(pour la guérison de Raphaël Chmouel ben Sima)

Il est écrit (Béréchit, 1, 1, 2): ‘Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre. Or, la terre était informe et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme et l’esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux’.

Le Midrache déclare que ‘l’esprit de D.ieu’ qui ‘planait sur la surface des eaux’ désigne l’esprit du Machia’h.

De fait, le monde est véritablement ‘informe et vide’ tant que l’esprit du Machia’h ne fait que ‘planer au-dessus de ce monde’, que le jour de notre Délivrance n’est pas arrivé.

‘La terre est informe’ signifie que tout ce que nous voyons de ce monde n’est qu’une expression limitée de la réalité véritable. Il manque à notre vision l’essentiel. La terre est à présent ‘informe’, car ‘l’autorisation ne nous est pas (encore) donnée de voir la Parole divine qui se cache dans la matière de ce monde physique’ (Livre du Tanya).

Tant que nous ne voyons pas la Parole de D.ieu, la forme que nous voyons de ce monde est incomplète. Ce n’est que dans les temps messianiques, lorsque ‘l’Eternel effacera l’esprit d’impureté de la terre’, que l’impureté ne nous cachera plus la profondeur de la forme de la terre, et que celle-ci apparaitra enfin à nos yeux.

La véritable ‘forme’ nous apparaîtra en même temps que nous verrons la Parole de D.ieu qui anime le monde à chaque instant.

C’est pour cela que le verset dit que ‘la terre était informe et vide’. ‘Vide’ signifie ici ‘vide de sens’. De fait, tant que l’esprit du Machia’h ne fait que planer au-dessus de nous-même, la terre est vide de sens. Ce n’est que lorsque la Parole de D.ieu apparaîtra à nos yeux, qu’elle se révèlera dans nos coeurs, que la terre ne sera plus ‘informe et vide’, car elle aura trouvé face à notre regard sa forme et son sens véritables.

Ainsi, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pendant cet exil pour attirer l’esprit du Machia’h, en ce monde et en nous-mêmes. Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que l’esprit du Machia’h ne ‘plane plus’ au-dessus, mais pénètre véritablement à l’intérieur de ce monde et de tout ce qu’il contient.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Behar-Be’houkotai, le Rabbi explique longuement les raisons pour lesquelles la Torah a été donnée dans un désert. Parmi ces raisons le Rabbi explique que le désert est un endroit qui n’a rien à voir avec l’homme. Personne n’habite dans le désert, c’est un endroit isolé, en-dehors du monde. De la même façon, la Torah vient de la pensée du Saint béni soit-Il, elle est au-dela du monde, en dehors du monde.

Le Zohar déclare cependant que ‘l’Eternel Israël et la Torah ne font qu’Un’, aussi, bien que ‘la Torah fait Un avec D.ieu’, elle ‘fait aussi Un avec Israël’. Depuis le don de la Torah la possibilité est donnée à chaque Juif de faire de lui-même et de ce monde une demeure pour D.ieu.

Depuis le don de la Torah, l’esprit de D.ieu ne fait plus que ‘planer plus au-dessus de ce monde’, car D.ieu nous donne le mérite de L’attirer dans tous les domaines de notre existence, et c’est à ce sujet que l’Eternel déclare: ‘J’ai écrit Mon âme et Je L’ai donnée’.

Par ailleurs le Dvar Mal’hout souligne que le désert que tout le monde piétine, et qui ne se plaint jamais, n’est pas sans évoquer l’humilité et la soumission la plus totale, qui sont des qualités essentielles et indispensables pour recevoir la Torah de manière profonde.

L’intention du don de la Torah fut d’unir les mondes supérieurs à ce monde inférieur, ‘les mondes supérieurs descendirent dans les mondes inférieurs, et les mondes inférieurs s’élevèrent vers les mondes supérieurs’.

Le Rabbi explique que le lien entre les mondes supérieurs et les mondes inférieurs n’est véritable, non pas lorsque le niveau supérieur ‘descend de sa supériorité’ pour s’unir au niveau inférieur (car dans ce cas il ne serait plus réèlement supérieur), mais lorsque le niveau supérieur, tel qu’il est dans toute sa supériorité, s’unit au niveau inférieur tel que celui-ci se trouve dans toute son infériorité.

Aussi, le Rabbi nous enseigne que ce lien, entre le supérieur et l’inférieur, est réalisé au moyen du compte de l’Omer. Bien que l’Eternel Se soit révélé aux enfants d’Israël lors de la sortie d’Egypte, ce n’est qu’au lendemain de Pessa’h que commença le travail d’attirer et de dévoiler de manière profonde l’Essence divine en ce monde.

De fait, ‘l’esprit du Machia’h plane au-dessus des eaux’, et chaque jour des 50 jours du compte de l’Omer nous rapproche un peu plus de sa révélation.

Tous les contenus de tous les enseignements du Dvar Mal’hout, tout au long des Parachiot de la Torah, ont pour unique but de nous donner les moyens de dévoiler l’Essence divine en ce monde. En ce sens, l’enseignement du Rabbi ne doit plus ‘planer au-dessus de nous’ mais pénétrer au plus profond de toutes nos pensées de toutes nos paroles et de tous nos actes.

Le Rabbi insiste toujours sur le fait que la Hassidout est comparée à de l’huile. De même que l’huile a la capacité de pénétrer dans toutes les matières, la Hassidout est l’Essence de la Torah et elle détient la force de pénétrer au plus profond de notre existence.

C’est précisement lorsque nous parvenons à cristalliser notre étude par un acte concret, que nous parvenons à éveiller le désir de D.ieu de Se révéler dans ce monde. Nos actions deviennent alors un réceptacle capable de recevoir Sa Présence.

Rabbi Zushé déclara un jour que le livre du Tanya nous mènera à la Délivrance finale. Il est connu que l’Admour Hazaken a fondé cet ouvrage magistral sur le verset: ‘Car la chose est proche de toi, dans ta bouche et dans ton coeur, pour l’accomplir’. A la lumière de la déclaration de Rabbi Zushé, il n’y a rien d’étonnant dans le choix de ce verset, car la venue du Machia’h est ‘proche de nous’, elle plane au dessus de ‘notre bouche’ et de ‘notre coeur’.

Comme l’a déclaré l’Admour Hazaken ‘tout dépend de nos efforts’, pour qu’enfin l’esprit du Machia’h ne plane plus au-dessus de ce monde, et qu’il finisse par s’y révéler de manière profonde et véritable.

Dès-lors, la terre ne sera plus un endroit ‘informe et vide’, car elle sera une demeure pour D.ieu, avec toute sa forme, avec tout son sens, avec l’aide de D.ieu, très bientôt et de nos jours.

Rav Yaakov Abergel