«Vous allez construire une Ménorah en Lego ? Entièrement en Lego ? Sérieusement ?» Telles furent les premières réactions dans notre communauté quand on apprit que, cette année, nous avions décidé de construire notre Ménorah en Lego. Oui, nous étions décidés : la ville de Santa Barbara en Californie serait gâtée avec une fête de ‘Hanouccah comme jamais auparavant !

Nous avons envoyé des cartes postales pour annoncer l’événement, nous avons déposé des fascicules dans tous les magasins juifs. La Ménorah en Lego était dans toutes les conversations : «Vous avez entendu la nouvelle idée des Loubavitch cette année ?», «Ils ont toujours des idées si originales !» ou encore : «Mes enfants attendent avec impatience de voir la Ménorah en Lego !» Je contactai le journal local pour un espace publicitaire dans la liste des événements du mois. Comme «par hasard», la standardiste me transféra sur un «mauvais» numéro : quand j’expliquai pourquoi je téléphonai, la personne au bout du fil m’informa que je m’étais trompée de service mais que cela l’intéressait néanmoins puisqu’elle éditait son propre guide qui devait être imprimé le jour même pour la fête américaine de Thanksgiving ! Je lui envoyai donc immédiatement par email la documentation que m’avaient fait parvenir auparavant d’autres émissaires du Rabbi (un grand merci à mes prédécesseurs dans cette entreprise !) qui avaient eux aussi construit une immense Ménorah en Lego.

Le jour de Thanksgiving, je me précipitai bien sûr sur le guide en question : la Ménorah en Lego était en Une ! L’éditrice avait trouvé l’idée réellement formidable : utiliser des objets aussi simples que les Lego pour créer un symbole hautement spirituel !

Quant au journal local, la nouvelle responsable de la section religion s’emballa elle aussi pour cette idée : «Je connais tout sur le mouvement Loubavitch ! Quand je suis devenue responsable de cette rubrique religion, j’ai assisté à une conférence donnée par la reporter Sue Fishkoff qui nous a présenté son livre sur «L’Armée du Rabbi» et je l’ai trouvé vraiment impressionnant !»

Après la publicité, venait la partie logistique. Samedi soir avant la fête, nous avons entrepris de construire la Ménorah devant notre garage pour vérifier sa viabilité. Les gens n’auraient pas la patience de nous voir la construire et hésiter sous leurs yeux en nous ridiculisant le jour de l’allumage. La tige centrale mesurait 1,80 mètre, les branches 90 centimètres sur 120. Toute la structure avait une hauteur de plus de 3 mètres. Il nous a fallu plusieurs essais avant de parvenir à construire quelque chose de stable et de mémoriser la façon d’emboîter toutes les pièces.

C’est alors qu’il commença à pleuvoir. Nous avons vite rangé les Lego à l’intérieur, en les démontant au passage afin qu’ils ne se mouillent pas. En consultant la météo, nous avons appris avec angoisse que la pluie était au programme mardi, justement le jour prévu pour notre allumage !

Le lendemain, dimanche, les coups de téléphone affluèrent : «Ella ! Tu as vu les prévisions de la météo ?». Feignant l’insouciance, j’affirmai qu’il ne pleuvrait pas, qu’il ne pourrait pas pleuvoir ! Nous allions procéder à cet allumage, certainement avec la bénédiction du Rabbi et il ne pleuvrait pas, promis !

Inutile de préciser que nous avons prié ! Beaucoup !

Le lendemain matin, je me réveillai au son de la pluie… et du déluge d’appels téléphoniques… Oui ! Nous persistions à prévoir notre allumage le lendemain et chacun devait prier avec nous pour la réussite de l’événement. Le programme était vraiment intéressant, plairait aux enfants comme aux adultes, la publicité avait été à la hauteur et D.ieu Lui-même devait nous aider, nous avions agi et Il devait nous aider !

Chaque mardi matin, je rends visite à des patients à l’hôpital : ce mardi matin, je ne voulus pas faire d’exceptions. Je quittai la maison sous la pluie, j’arrivai à l’hôpital sous la pluie ; tandis que je parlais avec mes patients habituels, je récitais avec eux des Tehilim (Psaumes) pour leur guérison et leur demandai de prier pour la réussite de notre fête le soir même. Je leur expliquai que la pluie devait absolument s’arrêter et tous m’assurèrent qu’ils prieraient de toutes leurs forces, notre allumage serait en première place dans leurs pensées et leurs prières – malgré leurs propres soucis et souffrances !

L’allumage était prévu à 17 heures. A 15h 45, sous une pluie battante, nous avons chargé la camionnette avec les LEGO, les rafraîchissements, les beignets, les fascicules… et nous avons pris la direction du grand centre commercial. Avant de partir, nous avions changé le message du répondeur téléphonique afin que les gens sachent que, quoi qu’il arrive, l’allumage aurait lieu !

Mais, en route, la pluie devint de plus en plus forte !

A l’arrivée, nous avons déballé les 47 boîtes de LEGO et tout le reste – sous la pluie.

A 17 heures pile, au moment où l’allumage devait commencer, la pluie cessa ! Soudain ! Elle ne s’est pas arrêtée doucement mais elle cessa subitement, complètement.

Et la pluie ne recommença qu’à 18 heures 30 ! Une fois que nous avions tout démonté et remballé !

C’était le premier miracle.

Quant au second…

Quand il pleut à Santa Barbara – comme d’ailleurs dans toute la Californie – les gens restent chez eux ; ils annulent les rendez-vous, se recroquevillent dans leurs lits et hibernent. J’ignore pourquoi mais telle est la mentalité là-bas. Je n’exagère pas en affirmant que, quand nous sommes arrivés dans le centre commercial, il n’y avait pas âme qui vive présente ! Mais au fur et à mesure que nous avons construit notre Ménorah en Lego, plus de 250 personnes apparurent pour admirer la performance, chanter la lumière, déguster des beignets et se réjouir de leur identité juive.

Des jours et des semaines plus tard, on entendait encore les gens répéter que, oui, vraiment, ‘Hanouccah était la fête des miracles et qu’ils avaient bravé la pluie avec les Loubavitch de l’endroit pour admirer notre Ménorah en Lego alors que la pluie s’était brusquement arrêtée. Juste pour notre allumage !

Allumage qui fit d’ailleurs la une du journal du lendemain !
Ella Loschak – N’shei Chabad Newsletter N° 6602

Traduite par Feiga Lubecki