Le rabbin Lord Jonathan Sacks, ancien grand rabbin de Grande-Bretagne, est décédé samedi, selon un tweet publié sur son compte samedi soir.

 

Jonathan Henry Sacks (de son nom hébraïque Jacob Zvi) est un rabbin, professeur et lord britannique, né le 8 mars 1948 à Lambeth en Londres et mort le 7 novembre 2020.

Il a servi en tant que grand rabbin des Communautés hébraïques unifiées du Royaume-Uni de 1991 à 2013. En 2005, il reçoit le titre de chevalier, et en juillet 2009 il est attaché à vie à la Chambre des lords avec le titre de baron Sacks d’Oldgeight.

Il est actif dans le dialogue inter-religieux et parle beaucoup de l’importance de la foi juive dans le monde moderne, un thème sur lequel il publie de nombreux livres. Depuis sa retraite en tant que grand rabbin, il est professeur au King’s College de Londres, à l’université de New York et à l’université Yeshiva.

Le rabbin Sacks a reçu son diplôme de rabbin à la yechiva Ets-Haim et au Collège juif de Londres, où il fut l’élève du rabbin Nahoum Rabinovich. De même, il est diplômé de l’université de Cambridge et possède un doctorat de l’université de Londres.

Parmi les personnages du monde juif religieux qu’il indique comme personnes ayant influencé sa personnalité, il nomme le Rambam, duquel il a appris l’importance de la combinaison entre la Torah et la science, le rabbin Joseph B. Soloveitchik, duquel il a appris a ne redouter aucune pensée extérieur a la culture juive, et le Rabbi de Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, qu’il perçoit comme un leader qui formait des leaders.

Le rabbin Sacks a remplacé le rabbin lord Jakobovits en 1991. Dans ce rôle, il met un accent fort sur l’éducation juive. Il fut conseiller de John Major, Tony Blair et Gordon Brown. Le rabbin Sacks entretient de bonnes relations avec la famille royale britannique, en particulier avec le Prince Charles.

Le rabbin Sacks a œuvré pour la préservation de la ligne orthodoxe du grand rabbinat britannique, et a essuyé à ce sujet plusieurs critiques.

En 2012 , il a annoncé la fin de sa carrière en tant que grand rabbin. C’est le rabbin Ephraïm Mirvis qui sera élu pour le remplacer dans ce rôle.

Il est docteur honoris causa de plusieurs universités de par le monde, telles que l’université de Cambridge, l’université de Glasgow, l’université de Haïfa, l’université Bar-Ilan, l’université du Middlesex, l’université de Liverpool, l’université Saint-André, ainsi que l’université Yeshiva.

Le rabbin Sacks rencontre souvent des hommes de religion et des politiciens dans le monde et s’efforce de créer un dialogue entre les religions et entre les dirigeants du monde. Le rabbin Sacks se voit comme un philosophe engagé dans la vie active et vise à porter à l’attention des dirigeants du monde l’approche du judaïsme, tel qu’il la voit, sur des questions de philosophiques majeurs, ainsi que sur des questions morales d’actualité.

En 2016 , il reçoit le prix Templeton, d’un montant d’un million et demi de dollars, pour sa contribution exceptionnelle à la spiritualité dans le monde2.

Le rabbin Sacks est décédé le 7 novembre 2020, 20 Hechevan 5781 à l’âge de 72 ans.

Idéologie

Le rabbin Sacks est considéré comme un penseur libéral qui favorise l’ouverture culturelle. Il critique l’approche ultra-orthodoxe qui se sépare du monde extérieur et de la culture générale.

Parmi les principes fondamentaux de sa pensée, il présente le judaïsme comme « une voix d’espoir dans le dialogue humain, au contraire de la tragédie dans la tradition grecque ». Il perçoit la religion comme un appel radical a l’Homme à prendre des responsabilités sur son entourage et a ne pas se soumettre a des critères arbitraires et déterministes.

Un de ses autres enseignements est « le respect de la différence » : le judaïsme est la seule religion monothéiste qui ne revendique le monopole sur la relation avec Dieu. Selon ce principe le judaïsme est une religion favorable au dialogue avec les autres confessions. Dans son livre La Dignité de la différence4, il parle de chasser de la pensée occidentale le Démon platonique, selon lequel il existe une vérité universelle et que tous les êtres humains sont les mêmes. Selon lui, c’est ce qui se trouve à la base des guerres de religion, et aussi ce qui pourrait amener la mondialisation à vouloir se débarrasser de cultures et traditions locales uniques.

Le troisième principe du rabbin Sacks est l’importance de la vie spirituelle. Selon lui, contrairement à la perception de Nietzsche au sujet du pouvoir, le judaïsme traite de la puissance de l’idée. La nation juive a été la première dans l’histoire a établir l’éducation depuis l’enfance, 1800 ans avant que l’idée ne se propage Angleterre.

Le rabbin Sacks explique aussi que le judaïsme est la seule civilisation dont l’âge d’or se trouve dans le futur et non dans le passé.

Amos Oz décrit le rabbin Sacks comme, « l’un des hommes de premier plan dans le monde juif actuel, pas seulement grâce a ses livres merveilleux, non plus en raison de son travail en tant que leader de nombreuses personnes en Angleterre, y compris des non-Juifs, mais d’abord et avant tout parce qu’il est l’une des seules personnes qui nous offrent un dialogue difficile. »

 

Le Rav Yonathan Sacks avec le Rav Even Israel Steinsaltz et le Rav Mendel Azimov, directeur du Beth Loubavitch