(père de Ménaché et  Lévi Schoukroun יבלחט« א)

 

yossef_lucien_choukroun

 

Né en 1939 à ain temouchen (algerie) , Yossef Schoukroun fut un de ceux qui prirent part à ce grand mouvement de Techouva, à cet élan de retour à D.ieu, qui allait modifier profondément le visage de la communauté juive, notamment à Paris. Ayant découvert le mouvement Loubavitch, il eut le mérite d’aller chez le Rabbi en 1970 et d’être reçu en audience privée. C’est ainsi que, venu avec des questions fortes, il obtint des réponses qui l’accompagnèrent toute sa vie et que le Rabbi lui demanda de diffuser autour de lui.

Yossef Schoukroun nous a quittés le 7 teveth 5771 (13/12/2010). Sa vie fut bien remplie. S’il fallait dire ce qui en exprima la grandeur particulière, peut-être faudrait-il souligner son humilité constante et son souci intensément présent de pratiquer les Mitsvot avec à la fois la plus grande attention et de la meilleure manière possible. Ce qui suit est le compte-rendu, largement rédigé par lui-même, de sa rencontre avec le Rabbi : une partie de l’héritage qu’il nous laisse.

 

Compte-rendu de la rencontre avec le Rabbi

Les questions

Dans ces années-là, la coutume était, lorsqu’on entrait dans le bureau du Rabbi pour une audience privée, de préparer une lettre où l’on posait les questions souhaitées. Celui qui venait pour la première fois commençait par se présenter, toujours par écrit. Cette partie de la lettre n’est rapportée ici que dans ses grandes lignes pour permettre au lecteur de comprendre le chemin parcouru et l’urgence des questions posées.

Yossef Schoukroun commence sa lettre en se présentant puis apporte des précisions qui lui semblent utiles : « Je me suis inscrit dans une faculté en auditeur libre. En cours, le professeur a entrepris de prouver la non-existence de D.ieu par le fait que tout est lié ensemble : les membres du corps entre eux, le corps à la terre, la terre au cosmos. Cette démonstration m’a fait pour la première fois penser à l’existence de D.ieu.

Puis je suis entré au fameux « Cours Simon », ce cours de théâtre où il était demandé à l’étudiant de lire au préalable Spinoza, Pascal, Freud etc., d’étudier l’astrologie et les religions.

Je me suis aperçu alors que tous les grands auteurs faisaient référence au judaïsme et que toutes les grandes religions avaient aussi leur source dans le judaïsme.

Après avoir parcouru tout cela, j’ai eu envie de connaître ce que dit le judaïsme. J’ai rencontré divers professeurs et rabbins connus de la communauté qui m’ont fait découvrir le judaïsme et j’ai abouti à la Yéchiva de Brunoy où j’ai rencontré Rav Azimov. »

Après toutes ces expériences, Yossef Schoukroun s’interroge. Il souligne qu’il ne sait pas encore où se diriger mais qu’il souhaiterait obtenir une réponse à certaines questions qui le préoccupent :

« 1. Lorsque j’entre dans une maison Loubavitch, je constate que la photo du Rabbi (parfois en grand format) s’y trouve. Cela fait-il partie de la pratique Loubavitch ?

2. Dans chaque communauté, j’observe qu’il y a quelques Mitsvot très importantes qu’il ne faut pas transgresser et d’autres moins importantes. Mais ce qui est important dans l’une l’est moins dans l’autre et inversement. Lesquelles sont-elles très importantes et lesquelles moins ?

3. Entre les diverses communautés, je vois que certains critiquent farouchement la façon d’être et de pratiquer le judaïsme de l’autre. Cela me dérange énormément. Comment faut-il réagir ?

4. Est-il normal que les Loubavitch aiment le Rabbi d’une façon qui me paraît exagérée ? »

Les réponses

1. Si une grande photo vous dérange vous pouvez prendre une petite. Et si même une petite vous dérange, vous n’êtes pas obligé d’en mettre.

2. On ne doit pas essayer de trouver quelles sont les Mitsvot les plus importantes. On doit faire sans exception toutes les Mitsvot le mieux possible avec « Hidour – embellissement de la Mitsva ».

Avant de répondre à la question suivante, le Rabbi s’est levé de son fauteuil. Avec un regard très sévère, soulignant ses paroles de la main, il a dit :

3. Le fait qu’une communauté s’intéresse à une autre communauté n’est pas un mal en soi mais la comparaison doit toujours se faire dans un but positif pour connaître les différences, voir le bien qu’il y a chez l’autre et décider de s’améliorer dans ce but. De toute façon, critiquer une communauté quelle qu’elle soit est une chose qui est mal, plus que mal, et encore plus que cela.

4. Le fait que les Loubavitch aiment le Rabbi d’une façon qui paraît exagérée… Qu’est-ce que je peux faire ? Moi-même, j’aime chacun des Juifs d’une façon exagérée qui déborde.

Puis l’entrevue s’est terminée , le Rabbi la concluant par : « Chabbat Chalom et Chalom tout court ».

La conclusion

Le Chabbat suivant, qui était Chabbat Para, après la fête de Pourim, le Rabbi fit un Farbrenguen – une réunion des ‘Hassidim dans laquelle il commentait la Torah. Ce jour-là, Yossef Schoukroun se tenait au fond de la grande synagogue du 770 et, tout à coup, il crut entendre le Rabbi appeler son nom. Voici son récit :

« Les personnes qui étaient autour de moi me dirent « ce n’est pas toi que le Rabbi appelle. » Mais j’ai alors entendu mon nom distinctement et tous se sont écartés. Le Rabbi avec un grand sourire me demandait de venir jusqu’à lui. Tout à coup, je me suis senti porté jusqu’à sa table. Là, il m’a dit : « Quand vous serez à Paris vous ferez un Farbrenguen et vous raconterez toutes les questions que vous avez posées et mes réponses. Voici un gâteau, vous en donnerez un petit bout à chacun. »