(Pour la guérison de Raphaël Schmuel ben Sima)

 

Tout celui qui s’attache à l’étude du Dvar Mal’hout ne manquera pas d’être surpris du fait que le Rabbi poursuit dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Emor, l’étude qu’il a commencée dans le Dvar Mal’hout du Chabbat précédent (Parachiot A’hareï-Kédochim).

En effet, dans le Dvar Mal’hout de cette semaine (Emor), le Rabbi donne de nombreux approfondissements sur la signification des mots ‘Gola’ et Guéoulah’.

Il a été expliqué précédemment (A’hareï-Kédochim) que lorsque l’on ajoute la lettre ‘Aleph’ au mot ‘Gola’ (‘l’exil’), on obtient le mot ‘Guéoulah’ (‘la Délivrance’).

Notre mission consiste à faire pénétrer la lumière divine, symbolisée par la lettre ‘Aleph’ (première lettre de l’expression ‘Aloupho chel olam’: ‘le Maître du monde’), dans l’obscurité de l’exil.

Le Rabbi expliquait que le mot ‘Gola’ est contenu dans le mot ‘Guéoula’, afin que nous comprenions que l’exil fait partie de la Délivrance. Aussi, bien qu’il nous semble obscur, ce monde dans lequel nous vivons et agissons, ne contredit pas la Délivrance finale. Bien au contraire, tout ce que nous réalisons pendant l’exil participe à la délivrance.

Notre mission consiste à délivrer le monde de son emprise, c’est-à-dire à révéler le divin qui se cache en toute chose, le divin qui est enfoui en nous-même, et dans ce monde matériel.

Dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Emor, le Rabbi nous enseigne trois niveaux de la lettre ‘Aleph’, trois étapes nécessaires dans notre service divin.

*Le premier niveau est celui du ‘Aleph’, première lettre de ‘Aloupho chel olam’ (‘le Maître du monde’).

Faire pénétrer le ‘Aleph’ dans le mot ‘Gola’ afin d’obtenir la Guéoulah, signifie dans ce cas que l’on a pour devoir de comprendre, de ressentir, et d’enseigner à l’exemple d’Avraham qui reconnaissait l’Eternel à travers tous les détails de la Création, ‘qu’il n’y a rien en dehors de Lui’. Il est le Saint béni soit-Il, Le Maître du monde, et de tout ce qu’il contient.

*Le second niveau est celui de l’étude de la Torah, car ‘Aleph’ s’apparente au mot ‘Oulpena’ qui désigne l’étude. De fait,‘Aleph’ est également liée à l’expression ‘Aalphé’ha ‘Ho’hmah’: ‘Je t’enseignerai la Sagesse’ (Livre de Job, 33, 33).

*Enfin le troisième niveau de la lettre ‘Aleph’ représente l’Essence divine. Les trois lettres du mot ‘Aleph’ (Aleph, Lamed, Pé)sont aussi celles du mot ‘Pélé’, ‘miraculeux’.

Ce troisième niveau est donc celui de la révélation de l’Essence divine dans ce monde.

Ainsi, le Rabbi explique que notre travail de transformer l’obscurité de l’exil consiste à dévoiler les trois niveaux de la lettre‘Aleph’ au moyen de nos pensées, nos paroles et de nos actions.

La possibilité nous est donc donnée d’élèver la réalité de ce monde, et de tous les mondes. Dévoiler le ‘Aleph’ dans le mot‘Gola’, au moyen de la prière, de l’étude de la Torah et des bonnes actions.

 

Aussi, le Rabbi nous enseigne que les trois niveaux de la lettre ‘Aleph’ correspondent aux Séfirot de Kéter, ‘Ho’hmah Binah etMal’hout.

Le premier niveau de la lettre ‘Aleph’‘Aloupho chel olam’, correspond à la Séfira de Mal’hout.

Le second niveau ‘Oulpena’, l’étude de la Torah, correspond aux Séfirot de ‘Ho’hmah et de Binah (qui bien qu’elles soient au-dela de ce monde gardent un lien avec lui).

Le troisième niveau de la lettre ‘Aleph’‘Pélé’, représente ‘la profondeur de ‘Ho’hmah’ et la Séfira de Kéter, qui sont des niveaux du Divin qui s’élèvent totalement au-dela de ce monde.

Il est intéressant ici de rapporter deux autres définitions de la lettre ‘Aleph’.

La première définition se base sur le séjour des enfants d’Israël dans le désert.

Lorsque D.ieu se révélait à Moché dans le Michkan (le Temple portatif), la Voix de l’Eternel ‘sortait du ciel et passait entre les deux chérubins’ qui se trouvent sur l’Arche de l’Alliance, ainsi qu’il est écrit (Nasso, 7, 89):

‘Et quand Moché venait à la tente d’assignation pour Lui parler, il entendait La voix d’au-dessus du couvercle qui était sur l’Arche du témoignage, d’entre les deux chérubins et Il lui parlait’.

Rachi écrit que La voix qui sortait du ciel ‘passait entre les deux chérubins, et de là, sortait vers la tente d’assignation’.

Rabbi Yom-Tov Lippman explique (dans son livre ‘Alpha-Beïta’) que la lettre ‘Aleph’ est une allusion à ‘La voix qui sortait du ciel et qui passait entre les deux chérubins’.

En effet, la forme du ‘Aleph’ est composée d’un ‘Vav’ et de deux ‘Youd’. Les deux ‘Youd’ font allusion aux deux chérubins, et le ‘Vav’ est une allusion à ‘la voix de L’Eternel qui passait entre les deux chérubins’.

La deuxième définition de la lettre ‘Aleph’ est rapportée par le Rabbi Rayats, qui a un jour déclaré que le bâton de bois avec ses deux  sceaux d’eau (qu’un porteur d’eau soutient sur ses épaules) évoque la forme du ‘Aleph’.

Le Vav du ‘Aleph’ représente le bâton du porteur d’eau, et les deux Youd du ‘Aleph’ représentent les deux sceaux d’eau.

Ces deux explications de la lettre ‘Aleph’, ‘La Voix qui passe entre les deux chérubins’ et ‘le Porteur d’eau’ expriment deux aspects de l’Essence divine.

D’une part l’Essence divine est le niveau le plus élevé qui soit. L’Essence est comparée à de l’huile, car celle-ci flotte au-dessus de tous les liquides, à l’image de ‘l’esprit du Machia’h qui plane au-dessus des eaux’. Cette qualité de l’Essence s’accorde à l’exemple de ‘La Voix de D.ieu qui passe entre les deux chérubins’.

En effet, comme l’huile qui détient le pouvoir de pénétrer à travers toutes les matières, rien ne peut arrêter La Voix de D.ieu. Aussi, le Rabbi explique dans une Si’ha que c’est la raison pour laquelle il n’y eut pas d’échos quand l’Eternel parla sur le mont-Sinaï. Rien ne put arrêter Sa Voix, pas même les parois des montagnes. La Voix de l’Eternel pénétra dans toutes choses, jusqu’au plus profond de notre âme et de notre coeur.

Par ailleurs, l’exemple du ‘Porteur d’eau’ exprime le fait que l’autre qualité de l’Essence divine (représentée par le ‘Aleph’), est sa simplicité.

L’Essence divine est ‘simple’, dénuée de forme, et le Rabbi souligne toujours que la simplicité de l’Essence divine se trouve en chaque Juif, de part le fait que l’essence de l’âme de chaque enfant d’Israël est enracinée dans l’Essence divine.

Ainsi, à la lumière de ces enseignements, il apparaît à nouveau que notre mission de provoquer la Délivrance finale, en ajoutant la lettre ‘Aleph’ au mot ‘Gola’, consiste à unir deux opposés.

La prise de conscience que nous avons la capacité de révéler en nous-même, et dans ce monde, les plus hautes lumières (le niveau ‘Pélé’ de la lettre ‘Aleph’, ‘La voix de l’Eternel’), tout en gardant une profonde humilité, à l’exemple du porteur d’eau.

Le Rabbi détient le pouvoir d’unir les contraires, et c’est par notre attachement à ses enseignements que nous aurons le mérite de provoquer la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu.

Rav Yaakov Abergel