Pour l’élévation de l’âme de Raphaël Chmouel ben Elyahou

 

« Celui qui est profond sait qu’il est inutile de demander une bénédiction pour le service de D.ieu. Il faut que ‘l’effort pèse sur les hommes ».

 

Ce proverbe du Tséma’h Tsédek qui est rapporté dans le Hayom-Yom du 24 Tamouz 5703, s’accorde à la déclaration du Rabbi Rachab selon laquelle ‘L’homme profond est celui qui s’engage totalement dans tout ce qu’il fait’. 

A la lumière de ces enseignements, le Rabbi souligne dans leDvar Mal’hout sur la Paracha Pin’has, l’importance que nous devons donner à chaque instant de notre vie et à chaque situation que nous vivons. Rien ne doit être laissé pour compte. Même ce qui semble être à nos yeux comme un simple détail, s’inscrit de manière profonde dans notre vie, car il possède en réalité un contenu qui mérite qu’on lui accorde toute notre attention, que l’on investisse tout notre être, pour mener à bien notre mission sacrée.

 où nous sommes nous devons être vraiment !’. Le Rabbi illustre ce propos par l’histoire suivante. Lors d’une Hitvaadouth (rassemblement des ‘Hassidim autour du Rabbi), le Rabbi Rachab ressentit que les jeunes ‘hassidim se pressèrent de chanter le ‘Nigun’ (‘la Mélodie ‘hassidique’) qui précède le discours du Rabbi, car ils étaient impatients d’écouter les paroles sacrées de leur Maître.

Le Rabbi expliqua alors à ses jeunes élèves qu’il s’agissait bien là d’une erreur. S’imprégner profondément du discours du Rabbi implique de s’y préparer auparavant avec la plus grande attention.

Chanter en y mettant tout notre être, c’est-à-dire en investissant toutes nos forces, est aussi important que d’écouter ‘de tout notre coeur, de toute notre âme et de tout notre pouvoir’ le discours du Rabbi. Un ‘Hassid doit être profond dans toutes les situations. ‘Vivre’ c’est être vraiment là! Même lorsqu’il ne s’agit que d’une préparation.

Il est possible d’établir ici un lien avec une Si’ha que le Rabbi prononça lors de l’anniversaire du décès de son père, Rabbi Lévi-Itz’hak.

Le Rabbi rapporte un enseignement du Arizal selon lequel lavaleur numérique du mot דמעה ‘Dimah’ (‘Larme’) est égale à 120, et le chiffre ‘120’ dans la Torah représente ‘une vie entière’.

Or, le Rabbi nous fait remarquer que si l’on additionne les lettres du mot ‘Dimah’, on n’obtient seulement qu’un total de 119.

En fait, le Arizal compte le mot ‘Dimah’ en entier pour 1 de plus, ce qui fait donc un total de 120‘De fait, le calcul réclame que l’on compte en plus le mot en tant qu’ensemble, pour montrer qu’il y a un but plus haut qui donne du sens à tous les détails…Quand on essaie de comprendre le sens des larmes, on doit regarder le but plus large auquel elles servent’.

La faute commise par Adam et ‘Hava, lorsqu’ils désobeïrent à D.ieu, en goûtant du fruit de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal, ‘amena la mort et les larmes dans le monde’. C’est pourquoi le Rabbi nous enseigne que le but des larmes est de ‘nettoyer la faute, pour amener l’homme au repentir complet’.

Dès-lors, nous comprenons que c’est à ce ‘repentir complet’que correspond le chiffre ‘1’ que l’on ajoute au total de 119,ainsi que nous l’enseigne le Rabbi: ‘‘Dimah’, ‘les Larmes’, sans le reprentir sont un service incomplet, n’équivalent qu’à 119, Mais quand on ajoute le reprentir cela devient complet-120. 

Cet enseignement du Rabbi exprime l’importance des larmes du vrai repentir, car celles-ci ont le pouvoir d’éveiller le désir de D.ieu de nous délivrer. Les larmes de Téchouva amèneront finalement les larmes de joies de la Délivrance finale. C’est pourquoi le Rabbi rapporte également dans cette Si’ha, l’explication de Maïmonide dans ses ‘Lois du deuil’, selon laquelle le but du deuil et des larmes est le repentir. Le remord pour des fautes passées pousse l’homme au repentir complet dans ce monde. Ses fautes sont pardonnées, et plus encore, elles deviennent ‘comme des mérites’, ainsi que l’explique l’Admour Hazaken dans le livre du Tanya’.

L’occasion nous est donnée ici d’approfondir cet enseignement du Rabbi, en établissant un lien entre le mot ‘Dimah-Larme’ et le mot ‘Nigun-Mélodie’.

En effet, le compte de la valeur numérique du mot ניגון ,‘Nigun’, ‘Mélodie’, est semblable à celui du mot ‘Dimah’, car Si l’on additionne les lettres du mot ‘Nigun’, on n’obtient un total de 119.

Ainsi ‘Nigun’, Chanter une mélodie ‘hassidique sans ressentir un sentiment profond est ‘un service incomplet’ et n’équivaut qu’à 119, mais quand on ajoute à la mélodie le sentiment cela devient complet-120.

Nous constatons donc que ce qui est vrai pour les ‘Larmes’’ est également pour la ‘Mélodie’, car elles sont toutes deux une préparation à la Délivrance finale.

A l’évidence, le Rabbi Rachab ne pouvait laisser passer une telle négligence de la part de ses élèves, lorsque ceux-ci ne prirent pas le temps de chanter la Mélodie ‘hassidique avec toutes les forces de leurs âmes. Le ‘Nigun’ doit exprimer le sentiment le plus profond, le désir le plus intérieur de chaque Juif, qui n’est autre que le dévoilement de D.ieu. C’est pour cela que l’on chante le ‘Nigun’ juste avant le discours du Rabbi, car le ‘Nigun’ fait allusion au don de nous-même durant l’exil, et le discours du Rabbi nous prépare (et fait lui-même partie) de la Torah nouvelle que le Machia’h dévoilera dans les Temps messianiques, symbolisés par le chiffre 120,‘une vie entière’.

Rav Yaakov Abergel