené une étude approfondie nécessitant efforts et détermination, au-delà du fait d’étudier pour la connaissance, une étude désintéressée : une étude en l’honneur d’Hachem

De ces propos il ressort que l’étude elle-même a la qualité de rapprocher les juifs du droit chemin. Cependant, ceux qui l’étudient sans avoir conscience que la Torah est une science divine (par la récitation des bénédictions de la Torah) n’en tireront pas ses bienfaits.

La Torah protège les juifs au niveau matériel et spirituel

Nous sommes sur le point de recevoir la Torah et chacun doit espérer la recevoir avec joie. Cependant, si nous ne l’étudions pas, quel est l’intérêt de l’avoir reçu? Quel est l’utilité d’un cadeau qu’on n’utilisera jamais? Mais avant d’entamer une nouvelle période d’étude, nous devons prendre certaines précautions. En effet, l’étude nécessite des effort (comme nous l’avons mentionné plus haut), et sans efforts, la Torah l’étude pourrait se transformer en poison. C’est ce que dit la Guemara dans le traité Chabbath (Daf 88B)  » Rav Papa a dit : Quel est le sens du verset (Michlé 8, 6) « Ecoutez, car j’ai de grandes choses à dire, Et mes lèvres s’ouvrent pour enseigner ce qui est droit ». Cela va dans le sens de ce que dit Rava : « Pour ceux qui vont à la droite de la Torah c’est un élixir de vie mais pour ceux qui vont à sa gauche c’est un poison. » Rachi explique : ceux qui vont à sa droite, « ce sont ceux qui se fatiguent de toutes leurs forces et se préoccupent de connaitre ses secrets » et ceux qui vont à sa gauche « ce sont ceux qui ne se préoccupent pas tellement de l’étude ». La Guemara dans Berakhot (Daf 63B) dit « d’où sait-on que les paroles de Torah ne peuvent être connues que de celui qui (Littéralement) se tue pour elles? Le verset nous dit (Bamidbar 17, 14) « Ainsi est la Torah (loi) de l’Homme qui meurt dans une tente » [la Torah parle là-bas des lois relatives à la pureté Et à l’impureté du mort]. Ce verset peut aussi se lire « Ainsi la Torah : un Homme qui meurt dans une tente » [signifiant l’investissement le plus total dans l’étude de la Torah jusqu’à la mort].

La première guerre à laquelle les juifs ont dû faire face en tant que peuple a été la guerre contre ‘Amalek. La Torah explique la raison de cette guerre :
« ‘Amalek est venu de Réfidim etc. ». Les sages dans la Mekhilta ont expliqué le mot « Réfidim » (qui selon le sens simple est un lieu géographique) comme une raison à cette guerre : « en ne lisant pas « Réfidims » mais « Chérafou Yadam min HaTorah » (qu’ils ont négligé l’étude de la Torah) ». La raison que la Torah donne n’est pas que les juifs n’ont pas étudié (car ils étudiaient) mais qu’ils ont négligé l’étude. On voit ici la raison essentielle de cette guerre terrible qui est la négligence de l’étude, en d’autres mots : un manque d’investissement. Cela nous concerne d’autant plus du fait que la Torah nous ordonne de nous souvenir chaque jour de ce que nous a fait ‘Amalek comme le dit le verset (Devarim 25, 17) « Souviens-toi de ce que t’a fait ‘Amalek en chemin lorsque vous sortiez d’Egypte » (il nous a en effet combattu alors que nous venions à peine de recevoir la Torah).

La Torah affirme à juste mesure que l’effort dans l’étude protège au niveau matériel et spirituel. En effet, la Guemara dans le traité Sanhédrine (Daf 94B) rapporte ce que ‘Hizkiahou, (roi du royaume de Yéhouda) a fait lorsque l’armée de San’hériv est arrivée pour détruire les juifs. « Il a planté un glaive sur la porte du Beth Hamidrash et a dit que tout celui qui n’est pas ‘Ossek baTorah (n’investit pas toutes ses forces dans l’étude) sera transpercé par ce glaive ». Son comportement est dû au fait qu’il connaissait le danger qu’encouraient les juifs et a donc exigé de chacun en tant qu’effort de guerre s’efforce d’étudier au maximum. La Guemara dit qu’à son époque « on a cherché mais on n’a pas trouvé d’ignorant ni même un jeune enfant ne connaissant pas parfaitement les lois relatives à la pureté (qui font parties des lois les plus complexes). Les mesures de ‘Hizkiahou ont porté leurs fruits et les juifs n’ont pas eu besoin de combattre San’hériv.

Une autre Guemara dans le traité Méguila (Daf 3A) raconte qu’un soir lors de la conquête de la terre d’Israël, un ange portant une épée est venu voir Yéhochoua et lui a dit « Vous avez déjà raté le sacrifice journalier de l’après-midi (étant donné qu’ils étaient occupés dans une bataille) et maintenant (le soir) vous n’étudiez pas la Torah ! (Les batailles n’avaient pas lieu la nuit étant donné qu’il fait noir…). Alors, Yéhochoua lui a demandé la raison de sa venue : pour les sacrifices ou l’étude? L’ange lui a alors répondu « je suis venu maintenant ». Cette réponse signifie que la journée, ils ne pouvaient pas techniquement accomplir la Mitsva d’apporter les sacrifices journaliers. Cependant, maintenant qu’ils ne sont plus en combat, ils ont la Mitsva d’étudier. Un message à apprendre de cette histoire est que la victoire militaire dépendait de leur étude de Torah. A ce moment, Yéhochoua s’est repris et a commencé à étudier.

En titre de conclusion finale, nous voyons une perspective différente de l’étude de la Torah. En effet, celle-ci qui rapprochait les juifs de leur créateur, leur apportant la plénitude etc. a aussi la qualité de les protéger au niveau matériel et spirituel. Ainsi, avec ces bénédictions, nous aurons le mérite très prochainement de nous adonner à l’étude de la Torah de manière intense et permanente.

Un regard ‘Hassidique

Le Rabbi de Loubavitch – Entrevue destinée aux étudiants de la Yéchiva, à l’issue des fêtes de Tichri 5752 (1992).
Le Rabbi rapporta la parole de nos Sages selon laquelle le mot « Béréchit » peut se lire « Beth Réchit », c’est-à-dire : deux commencements, que sont la Torah et le Peuple Juif. Le Rabbi expliqua alors que chaque enfant qui étudie l’Aleph Beth, au même titre que chaque personne qui étudie, doit savoir que la Torah, qui est une Torah de vérité, lui promet qu’il recevra de D.ieu Lui-même, tout ce dont il a besoin matériellement et spirituellement. Il précisa également que cette étude doit concerner toutes les parties de la Torah, qu’il s’agisse de la partie « terrestre » comme de la partie « céleste ». En effet, les sujets concernant les lois que D.ieu établies sur Terre, pour les Hommes, comme par exemple les lois sur les dommages, constituent la partie « terrestre » de la Torah, tandis que les sujets ayant trait à la manière dont D.ieu créa l’enchainement des mondes, et le maintient à chaque instant en constituent sa partie « céleste ».

Idées d’une Si’ha du Chabat Parachat Bamidbar, veille de Chavouot 5751 (1991) :
Le Rabbi évoqua, à cette occasion, l’importance qui incombe à chacun, en cette période du don de la Torah, d’écrire des ‘Hidouchim concernant la Torah, son interprétation, ses commentaires etc… A priori on pourrait penser que ce qu’on serait capable d’écrire ne serait pas forcément en adéquation avec la Torah. Cependant, le Rabbi encouragea vigoureusement les étudiants des Yéchivot à agir de la sorte, en étant encadrés par leurs Rabbanim, et à ne pas sous-estimer les capacités de chaque Ba’hour dans la rédaction de ces ‘Hidouchim. Il insista même pour que ceux qui en sont capables publient un livre composé de leurs ‘Hidouchim afin de stimuler d’autres personnes dans l’étude de la Torah, et les pousser à écrire leurs propres ‘Hidouchim.