Derher 31

 

 

Agir en Elloul

Il est écrit dans la Guemara : « D’où sait-on que les mots de la Torah sont un refuge ? Car il est dit « Betser, dans le désert etc. », puis « voici la Torah » . Cela signifie que la notion de « ville de refuge » fait référence à la Torah ‘

C’est là le sens de l’allusion contenue dans l’acrostiche (en hébreu — ndt) du mot Eloul : « Cela a été dans sa main et Je t’ai placé ». Lorsque l’on fait le bilan de l’ensemble de l’année et que l’on voit qu’il existe des manques ici et là, qu’il existe des choses indésirables, comparables à un homicide involontaire (« cela a été dans sa main »), il ne faut pas désespérer, D.ieu nous en préserve. Car D.ieu dit : « Je t’ai placé un endroit pour que tu t’y enfuies », les villes de refuge, c’est-à-dire la Torah puisque « les mots de la Torah sont un refuge ».

Toutefois, pour que la Torah puisse sauver celui qui a commis un « homicide involontaire », il existe une condition : « Voici la Torah que Moché a placée ». Cela doit être la Torah de Moché.

Pour échapper au « vengeur », c’est-à-dire, le « Satan », le Yetser Hara, l’ange de la mort, la décision de se conduire selon la Torah ne suffit pas. Car le Yetser Hara, dénommé « le rusé », peut détourner l’intelligence de l’homme (en agissant sur sa volonté) de telle sorte que ce dernier croit se conduire selon la Torah. Comme l’enseigne le Rambam, un homme peut être « dépravé avec l’autorisation de la Torah ».

La réponse à cela est la suivante : « Voici la Torah que Moché a placée ». Le comportement selon la Torah doit être fixé d’après les enseignements de Moché et il existe un Moché dans chaque génération — le Moché de notre génération.

Il faut se conduire d’après les enseignements de Moché en toutes choses, par exemple à propos de l’étude. Ainsi l’étude doit être empreinte de crainte de D.ieu, et cela est réalisé en commençant par la prière. C’est ce que disent nos Sages : « De la synagogue vers la maison d’étude » (la prière doit être suivie de l’étude). Tout cela après la fameuse préparation avant la prière « on ne commence à prier qu’avec une tête lourde (c’est-a-dire sérieuse ndt) ».

Ainsi, en respectant les enseignements de Moché, on réussit à traverser le désert (« Betser, dans le désert… et voici la Torah que Moché a placée ») et à échapper aux « serpents brûlants et aux scorpions» … On continue ainsi à respecter les enseignements du Moché de notre génération, et à s’attacher à lui jusqu’à la venue de Machia’h et même après.

Certains rêvent et imaginent que, lorsque Machia’h viendra, il y aura en quelque sorte un autre Rabbi. La vérité est que, lorsque Machia’h viendra, nous aurons notre Rabbi. Ce sera le même Rabbi et les mêmes ‘Hassidim.

(Extrait d’une Si’ha du 18 Eloul 5710-1950)


L’essentiel de l’examen de conscience à accomplir durant les douze jours entre le 18 Eloul et Roch Hachana doit concerner la partie profonde de la Torah. Certes, l’examen de conscience doit porter sur toutes les 613 Mitsvot, dans tous leurs détails. Et au contraire, le principal est l’action. Toutefois, tout cela doit être terminé avant le 18 Eloul.

A partir de cette date — ‘Haï Eloul, le dévoilement de la ‘Hassidout — il faut se comporter selon la formule de la Guemara : « Dans quoi ton père était-il plus scrupuleux ? ». « Scrupuleux » (« zahir » en hébreu — ndt) vient aussi du mot « briller », « éclairer ». Ainsi, on s’éclaire de l’intérieur en toutes choses. L’essentiel de l’examen de conscience doit donc porter sur la partie profonde de la Torah.

Cela ne concerne pas seulement l’étude, mais aussi le comportement selon les voies de la ‘Hassidout car « grande est l’étude qui conduit à l’action ».

Cela permettra d’éclairer l’examen de conscience dans tous les domaines.

(Extrait d’une Si’ha du 18 Eloul 5710-1950)

 

L’idée d’« Avodah » (travail, effort – ndt) signifie agir avec soi-même, se fatiguer et être le maître de ses propres membres, de ses forces, de ses sens et des vêtements de son âme.

Etre le maître de son intelligence, et maîtriser ce dans quoi l’esprit va s’investir.

Etre le maître de son coeur, et diriger ce Éducation qu’il désire, ce qu’il faut apprécier et ce qu’il faut rejeter.

Etre le maître de ses sens, la vue, l’ouïe, l’odorat et le goût.

Etre le maître des vêtements de son âme : la pensée, la parole et l’action.

(Extrait de LikouteïDibourim, vol. Il. p. 694)


Education

Mise en pratique des enseignements

Il serait bon d’éditer chaque mois un livret comprenant des Mitsvot et leçons de conduites issues des Parachiot. Ainsi, les enfants viveront concrètement avec les enseignements de la Paracha.

Il faudrait inclure dans ce livret un volet spécifique à l’acquisition du comportement à avoir, tel que : la politesse, le respect, la tolérance, la bonne conduite durant le repas, l’aide du prochain, la colère, l’orgueil, la vengeance etc.

Punir avec bonté

Une punition ne doit jamais être donnée par vengeance ou par colère. Pour qu’elle soit constructive et éducative, l’enfant doit ressentir qu’il a été sanctionné avec amour et par souci pour son avenir. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’expliquer à l’enfant la raison de la sanction.

Si la sanction est d’apprendre un texte par coeur, il faut que le texte en question soit en rapport avec la faute commise.

Il en va de notre devoir de bien réfléchir avant de punir un enfant, car ils grandissent vite, et un jour euxmêmes seront adultes et leurs relations avec leur propres enfants dépendra de notre patience en tant que parent ou éducateur.

(Ha’hinou’h Veame’hane’h du Rav ‘Hadakov)


Tsama Le’ha Nafshi (deuxième version)

Ce chant est un ancien nigoun ‘Habad. Sa première partie est chantée avec les mots du verset : « Tsama Le’ha Nafshi, kama le’ha bessari », et la seconde partie est chantée en russe. Le contenu de cette dernière partie est le suivant : le yetser hara, le penchant au mal, ainsi que l’âme animale sont comparés à un villageois stupide, qui s’en va au marché. L’homme lui demande alors pour quelle raison il se rend à cette foire, puisqu’il ne vend rien, et n’achète rien : il n’est là que pour créer des querelles. Dans la relation à D.ieu, ce nigoun représente l’aspiration constante de l’Homme en la Divinité.

La nuit de Sim’hat Torah 5718 (1957), vers 5 heures et demie du matin, le Rabbi sortit de son bureau, et se mit, comme chaque année, à distribuer du machké à ceux qui avaient pris la décision de fixer une étude de ‘Hassidout supplémentaire. C’est là qu’il enseigna une version du nigoun « Tsama Le’ha Nafshi », qui n’était pas connue jusqu’alors.

Le Rabbi expliqua les paroles du chant : « Il s’agit de ce que l’on dit au yetser hara, c’est-à-dire qu’il n’achète ni ne vend : toute son intention n’est que de créer de la discorde entre les Enfants d’Israël et notre Père qui est aux Cieux. »

Un des présents raconte : « Ce nigoun avait une saveur particulière qu’on ne saurait définir. Chacun passa devant le Rabbi, comme devant un berger fidèle, et à certains, le Rabbi ajoutait quelques mots supplémentaires. La distribution dura une demie heure, et par la suite le Rabbi s’en alla. »

Quelques mois plus tard, le 11 Chevat, l’on chanta ce nigoun avec enthousiasme, et le Rabbi en profita alors pour expliquer le contenu profond des paroles de ce chant. Ce qui suit est l’extrait de la si’ha telle qu’elle est imprimée :

« Chacun connaît le sens général des paroles de ce chant. On parle ici du yetser hara, le « roi vieux et stupide » qui est appelé « dourine » (en russe ndt), ce qui signifie stupide. Il se rend au marché la ‘Hassidout explique que ce monde-ci est comparé à un grand marché, où l’on vient acheter de la marchandise pour s’enrichir. Cette parabole représente la descente de l’âme dans le monde. Elle provient du Trône de Gloire, et même encore plus haut que cela, comme l’explique l’Admour Hazaken dans le Tanya : elle est une partie de D.ieu Luimême. Cette âme descend ici-bas, et s’habille dans une âme animale et dans un corps, afin de s’occuper de choses matérielles. Cette descente n’a pour but que d’obtenir une élévation. Ainsi, il ne suffit pas que « ta sortie de ce monde soit comme ton entrée », mais il faut bien que l’élévation atteigne un niveau supérieur à celui qui était celui d’avant la descente.

En d’autres mots : la néchama, en ellemême, telle qu’elle prend sa source sous le Trône de Gloire, n’est qu’une partie de D.ieu. En revanche, grâce à sa descente ici-bas, elle perçoit ce que dit la Michna : « Une heure de Techouva et de bonnes actions dans ce monde-ci est préférable [à toute la vie du monde futur] ». En effet, par le fait qu’en descendant dans le monde elle remplit l’ordonnance et la Volonté Divines, elle se lie et s’unit avec Celui qui a donné la Torah, qui a ordonné cette mitsva, pour ainsi « se fondre dans le corps du Roi », et parvenir à ce qui est dit : « Israël et D.ieu ne font qu’Un

C’est là le sens de ce qu’ont dit nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction : « Les Tsadikim seront un jour nommés du Nom de D.ieu » (et encore plus que cela, cette parole s’applique à chaque Juif, car « Tout Ton Peuple est composé de Tsadikim »). Il s’agit là de l’union de la créature avec Le Créateur, ainsi qu’il est dit : « Vous êtes liés à Hachem votre D.ieu. »

Il se trouve ainsi que, par la Techouva et les bonnes actions dans ce monde-ci, l’on s’enrichit au « marché », d’un bénéfice beaucoup plus important, sans limite : l’on obtient l’union avec D.ieu Luimême, à un niveau au-delà de toute mesure possible.

Ainsi, afin d’atteindre cette richesse avec plaisir et délectation, D.ieu veut que tout ceci ne soit pas fait à la manière du « pain de la honte », c’est-à-dire à la manière de quelqu’un qui reçoit quelque chose sans avoir fait d’effort. C’est pour cette raison qu’il y a besoin de quelqu’un qui séduise l’homme afin de l’empêcher de réaliser son travail (en effet, s’il n’y avait que du bien, il n’y aurait pas la notion d’effort). Il s’agit du yetser hara qui détourne l’homme, afin qu’il trouve en lui les forces de ne pas lui obéir. Ainsi, malgré ses arguments, il choisira le droit

chemin, celui de l’étude de la Torah et de l’accomplissement des mitsvot.

Mais quelle est l’intention du yetser hara ? Il est expliqué à ce sujet, dans la ‘Hassidout, qu’il désire lui-même qu’on ne lui obéisse pas. Il connaît l’objectif pour lequel il a été créé : pour dévoiler le niveau spirituel du Juif, et mettre en évidence que, malgré les difficultés, il accomplit l’ordre de D.ieu. Par cela, il reçoit sa récompense, car grâce à lui, le Juif a réalisé son service de D.ieu par son effort, et pas comme « le pain de la honte

Tout ce qui vient d’être dit s’applique à un Juif qui n’écoute pas le mauvais penchant. Mais celui qui l’a suivi, et a transgressé le chemin de D.ieu, cause un double dommage : tout d’abord, luimême n’a pas accompli l’ordre de D.ieu, et a suivi le chemin inverse, mais même le yetser hara n’est pas satisfait ! Non seulement il ne recevra pas de récompense, mais bien au contraire il méritera un châtiment, tout comme chaque chose qui amène de la destruction dans le monde (à la manière d’un animal que l’on tue à cause de relations qu’il a eu avec un être humain), puisqu’à cause de lui, un Juif a trébuché

Et c’est là le sens de cette argumentation avec le yetser hara. L’on comprend parfaitement ses actions lorsqu’il séduit l’homme, mais qu’il n’est pas écouté. Cependant, lorsque ce dernier le suit, non seulement il ne va pas s’enrichir dans ce « marché » (en plus du fait que l’homme non plus ne va rien y gagner), mais il recevra, de plus, une punition pour avoir amené de la destruction dans le monde.

Ainsi, voici donc le sens de ce nigoun : l’objectif final du mauvais penchant est de faire en sorte que le Juif ressente une soif intense envers D.ieu, « T sama Le’ha Nafshi », puisqu’il se trouve dans « une terre aride et sèche, sans eau ». Et comme il est expliqué dans le Tanya, c’est la raison pour laquelle « ses fautes sont transformées en mérites ». En effet, « c’est grâce à cela [ses fautes ndt], qu’il arrive à cet amour immense », de sorte que son âme ait soif comme une terre aride. Ainsi, après que le Juif soit parvenu à cette soif intense, le « dourine », le stupide n’a plus de quoi s’en mêler, puisqu’il a fait son travail. A ce moment là, il n’a plus d’autre utilité que de causer de la discorde entre Israël et leur Père Céleste.

Mais alors pour quelle raison le yetser hara agit-il donc ainsi ? Dans la prière de Yom Kippour nous récitons : « Sur les fautes que nous avons commises devant Toi par le yetser hara ». En effet, la question est connue : toutes les fautes sont commises à cause du yetser hara ! Quelle est donc la particularité de ces fautes-ci ? La réponse est la suivante. Il arrive que lors de certaines fautes, le mauvais penchant lui-même ne veut pas que l’on s’enfonce dans la faute. II a déjà fait son travail, mais l’homme continue de le stimuler, D.ieu nous en garde, encore plus que le yetser hara ne le veut lui-même ! … C’est là ce que

l’on observe • lorsqu’un homme trébuche et succombe à une faute, après avoir rempli son désir de fauter, il ne ressent pas de « satiété », son désir n’est pas apaisé, puisque même le mauvais penchant n’a pas voulu qu’il en arrive là (ainsi qu’il est écrit dans certains livres, la manière de distinguer une mitsva ou une faute est le sentiment que la chose procure à l’homme après qu’il ait accompli cette action. Après avoir fait une mitsva on est « rassasié », et c’est l’inverse pour une faute).

C’est pour cette raison que l’on argumente avec joie, en chantant puisque nous sommes déjà parvenus à la soif de D.ieu, alors l’obscurité devrait déjà être transformée en lumière ! Ainsi qu’il est écrit : « Tu aimeras l’Eternel ton D.ieu de tout ton cœur », c’est-à-dire « avec tes deux penchants ». Non seulement le mauvais penchant ne fera pas de choses négatives, mais au contraire, il deviendra une aide pour progresser dans l’amour de D.ieu. Ainsi, même le yetser hara aidera à accomplir les 613 mitsvot, y compris la mitsva de se sanctifier dans ce qui est permis, et l’ensemble du service de D.ieu correspondant au verset : « Dans toutes tes voies, connais-Le ».

C’est ainsi que l’on méritera de vivre la suite du verset : « Ainsi je Te verrai dans le Sacré », comme l’explique le Baal Chem Tov : « Pourvu que je te voie dans le Sacré ». De la même manière que j’avais soif de Toi dans une terre aride, ainsi j’aurai la même volonté, et la même soif une fois dans le Sacré, c’est-à-dire lorsque s’accomplira la promesse retirerai l’esprit d’impureté de la Terre », et « La Terre sera emplie de la connaissance de D.ieu ». A ce moment-là, nous nous tiendrons avec cette volonté de monter de niveau en niveau, « de force en force », dans la sainteté. En effet, même dans la sainteté elle-même, il existe des niveaux sans aucune commune mesure entre eux. C’est pour cela qu’il est nécessaire de posséder cette soif intense qui permet de sortir de ses limites, comme il est expliqué sur le verset : « de tous tes moyens », c’est-à-dire tes propres moyens, ceux qui sont les tiens à ce moment-là.

Et cette forte volonté sera exprimée, par la suite, dans l’action concrète, pour faire de ce monde une demeure pour D.ieu. »

A suivre …


Diplomatie discrète

J’ai aujourd’hui 75 ans, et je voudrais relater un événement que je considère comme un des plus importants de ma vie.

J’ai été élu au Sénat des Etats-Unis en 1982. Quelques années plus tard, mon frère, Martin Hecht et mon neveu, le Docteur ‘Haim Hecht, m’ont emmené à Brooklyn pour rencontrer le Rabbi lors d’un farbrenguen. Au cours de celui-ci, le Rabbi s’adressa à moi et me dit: « Votre priorité absolue devra être de faire sortir les Juifs de Russie. » Je répondis au Rabbi que ma propre mère était une immigrée russe qui avait dû fuir avec sa famille pour échapper aux cruels cosaques. « La clé, conclut le Rabbi, réside dans une diplomatie discrète ». Il ne faut pas oublier que ces événements se déroulèrent durant la Guerre Froide qui opposait les EtatsUnis et l’Union Soviétique.

Environ trois ans plus tard, un vote très important se tenait au Sénat américain. Ma voix était décisive pour permettre au président Reagan de faire pencher la balance de son côté. Le suffrage était très important pour le président. J’étais d’ailleurs l’un des principaux partisans du président Reagan, en raison de ses positions favorables à l’égard d’Israël.

J’ai rencontré personnellement le président Reagan, à cette occasion, je lui ai annoncé ma décision de le soutenir par le biais de ce vote décisif. Je lui ai ensuite demandé si je pouvais lui faire part de l’une de mes préoccupations du moment. Je lui parlais de ma défunte mère qui était une ressortissante d’URSS. J’ai demandé au président s’il était en son pouvoir de militer avec plus d’insistance en faveur de la libération de dizaines de milliers de Juifs soviétiques avant la prochaine conférence au sommet. Je rajoutais que cela ne devait pas uniquement être les personnes âgées qui soient autorisés à quitter l’Union Soviétique, mais également les enfants, les adolescents, les médecins et les scientifiques. Tous devraient avoir le droit fondamental de jouir de leur liberté de se déplacer. Le président sembla intéressé par ma requête.

La dernière réunion du président Reagan avant de partir pour la conférence de Reykjavik, en Islande, se déroula début octobre 1986, en comité réduit, et j’y fus convié. Lors de cette réunion, j’ai présenté au président Reagan une liste de noms : 1200 Juifs soviétiques réclamaient leur départ de Russie. J’ai expliqué au président que le véritable nombre de demandeurs d’exil pouvait s’élever à plusieurs millions, mais que cette liste ne constituait qu’un début. J’ai ainsi fait preuve de «diplomatie discrète». En effet, seul le président, un de ses conseillers, et moi-même, étions dans le bureau ovale lors de cette réunion.

Lors de la conférence de Reykjavik, Le président Reagan a donné la liste des 1200 noms au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Il a insisté auprès de lui sur son importance. Quelques semaines plus tard, un petit nombre de Juifs commencèrent à quitter la Russie, puis des dizaines de milliers les suivirent.

Le mandat du président Reagan prit fin. Pour ma part, je fus nommé ambassadeur auprès du Commonwealth des Bahamas. Plus tard, lui et Mme Reagan vinrent aux Bahamas pour passer des vacances. Il nous invitèrent, ma femme et moi, à un cocktail. A cette occasion, je dis au président quel service merveilleux il avait accompli pour le peuple Juif en permettant à ces milliers de Juifs de quitter la Russie, et je lui demandais pourquoi il n’avait jamais mentionné cette action aux médias. Mme Reagan me répondit que M. Gorbatchev leur avait dit à l’époque, que beaucoup de personnes de son entourage ne voulaient pas de cette sortie des Juifs de leur pays. Ainsi, expliquait-il, si nous le rendions public, cet exode cesserait. Le président Reagan eu donc recours, lui aussi, à une «diplomatie discrète» avec M Gorbatchev.

L’histoire ne s’arrête pas là. Mon frère, Marty, a dernièrement souffert de problèmes aux pieds et s’est rendu à la clinique Scripps La Jolla en Californie. Le médecin qui l’a examiné l’a alors dirigé vers un spécialiste. Ce spécialiste en le voyant lui pose une question: «Vous vous nommez Hecht, connaissez-vous le sénateur Hecht?» Marty lui répond qu’il s’agit de son frère. Le médecin, ému, lui raconte alors que le sénateur Hecht a sauvé sa femme, sa mère, son fils et son beau-père. En effet, tous étaient bloqués en URSS et inscrits sur la liste transmise au président Gorbatchev. On leur a demandé à tous d’être à l’aéroport à une certaine heure, et ils ne savaient pas à quoi s’attendre. Ils sont montés dans l’avion et ont décollé pour Vienne. Avec le peu d’argent qu’ils avaient sur eux, ils ont envoyé un télégramme de remerciements au président Reagan. Depuis, j’ai encore rencontré plusieurs Juifs qui étaient, à l’époque, retenus en URSS et qui se trouvaient sur cette liste.

Les conseils et instructions du Rabbi concernant le recours à une «diplomatie discrète» ont permis de sauver des centaines de milliers de vies et de renforcer Israël, ou la majorité d’entre eux ont immigré.

Pour le mérite de Menahem Mendel –  En l’honneur de sa Brit Mila le 13 Elloul 5779
Offert par ses parents Shimon et Rahel Ahouva, sa soeur Haya Mouchka, Stanislawski