Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Vaèt’hanan, le Rabbi reprend le principe selon lequel un dévoilement atteint la perfection lorsqu’il unit la limite à l’illimité, lorsqu’un Juif unit ses actions à celles du Saint béni soit-Il, lorsque la lumière dispensée par D.ieu s’unit à la lumière qui provient du travail de l’homme.

 

A ce sujet le Rabbi explique la raison pour laquelle les 10 Commandements sont dits à deux reprises dans la Torah. Une première fois dans la Paracha Yitro, et une seconde fois dans la Paracha Vaèt’hanan.

La Paracha Yitro met l’accent sur le fait que le dévoilement de la lumière divine sur le Mont-Sinaï a pour effet de soumettre totalement ce monde inférieur et tout ce qu’il contient. Ainsi, la Torah nous décrit une situation dans laquelle ‘il y eut du tonnerre et des éclairs et une nuée lourde sur la montagne, et le son du Choffar était très fort, tout le peuple trembla’ (Yitro, 19, 16). Face au dévoilement divin l’homme s’annule, il  se tient en retrait, ainsi qu’il est dit (Yitro, 20, 15): ‘Le peuple vit et ils tremblèrent et se tinrent debout, de loin’.

A l’opposé, la Paracha Vaèt’hanan exprime le but de tout dévoilement divin, lequel consiste à ce que l’homme parvienne à intérioriser de manière profonde la Parole divine, ainsi qu’il est dit (Yitro, 20, 19):‘Vous avez vu que c’est des cieux que Je vous ai parlé’.

Le Rabbi dévoile ici un précieux enseignement. La répétition des 10 Commandements représente l’union de deux niveaux. Le niveau de la Paracha Yitro correspond au dévoilement de la lumière divine qui provient d’En-haut, et le niveau de la Paracha Vaèt’hanan, qui correspond au dévoilement de la lumière qui provient d’En-bas (du travail de l’homme) et qui consiste à intégrer la Parole de D.ieu dans ses pensées ses paroles et ses actes.

C’est précisément l’union de ces deux lumières qui représente l’aboutissement de notre service divin, car le Rabbi souligne que cette union provoque le dévoilement de l’Essence divine.

Le chiffre 2 ne désigne donc pas seulement la répétition d’une chose, car il exprime également la multiplication d’une chose à l’infini.

Aussi, le Rabbi explique que la Haftarah que nous lisons ce Chabbath intitulée ‘Na’hamou Na’hamou’, n’exprime pas seulement le fait que L’Eternel consolera Ses enfants lors de la Délivrance finale. De fait, la répétition du mot ‘Na’hamou’ exprime le caractère infini des évènements qui auront lieu dans les Temps messianiques.  La reconstruction du troisième Temple et le dévoilement de l’Essence de la Torah, ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’, par l’intermédiaire du Machia’h.

Il est écrit (Mikets, 41, 32)‘Quant à la répétition du rêve à Pharaon par deux fois, c’est que la chose est prête par D.ieu, et que D.ieu se hâtera de l’accomplir’.

Rachi explique, au sujet de ce verset, que ‘si le rêve s’est répété deux fois, c’est que l’évènement est imminent’. ‘Ce que D.ieu prépare (‘les sept bonnes années’) Il le montre àPharaon.

Ici encore, la répétition (le chiffre 2) signifie que la chose est vraie, qu’elle est sur le point d’être accomplie par D.ieu. Or, la ‘Hassidout définit la Vérité en mettant l’accent sur le fait qu’elle ne connaît pas d’interruption, qu’elle ne s’interrompt jamais. Ainsi, il apparaît à l’évidence que la signification profonde de ‘la répétition du rêve à Pharaon par deux fois’s’accorde à l’enseignement du Rabbi selon lequel 2 est une évocation de l’infini, car la Vérité n’a pas de fin.  

Au sujet du verset (Yitro, 19, 16): ‘il y eut du tonnerre et des éclairs et une nuée lourde sur la montagne…’, et à la lumière des  enseignements du Rabbi du Dvar Mal’hout sur la Paracha Vaèt’hanan il est possible d’expliquer cette image du don de la Torah de la manière suivante.

La montagne est une allusion à la réalité physique et matérielle de ce monde. Le fait qu’elle soit recouverte d’une épaisse nuée, exprime l’idée de la réalité qui s’efface et s’annule totalement face au dévoilement de la puissance spirituelle de la Parole divine, imagée par la masse du nuage.

Le son du Choffar qui va en grandissant accentue cette idée.En fait, qu’il s’agisse de la vision ‘du tonnerre et des éclairs’, ou d’entendre ‘le son du Choffar qui était trés fort’, ou qu’il s’agisse de tous les autres sens, le dévoilement divin dominait alors totalement la perception humaine. L’homme ne percevait plus comme auparavant le monde physique, celui-ci était devenu imperceptible. L’apparence extérieure de la réalitésétait estompée pour ne laisser apparaître que ce qu’elle dissimule à l’intérieur d’elle-même, c’est-à-dire la parole divine qui la crée et la vivifie à chaque instant. Cela s’exprime par le fait qu’il est dit (Yitro, 20, 15): ‘Ils tremblèrent et se tinrent debout, de loin’.

Cependant la possibilité est donnée à chaque Juif d’assister au dévoilement de D.ieu sans ‘se tenir debout, de loin’. C’est précisément par son attachement au Rabbi qu’il y parvient, ainsi qu’il est dit (Yitro, 19, 17)‘Moché fit sortir le peuple à la rencontre de D.ieu….’.

Les enfants d’Israël demandèrent à Moché d’être leur intermédiaire, ainsi qu’il est dit (Vaèt’hanan, 5, 21-24):‘…Aujourd’hui nous avons vu que D.ieu parle à l’homme et celui-ci peut vivre….Tout ce que dira l’Eternel notre D.ieu àtoi, nous écouterons et nous ferons’.

Un Juif peut entendre la Parole de D.ieu et vivre.

Dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Dévarim le Rabbi enseigne que lorsque les trois semaines d’affliction commencent par un Chabbat le jour du 17 Tamouz, et se terminent par un Chabbat le jour du 9 Av, alors il brille Durant ces trois semaines les 3 Mo’hin (‘Ho’hmah, Binah, Daat). Par ailleurs, durant le Chabbat ‘Hazon du 9 Av la chose est connue que chaque Juif a une vision du Beït-Ha-Mikdache, il voit le Temple ‘de loin’.

Enfin, le Rabbi nous enseigne qu’après  le Chabbat ‘Hazon du 9 Av viennent les 7 Chabbat de consolation, lesquels correspondent aux sept Midots (Hessed Gvurah Tiférèth Nétsa’h Hod Yessod).

A la lumière de cet enseignement du Rabbi, il est possible de dire que la vision du Temple, du fait qu’elle soit une vision ‘de loin’, est un dévoilement ‘d’En-haut’ (conformément au niveau de la Paracha Yitro), et les 7 semaines qui suivent cette vision correspondent à un travail ‘d’En-bas’ (conformément au niveau de la Paracha Vaèt’hanan).

De fait, la perfection est réalisée par l’union de ces deux niveaux. Dans ce cas, durant la période des 7 semaines, un Juif fera tout ce qui est en son pouvoir pour s’attacher aux enseignements du Rabbi et les mettre en pratique de manière concrète afin que sa vision du Temple ne soit plus ‘de loin’, mais que celle-ci pénètre dans son coeur de manière profonde, pour finir par se cristalliser par un acte qui aura pour effet de provoquer les dévoilements infinis de la Délivrance finale, trés bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu.

Rav Yaakov Abergel.