« D.ieu nous a envoyé une précieuse bénédiction pendant vingt-deux ans! C’est ainsi que j’ai choisi d’aborder cette tragédie personnelle. »

 

Ces mots émouvants ont été partagés avec moi par Le Rav Eliyahu Shadmi, Chalia’h du Rabbi à Raanana, en Israël, dont le fils de 22 ans, Chmouel, est décédé jeudi dernier, suite à un coma de six mois après avoir été grièvement blessé dans un accident de voiture.

Chmouel, de mémoire bénie, est le frère de ‘Haya, la femme de mon frère. Au cours de ma courte visite en Israël pour la Bar Mitsva d’un membre de la congrégation, j’ai également eu le privilège de leur rendre visite aux «Shiva», pour partager avec eux cette terrible tragédie.

Peu de temps après mon départ du domicile du Rav Shadmi, j’ai été submergé par l’étonnement. Je pensais être venu renforcer le Rav Shadmi et sa famille; mais à la place, c’était mon esprit qui était renforcé. Et autant que j’ai essayé d’inspirer, ce sont eux qui m’ont inspiré. Pourquoi cela? En raison des trois leçons suivantes que cette visite inoubliable m’a enseigné :

1. Notre perception de la vie dépend de notre choix

Devant moi ce trouvait un homme, un Chalia’h bien-aimé, qui avait toutes les raisons pour sombrer dans un l’abîme de la dépression. Après tout, son fils venait de quitter ce monde, dans un accident si tragique, à un si jeune âge. Pourtant, il a choisi de se focaliser sur les bénédictions et la joie que son fils avait apportées à sa vie « pendant vingt-deux années ». Dans l’obscurité la plus totale, il a perçu la lumière. Au fond de la tristesse, il percevait la joie.

Cela m’a appris une leçon inestimable: nous avons toujours le choix de la perception des différents événements qui se présentent à nous.

2. En effet, nous sommes un

Mon frère et ma belle-sœur ont partagé avec moi leur étonnement devant le nombre de personnes qui ont assisté aux funérailles et, jusqu’à aujourd’hui, affluent pour réconforter la famille. Beaucoup d’entre eux, ne connaissaient pas Chmouel et sa famille. Pourtant, dans un sens profond de responsabilité et d’unité, ils sont venus.

L’empathie naturelle de ces juifs «anonymes» m’a rappelé les paroles du Tanya selon lesquelles, plus nous pénétrons profondément en nous-mêmes, plus nous découvrons notre unité inhérente. Plus nous révélons notre âme individuelle, plus nous prenons conscience de son lien indéfectible avec toutes les autres âmes de notre peuple, ne formant qu’une seule et même entité, comme tous les membres d’un même corps.

Puissions-nous mériter d’agir comme un seul corps, toujours, avec des yeux d’amour, un cœur attentionné, aujourd’hui, demain et toujours.

3. Nos enfants, et les gens en général, sont infiniment meilleurs que ce qu’ils nous semblent être

L’humaniste et scientifique Johann Wolfgang von Goethe, a dit un jour: « Traite un homme comme il te semble être, et tu le rends pire. Traite le comme si il était ce qu’il pourrait être, et tu feras de lui ce qu’il peut être ».

Le Rav Shadmi m’a fait revivre ces mots justes, alors qu’il décrivait sa surprise devant le nombre d’histoires héroïques qu’il entendait à propos de son fils. « Je l’ai toujours vu comme un père voit son fils dans le contexte familiale », m’a-t-il dit. « Je savais qu’il était saint et bon, mais je n’ai jamais su l’impact qu’il avait sur tant de gens autour de lui. »

En écoutant ces mots, j’ai pris conscience que nos perceptions étaient bien souvent éloignées de la réalité.  J’ai réalisé que chaque créature de D.ieu est vraiment extraordinaire et unique.

C’est aussi vrai pour la façon dont nous portons un regard sur nous-mêmes: nous pouvons nous définir par notre physique, notre métier ou  nos traits de caractère. Nous pouvons même nous dire, « Je suis né ainsi, et je ne peux pas changer ».

Mais notre nature confinante peut être changée; nos perspectives étroites peuvent être changées. Mais si nous nous concentrons sur notre potentiel infini et rallumons notre flamme divine intérieure, « Esh Tamid Toukad Al Hamizbea’h », et nous engager, sans relâche, dans des actes de bonté et de gentillesse, alors, tous les défis qui se présentent se transformeront en opportunité de faire de ce monde une demeure pour l’Eternel.