(pour l’élévation de l’âme du Rav Mordé’haï Olidort)

Dans la Paracha précédente, Lè’h-Lé’ha, nous avons étudié l’importance et la signification profonde de l’expression ‘Lè’h-Lé’ha’ (‘Va pour toi’).

 

Or, il est possible de souligner ici que dans l’un des versets de la Paracha ‘Vayéra’ (22, 2), L’Eternel S’adressa à Avraham en lui disant aussi ‘Lè’h-Lé-ha’‘Prends Je t’en prie ton fils, ton unique, que tu aimes, Itz’hak, et va pour toi (Lè’h-Lé’ha) vers le pays de Moriah et offre-le là-bas en un sacrifice sur l’une des montagnes que Je t’indiquerais’.

Comme il a été expliqué, la marche d’Avraham (Lè’h-Lé’ha) symbolise son travail pour s’élever progressivement de degré en degré dans son service divin, jusqu’à dévoiler la force de l’Essence de  son âme (Ye’hida).

C’est-à-dire jusqu’à parvenir à s’élever au-delà de la raison et de l’intellect, en agissant de manière à faire don de sa propre existence, pour faire de ce monde une demeure pour l’Essence de D.ieu.

Or, il y a également une allusion à ce dévoilement dans ce même verset, lorsque L”Eternel déclare à Avraham ‘Prends Je t’en prie ton fils, ton unique’ (‘Yé’hid’ha).

En effet, le mot ‘unique’ se dit en en hébreu ‘Yé’hida’, et il est alors possible d’expliquer que l’emploi précis de ce mot est une allusion au fait que la mission d’Avraham consiste à acquérir le niveau de ‘Yé’hida’ de son âme divine.

C’est pourquoi L’Eternel demande à Avraham de prendre son unique’, car dans la Torah l’action de prendre un objet procède de l’acquisition de cet objet (ce que l’on appelle en hébreu un ‘kinian’, une ‘acquisition’).

Ainsi, l’expression: ‘Prends Je t’en prie ton fils, ton unique’ semble clairement exprimer l’action d’acquérir (‘prends’) le niveau de ‘Yé’hida’ (‘ton unique’).

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Vayéra, le Rabbi définit ce même principe lorsqu’il parle de l’âme Juive: ‘L’âme divine est d’un niveau divin supérieur. “Elle est une parcelle de divinité véritable”, et lorsque l’on détient (‘tofès) une partie de l’Essence, on la détient dans sa totalité. On détient véritablement l’Essence divine. Aussi, le mot ‘tofès’ (qui vient de ‘tfisa’: la ‘détention’), est lié à l’acquisition, au ‘kinian’, par lequel un homme devient propriétaire de la chose acquise. Ainsi, chaque Juif ‘tofès’ et acquiert, devient propriétaire si l’on peut dire, de l’Essence divine  de manière véritable’.

Le Rabbi nous enseigne ici qu’au moment de la circoncision, lorsque l’âme divine pénètre et s’habille dans le corps de l’enfant, ‘chaque Juif devient propriétaire de l’Essence divine de manière véritable’, l’intention du Rabbi est de nous dire que la possibilité est donnée à chaque Juif, à chaque moment de sa vie, de dévoiler la force de son âme divine.

Cependant, il existe plusieurs niveaux de l’âme divine, et le dévoilement de l’Essence de l’âme est celui qui est le plus élevé d’entre tous. Aussi, il apparaît à l’évidence que dévoiler la force de l’Essence de notre âme requiert de notre part de sérieux efforts dans notre service divin, et combien plus encore pour ‘l’acquérir’ en la dévoilant en nous-mêmes de manière constante.  L’acquisition de l’Essence de l’âme est bien plus importante qu’un simple dévoilement de celle-ci.

En effet, le terme ‘d’acquisition’ sous-entend que l’on devient propriétaire de la chose acquise, c’est-à-dire que cette chose est à présent à notre portée, puisqu’il nous appartient d’en disposer et de l’utiliser chaque fois que l’on en éprouve le désir.

Ainsi, dans notre cas, l’acquisition de Yé’hida signifie que l’on est parvenu à ce que l’Essence de notre âme soit constamment dévoilée en nous-mêmes.

Dans la Si’ha du Dvar Mal’hout sur ‘les Hala’hot de la Torah qui ne disparaitront jamais’ ( à la fin du livre Dévarim) le Rabbi explique que dans les Temps futurs chaque Juif atteindra un niveau supérieur d’union parfaite avec D.ieu. ‘D.ieu et chaque Juif ne formeront plus qu’une seule réalité’. Si l’acquisition de Yé’hida aura effectivement lieu au moment de la résurrection des morts, il n’en demeure pas moins qu’à présent, seul le Rabbi, qui est ‘le Tsaddik sur lequel repose le monde’, est à ce niveau.

A la lumière de tout ce qu’il vient d’être dit, nous pouvons expliquer que lorsque L’Eternel demanda à Avraham ‘d’acquérir l’Essence de son ame’ (‘Prends Je t’en prie ton fils, ton unique), Il signifiait qu’Avraham devait agir au-delà de la raison et de l’intellect, non pas de manière occasionnelle, mais au contraire, sa soumission à L’Eternel devait être totale et constante.

Avraham devait acquérir la force de l’Essence de son âme, afin d’agir à tous les moments de son existence, et dans toutes les situations de sa vie, en faisant un don total de sa propre existence (comme pour le fait de faire don de son propre fils, lequel représente sa propre existence du fait ‘qu’Itz’hak est le futur d’Avraham’), pour faire de lui-même, et de ce monde, une demeure pour l’Essence de D.ieu.

Dans son discours intitulé ‘Et tu ordonneras aux enfants d’Israël’ le Rabbi nous donne un exemple  qui s’accorde avec notre propos. Le Rabbi explique en effet que lorsque les Juifs étaient oppressés par le régime politique russe qui les empêchaient de pratiquer librement leur Judaïsme, ces mêmes Juifs n’hésitaient pas à mettre en danger leur vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Rien ne pouvait les arrêter dans leur service divin, car ils étaient alors inspirés par la force de l’Essence de leurs âmes. Cependant, après la guerre, lorsque ces Juifs quittèrent la Russie et partirent vivre en Amérique dans un endroit où ils pouvaient librement pratiquer leur Judaïsme, ils retrouvèrent leur première nature et perdirent l’inspiration divine. De fait, ils avaient été jusqu’à présent animés par la force de l’Essence de l’âme, mais cela, sans pour autant l’avoir acquise de manière profonde, sans avoir acquis le niveau de Yé’hida.

L’étude du Dvar Mal’hout de la Paracha Vayéra nous donne à réfléchir sur le dévoilement et l’acquisition du niveau supérieur de l’Essence de l’âme.

A l’évidence l’acquisition de Yé’hida dépend de notre attachement au Rabbi. Un attachement profond et sans limites.

Dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi raconte l’histoire du Rabbi Rachab qui pleura devant son grand-père parcequ’Hachem apparut à Avraham, et qu’à lui-même Il n’était pas apparu. Il semble évident que les larmes du jeune enfant parvinrent jusqu’au ciel et y firent leurs effets. Le fait que ce jeune enfant devint par la suite le Rabbi de Loubavitch est bien la preuve que L’Eternel finit par lui apparaître.

Par ailleurs, le Rabbi souligne ici qu’à l’exemple de cet enfant nous devons demander, jusqu’à en pleurer, la Délivrance finale et que le Machia’h nous apparaisse enfin, dès à présent. L’acquisition de Yé’hida aura alors effectivement lieu, et ‘D.ieu et chaque Juif ne formeront plus qu’une seule réalité’. Avec l’aide de D.ieu.