Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Bo, le Rabbi nous enseigne que l’âme de Moché vient du monde de Tohu, un monde dans lequel les lumières sont très élevées et les réceptacles trop petits pour les contenir.

 

L’origine de l’âme de Moché est donc liée à la raison pour laquelle Moché refusait de se rendre chez Pharaon. Il prétexta que ‘sa bouche était lourde’, en d’autres termes, qu’il avait des difficultés à parler. Le bégaiement de Moché exprimait le fait que la lumière de son intellect ne parvenait pas à s’habiller dans des réceptacles, dans des mots, capables de la contenir. Les forces de son intellect ne parvenaient pas à fusionner avec les articulations de sa bouche.

L’Eternel répondit à Moché : ‘Qui a donné une bouche à l’homme, ou qui rend muet ou sourd, ou intelligent ou aveugle n’est-ce pas Moi L’Eternel !’ (Chemot 4, 11). Par cette remarque, L’Eternel expliquait à Moché qu’Il détenait le pouvoir de transformer n’importe quelle situation. Hachem fit donc un miracle en dévoilant Son Essence dans la bouche de Moché, lui permettant ainsi momentanément de parler, ainsi qu’il est dit : ‘Je (Ano’hi : L’Essence divine) serais avec ta bouche’.

Cependant, bien que Moché, sous l’effet du miracle divin, fut capable de parler correctement aux enfants d’Israël, cette guérison ne dura que le temps du miracle, et il n’était pas guéri pour autant de son défaut d’élocution. Il fallut attendre le don de la Torah, lorsque D.ieu donna Son Essence, de manière profonde, ainsi qu’il est dit : ‘J’ai écrit Mon Essence et Je l’ai donnée’, pour que Moché guérisse définitivement. (Le dévoilement de l’Essence divine est allusionné dans le premier Commandement : ‘Je (Ano’hi : L’Essence divine) suis L’Eternel ton D.ieu’.)

L’un des points essentiels du Dvar Mal’hout est que la difficulté de parler de Moché provenait des enfants d’Israël eux-mêmes, car ils étaient incapables d’entendre Moché. Le principe selon lequel les lumières élevées de Tohu ne trouvent pas de réceptacles capables de les contenir s’applique donc à nous-mêmes, et c’est la raison pour laquelle dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi compare Moché au Rabbi Rayats, du fait que le Rabbi Rayats s’arrêta de parler vers la fin de sa vie en ce monde. Aussi, le Rabbi explique que, tout comme Moché, si le Rabbi Rayats n’arrivait pas à parler c’est que ses Hassidim n’étaient pas capables de l’entendre. Ils n’étaient pas des réceptacles capables de recevoir l’abondance de lumière des enseignements du Rabbi, et notre travail dans notre génération consiste à réparer cela. Nous devons révéler ce qui se cachait dans le silence du Rabbi Rayats. Appliquer ce qu’il n’a pas pu nous dire à l’époque de son mutisme.

On raconte que le Machpiah de la Yéchiva de Brunoy, le Rav Nissan, sortit en pleurant du bureau du Rabbi, à la suite d’un entretien privé qu’il eut avec le Rabbi. Les ‘Hassidim intrigués lui demandèrent la raison de ses larmes, et Rav Nissan leur répondit que le Rabbi lui avait dit qu’il ne demandait à ses ‘Hassidim qu’un ‘très faible pourcentage’ de ce qu’il désirait vraiment leur demander. C’était là la raison de ses larmes, Rav Nissan pleurait car le Rabbi se taisait, et il se taisait parce que les ‘Hassidim n’étaient pas capables de l’entendre, de l’entendre vraiment.

Le Rabbi nous enseigne donc que notre génération doit réparer ce silence en dévoilant l’essence de notre âme, en dévoilant notre attachement le plus profond au Rabbi, car le Rabbi est lui-même ‘l’extension’ du Rabbi Rayats, du Rabbi précédent.

D’une certaine manière, la bouche de Moché, incapable d’exprimer la force de son intellect, n’est pas sans évoquer le corps humain, car celui-ci cache à présent, pendant l’exil, la force infinie de l’Essence divine. C’est à ce sujet qu’il est dit que dans les temps futurs ‘l’âme sera nourrie par le corps’, car dans les temps messianiques le niveau supérieur du corps se révèlera au point que l’âme recevra toute sa subsistance du corps lui-même.

Aussi, lorsque L’Eternel déclare à Moché : ‘Je (Ano’hi : L’Essence divine) serais avec ta bouche’, Il exprime le fait de dévoiler Son Essence dans le corps de Moché. Dans ce cas la bouche de Moché devient le réceptacle capable de transmettre la Parole de D.ieu aux enfants d’Israël. Peut-être est-il aussi possible de dire que c’est à cela que se rapporte le verset : ‘De ma chair je verrais D.ieu’, car dans les temps futurs le corps deviendra un réceptacle capable de ‘voir D.ieu’, c’est à dire d’être un réceptacle capable de recevoir les plus hauts dévoilements divins.

Aussi, du fait que le Rabbi, le Moché de notre génération, représente la tête de notre génération, et que le peuple d’Israël représente le corps, il nous est donné ici à comprendre que si nous nous attachons aux enseignements du Rabbi de manière profonde, alors nous parviendrons à être véritablement ‘la bouche de Moché’, c’est à dire que nous serons un vrai réceptacle pour recevoir toute la lumière que le Rabbi désire nous donner.

De manière plus profonde:

Il est écrit dans le traité Ména’hot que Moché assista à un cours de Torah de Rabbi Akiba. Moché en fut très impressionné, et il se demanda pourquoi D.ieu lui donna la Torah plutôt qu’à Rabbi Akiba qu’il considérait bien plus apte que lui-même à la recevoir.

Il est possible de dire ici sous la forme d’un ‘Hidouch, que Moché est une allusion à ‘l’âme’ et que Rabbi Akiba est une allusion au ‘corps’. En effet, la racine du nom ‘Akiba’ est ‘Ekev’ : le ‘talon’, qui est la partie la plus grossière et la plus insensible du corps.

Selon l’enchaînement des mondes Moché précède Rabbi Akiba : la lumière précède le réceptacle, mais à leur racine, le réceptacle a précédé la lumière dans la pensée de D.ieu. C’est à ce sujet qu’il est dit que dans les temps futurs ‘l’âme sera nourrie par le corps’, à l’exemple de Moché (l’âme) qui apprend la Torah (qui sera nourrie) de Rabbi Akiba (par le corps).

C’est par notre attachement au Rabbi que nous pouvons dévoiler la force infinie de l’Essence divine en nous-même, parvenir à ce que ‘Rabbi Akiva enseigne la Torah à Moché’, c’est à dire parvenir à ce que le corps (le talon) nourrisse l’âme.

Dans son discours ‘Vé Atah Tetsaveh’, le Rabbi déclare que ‘les pieds permettent à la tête de se rendre à un endroit où la tête ne peut pas se rendre toute seule’. Peut-être que le Rabbi fait ici allusion au fait que dans les temps futurs ‘l’âme sera nourrie par le corps’.

Le bégaiement de Moché symbolise l’incapacité du peuple Juif d’être le réceptacle de la lumière de Moché, mais si le peuple s’attache à se raffiner, à se purifier, à s’investir totalement dans l’étude de la ‘Hassidout, alors il peut dévoiler l’Essence divine et accéder à la vision du Divin, à parvenir à ‘un endroit que la tête ne peut atteindre toute seule’, et dans ce cas il permettra au Rabbi de parler, de parler vraiment, et de dévoiler l’Essence de la Torah, lors de la Délivrance finale, très bientôt, et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.