En quoi la Révélation du Sinaï est-elle garante de notre liberté ?

Le besoin de liberté et ses implications ont une signification toute particulière pour le judaïsme qui met l’accent sur l’importance de chaque individu.

« N’est vraiment libre que celui qui fait de la Tora son occupation première. »

Cette affirmation talmudique peut paraître surprenante. En effet, il semble plutôt que celui qui applique les commandements perd de ce fait sa propre liberté et son indépendance.

Mais il en va autrement lorsque l’auteur de la Loi est D.ieu lui-même. Et c’est le cas pour la Tora. Il ne s’agit plus dès lors de restrictions, d’aliénation.

En nous unifiant avec la Transcendance, nous nous transcendons. La sortie d’Égypte – la liberté – n’a de sens que si elle aboutit à la Révélation du Sinaï, à la moralité.

TRAVERSER LE DESERT

On comprend dès-lors pourquoi la Tora a été donnée dans un désert, symbole d’immatérialité et d’absolu.

Ce qui ne veut pas dire que le judaïsme nous invite à ignorer le monde matériel, bien au contraire.

La Tora transcende l’espace mais aussi le temps et c’est d’ailleurs pour cela que la date de la Révélation n’est pas précisée clairement dans le texte biblique. Toutes les fêtes juives sont marquées par la pratique de commandements spécifiques : le Chofar, les Souccot, les Matsot. Par contre, la fête de Chavouot ne se distingue par aucune mitsva particulière. Pourquoi donc cette exception ?

La Torah est infinie, intemporelle, éternelle. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a été donnée dans un désert, un espace sans frontières.

Chavouot célèbre le don de la Torah qui, de par sa nature infinie, ne peut se représenter par un symbole précis.

Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch, souligne l’idée que la Tora est universelle et qu’elle transcende l’Espace et le Temps. Grace à l’étude et la pratique, nous « spiritualisons » notre être et tout ce qui nous entoure et parvenons ainsi à l’harmonie.

Or pour être à même de percevoir l’infini, il faut faire le « vide » en soi.

C’est pourquoi le don de la Torah nécessite une intense démarche de préparation spirituelle d’une durée de quarante-neuf jours.

À ce propos, il est intéressant de noter que le mot hébreu (’holé) qui signifie « malade » a pour valeur numérique 49.

Après la sortie d’Égypte nous étions pour ainsi dire « malades et contaminés » par toutes les formes d’idolâtrie qui étaient en vigueur dans l’Égypte d’antan. Nous devions donc impérativement effectuer un travail sur nous-mêmes pour « guérir spirituellement ».

CHAQUE JOUR COMPTE

C’est grâce au Tikoun Hamidot, le raffinement de nos traits de caractères, que nous pourrons amener l’ensemble de l’humanité au Tikoun HaOlam (amélioration transformation de la société).

Chaque jour, en comptant l’Omer, nous faisons un bilan. Nous nous interrogeons : ‘’Comment est-ce que je me suis comporté vis-à-vis de mon prochain ? De quoi a-t-il besoin ? Comment puis-je l’aider concrètement ? »

Certes, le décompte s’étend sur quarante-neuf jours et non pas cinquante. Mais son objectif est d’atteindre une plénitude intérieure qui aboutira au cinquantième jour : le don de la Torah.

Intrinsèquement, la Torah est inaccessible puisqu’elle prend sa source dans l’Infini. Compter ce cinquantième jour est donc impossible. Mais dans sa bonté, Dieu nous l’a révélée et l’a mis à notre portée comme si nous avions compté le cinquantième jour. D’où le verset : « Vous compterez jusqu’au lendemain de la septième semaine, soit cinquante jours. »

Le degré auquel nous accéderons en ce grand jour de Chavouot est fonction de notre effort quotidien. Voilà pourquoi nous comptons les jours écoulés et non pas ceux qui nous restent à parcourir.

HARMONIE ET SYNTHÈSE

C’est 3 mois après la sortie d’Égypte qu’Israël reçut la Tora.
Chacun de ces mois correspond à une attitude différente dans notre relation avec D.ieu et avec notre prochain.

En Nissan, le premier mois, les Israélites sortirent d’Égypte. Ils fuyaient l’idolâtrie et l’immoralité. Ils ignorèrent alors totalement le monde qui les entouraient. Ceci se dit en Hébreu : « Sour me Ra… »

Au cours du second mois, Iyar, ils comptèrent l’Omer qui implique, nous l’avons vu, un raffinement du caractère s’obtenant par un travail personnel quotidien : « Assé tov »

Les fruits de ces efforts sont « récoltés » en Sivan, le troisième mois, à Chavouot (‘’fête de la récolte’’). Nous atteignons alors le plus haut degré d’unité avec D.ieu. On assiste à l’union de ce qui est le plus bas avec ce qui est le plus haut. Le divin ne se trouve plus hors de portée et l’humain n’est pas rejeté.

La véritable union avec D.ieu ne se dévoile que lorsqu’on vit dans le monde et qu’on œuvre pour transformer la société. C’est Tiféret – l’harmonie.

PÉRENNITÉ D’ISRAEL

Quel est le secret de notre survie ? Un examen attentif de notre histoire nous montrera que le peuple juif a toujours été une minorité dont la constance fut en tout temps et en tout lieu l’attachement à la Tora et aux mitsvot. Effectivement, c’est dans le fait que nous sommes »un peuple qui vit à part » que réside le secret de la survie d’Israël.

Notre spécificité, notre indépendance de pensée et d’action ne font pas notre faiblesse mais bien au contraire notre force. Et c’est seulement ainsi que nous pourrons mener à bien la mission que nous a confiée le Créateur « être un peuple de prêtres et une nation sainte » pour le plus grand bien de toute l’humanité.

RAV YAACOV SPITEZKI = 054 23 99 791
SHORASHIM Le Centre pour les étudiants francophones