(Jeudi 28 Octobre 2004 - 13 'Hechvan 5765)
Les derniers instants d'Arafat

Ce sont toujours les problèmes de santé de Yasser Arafat qui préoccupent les médias israéliens. Autour d’Arafat, des informations contradictoires circulent, son entourage cherchant à tout prix à dissimuler la gravité de son état. Saeb Arekat est toujours à son chevet. Son épouse Soua, qui vit très confortablement à Paris, doit arriver de France dans la journée, en faisant escale à Tunis, après avoir reçu une autorisation spéciale du ministre de la Défense Shaoul Mofaz.
Le Premier ministre Ariel Sharon a permis la venue de médecins de Jordanie et d’Egypte et d’équipement médical à la Moukata. Une commission formée de trois personnes devrait prendre la direction de l’Autorité palestinienne à la place d’Arafat. S’il vient à disparaître dans les heures qui viennent, on peut s’attendre au chaos au sein de l’Autorité palestinienne.
Le gouvernement israélien craint par-dessus tout d’être rendu responsable de la disparition d’Arafat si celui-ci venait à succomber dans les heures qui viennent suite à une grave maladie. C’est pourquoi les dirigeants israéliens déploient tous leurs efforts et accordent toutes les autorisations pour permettre à l’entourage d’Arafat de lui prodiguer tous les soins nécessaires.
Arafat, qui a dirigé en despote les affaires de l’Autorité palestinienne, n’a bien entendu aucun héritier et il faut s’attendre au chaos total et à une guerre de succession implacable si Arafat venait à mourir prochainement.
Des proches d’Arafat ont confirmé qu’à l’âge de 75 ans son état de santé et sa faiblesse exigeaient des soins médicaux accrus. Enfermé depuis plus de deux ans dans son état-major de la Moukata à Ramallah, Arafat a focalisé sur sa santé l’attention des organisations terroristes et des factions qui s’opposent au sein de l’Autorité palestinienne. Cette tension engendre des craintes de guerre civile entre les communautés arabes. On se souvient que Gaza a déjà été le théâtre de rixes entre factions terroristes rivales, surtout depuis la nomination de Moussa Arafat à la tête des services de sécurité palestiniens.
Le chef de l’OLP vieillissant n’a jamais songé à se nommer un successeur comme cela se pratique dans le monde arabe car, dans les statuts de l’Autorité palestinienne, il n’existe aucune disposition légale qui permette la nomination démocratique d’un nouveau dirigeant. La corruption s’est insinuée dans le tissu social palestinien en prenant des proportions telles que la misère sévit dans tous les territoires autonomes.
Plusieurs de ses partisans sont frustrés du rejet total d’Arafat par les Etats-Unis ainsi que de l’échec permanent du raïs face aux alliés européens. Ils déplorent son absence de volonté de démontrer son désir réel de négocier avec les Israéliens. Arafat est malade depuis environ deux semaines. Son service de santé nie qu’Arafat aurait demandé à Israël l’autorisation de quitter la Moukata et d’être hospitalisé au centre médical de Ramallah.
La semaine dernière, Israël avait permis à six médecins tunisiens de venir l’ausculter. Le diagnostic officiel reste donc des calculs rénaux. Ce qui semble curieux c’est pourquoi Arafat s’entête à demeurer à la Moukata alors que son état de santé exige une hospitalisation urgente. Qu’aurait-il donc à cacher ? Il est vrai que toute sa vie, Arafat a toujours fait de mauvais calculs.(A7)