Le vol 002 d’El Al à destination de Tel Aviv, qui a quitté l’aéroport JFK de New York jeudi soir, a été retardé à cause de la neige sur la piste. Bien qu’il aurait théoriquement du atterrir en Israël à 11h40 donc environ 4 h avant l’allumage des bougies, il a été dévié vers Athènes, atterrissant à temps pour Chabbat.

El Al a déclaré que, conformément à la politique de la société, il n’y a pas de vols le Chabbat et que les passagers prendraient un vol à destination de Tel Aviv Motsaei Chabbat.

Répondant à des informations parues dans la presser faisant état d’émeutes de passager juifs orthodoxes sur le vol El Al, Ben Chafetz décrit ce dont il a été témoin et comment il a passé un Chabbat extraordinaire organisé dans un hôtel, par le Beth Habad d’Athènes

 

Par Ben Chafetz/ collive

Ce Chabbat, j’ai eu l’immense privilège de vivre une expérience incroyable. J’espère que la compagnie El Al lira cet article et comprendra qu’il existe une autre version de ce que l’on peut lire dans la presse sur cet incident.

Notre vol El Al devait quitter New York à 18h30. Trois membres de l’équipage étaient en retard et nous avons commencé à embarquer à 20h30, heure à laquelle les membres de l’équipage sont arrivés. À 21h10, les portes de l’avion étaient fermées et tout était calme pendant environ une heure.

Vers 22 heures, de nombreux passagers qui craignant de transgresser Chabbat à cause du retard commencaient à demander aux membres de l’équipage des précisions sur le départ et aucune réponse n’a été donnée. Il est à noter qu’à 10h25 le site Internet d’El-AL indiquait que notre vol était en route pour Tel Aviv, ayant décollé à 21h30 alors que nous étions toujours immobilisés sur une piste de JFK.

J’étais assis en classe affaires, mon siège était juste à côté des escaliers qui menaient au deuxième étage et à trois rangées derrière la cuisine de première classe. J’ai entendu chaque échange. À aucun moment, les passagers, préoccupés par Chabbat, n’ont présenté de menace physique. Je n’aime pas utiliser le terme Hareidim, ce n’était pas une manifestation de Neturei Karta pleine de Hassidim vêtus de noir. C’étaient des Juifs d’horizons divers qui s’inquiétaient simplement du Chabbat.

À 23h35, il y avait environ 40 passagers, moi compris, qui se tenaient près de la porte de sortie et exprimaient leur souhait de débarquer de l’avion. À ce moment-là, nous étions assis sur le tarmac pendant deux heures et demie. Une des hôtesses nous a dit que si nous descendons de l’avion, nous perdrions nos billets et nous ne serions pas relogés. Je ne sait pas si elle essayait de nous faire peur ou si c’était une vraie politique, mais notre réponse etait unanime; nous etions tous d’accord de perdre notre billet. l’essentiel etant de ne pas devoir transgresser le Chabbat. Pas une seule personne n’a dit: «Quoi? Non, vous devez nous réserver à nouveau», ou«vous ne pouvez pas faire cela», il y avait une compréhension simple et fondamentale, respecter Chabbat.

À un moment donné, quelqu’un que j’ai découvert plus tard comme étant le Rav Shalom Ber Sorotzkin, a pris l’interphone et a dit qu’il avait parlé au pilote et que celui-ci avait promis qu’il arriverait l’aéroport avant Chabbat et que nous aurions le temps de rentrer chez nous.

Beaucoup d’entre nous, y compris moi-même, ne nous sommes pas assis et avons exprimé notre désir de quitter l’avion.

À ce moment-là, le capitaine a parlé dans l’interphone et nous a dit que nous pourrions sortir dès que tout le monde serait assis. Et nous sommes tous retournés à nos places.

Je ne peux pas commencer à décrire la sensation de stress dans mon estomac lorsque j’ai vu l’avion s’éloigner des terminaux et faire face à la piste. En moins de 6 minutes après nous avoir dit de retourner à nos sièges, nous étions dans les airs. Durant le vol, il n’y avait pas de réseau Wi-Fi, et notre seule source d’informations pour le reste du vol était l’équipage d’El-Al.

Quatre heures après le début du vol, le commandant de bord a annoncé qu’en raison des «Haredim,», l’avion ferait escale à Athènes. À ce stade, tous les passagers qui désiraient respecter le Chabbat pourraient descendre de l’avion puis, tous ceux qui voulaient continuer vers Israël devraient descendre de l’avion à Athènes et prendre un autre vol pour Tel Aviv.

Quelle honte… J’aurais aimé qu’El Al annonce la vérité. Nous nous étions arrêtés à Athènes parce qu’El-Al avait fait une série de faux appels et qu’une fois qu’ils avaient décollé ils ne pouvaient pas atteindre Tel Aviv avant Chabbat. C’est pourquoi ils avaient besoin d’une autre compagnie pour continuer leur voyage en Israël.

Cela n’a fait qu’aggraver la tension interne, notre seule source d’informations étant l’équipage, qui n’était pas du tout sympathique. Pour être très clair, personne n’était en colère contre les hôtesses de l’air, tout le monde a compris qu’ils n’avaient pas pris les bonnes décisions. Nous demandions à parler au pilote ou à quelqu’un qui pouvait parler pour le pilote. Encore une fois, il n’y a pas eu de tentative d’intrusion dans le cockpit, pas d’altercations physiques. Oui, il y a eu quelques voix qui se sont élevées, mais la plupart du temps (j’ai des vidéos), ce sont des passagers israéliens qui sont venus crier après les passagers préoccupés par le Chabbat disant que nous ruinions leur week-end.

C’était en soi absurde parce que nous n’avions pas pris la décision de faire escale à Athènes et que la majorité des passagers religieux préféraient rester à New York.

Au fur et à mesure que les minutes se rapprochaient de notre arrivée à Athènes, des discussions ont eu lieu dans l’avion sur le point de savoir s’il était préférable de rester dans l’avion immobilisé pendant tout le Chabbat ou de débarquer à Athènes. Nous n’avions aucune idée de ce à quoi nous attendre. Devrions-nous rester à l’aéroport? Serions-nous un hôtel? Que mangerions-nous?

Quand ils ont servi le petit-déjeuner, je me suis rendu compte que l’œuf emballé qu’ils avaient servi pour le petit-déjeuner et le demi-sandwich qui me restait lorsque je suis monté dans l’avion pourraient très bien être tout ce que nous avions à manger le jour du Chabbat. J’ai même mis des noix dans mon sac à dos.

Lorsqu’il était clair que nous débarquions à Athènes et que nous commencions notre descente, nous sommes retournés à nos sièges. Beaucoup d’entre nous ont essayé de séparer nos articles de Muktsei et de nous assurer que nos Tallit et Siddour étaient facilement accessibles.

Après que l’avion ait atterri, nous avons débarqué dans l’un de ces escaliers roulants pour nous rendre à l’une des nombreuses navettes. J’étais l’une des premières personnes à monter dans la navette et j’ai vu des dizaines de personnes débarquer de l’avion sans plus y penser, rester dans l’avion serait un Hiloul Chabbat, et descendre de l’avion était la meilleure chance de le garder.

Comme la première navette était pleine et a commencé à se diriger vers l’aéroport (il y avait plus de navettes derrière nous), tout le monde a entonné une chanson pour Chqbbqt Kodesh.

Une fois arrivés à l’aéroport, nous avons rencontré une femme d’El Al qui était très gentille et a pris le temps de nous expliquer que nous allions être transportés dans un hôtel dès que les autres navettes arriverait.

40 minutes avant la Chkia, nous sommes arrivés à l’hôtel. Il y avait quatre employés d’hôtel et les gens ont commencé à se précipiter vers la réception. À ce moment-là, un rabbin, dont j’ai appris par la suite qu’il était le Rav Akiva Katz, a crié au-dessus de la foule et a expliqué à tout le monde qu’il fallait créer des lignes ordonnées afin de ne pas submerger les employés. Il nous a également fait savoir qu’il avait réservé un endroit pour les prières et que le Beth Habad avait préparé tous les repas de Chabbat. Cela a contribué à réduire le stress et le processus est devenu plus ordonné alors que les gens étaient concentrés sur le fait d’aller dans leurs chambres pour se préparer pour Chabbat.

La salle des prières était pleine de 60 ou 70 hommes et environ 10 femmes et tout le monde chantait. Le rabbin Jesse Horn de la Yeshiva Ateret Kohanim a dirigé la Kabbalat Chabbat. Nous étions tous si heureux de pouvoir garder Chabbat, et notre joie était sans borne. Je pense que nous avons dû danser quatre ou cinq fois pendant la prière de Maariv.

Après la prière, nous avons traversé l’hôtel jusqu’à la salle à manger et je peux vous affirmer à 100% que ce que j’ai vu était au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer.

85% de la salle à manger était réservée à notre repas de Chabbat. Les tables étaient joliment aménagées avec des bouteilles de vin, du jus de raisin et des Hallot. Là où l’hôtel affichait habituellement ses barres de salades et son assortiment de viandes froides, il était maintenant rempli de plateaux de poisson Guefeltefish, de 6 ou 7 grands bols avec une variété de salades, c’était comme si cela avait été planifié des semaines à l’avance. Il y avait beaucoup de plats pour le plat principal et un assortiment de plats d’accompagnement.

La Seudah était magnifique et tout le monde chantait des zemiros et des niggunim et il y avait beaucoup de Divrei Torah et les chanst continuaient pendant un bon moment. Je me suis réveillé plusieurs fois au cours de la nuit car j’étais toujours en décalage à l’heure de New York et lorsque que je descendais dans le hall d’entrée, des gens apprenaient ensemble ou discutaient de Divrei Torah.

La prière de Chaharit était une autre belle aventure et il était intéressant de voir à quel point c’était un mélange de Nusach Hassidique, Sefardi etAshkenaz.

Après avoir quitté la salle, plusieurs personnes se sont rendues à la cuisine pour aider le Rav Mendel et Nechama Hendel, les Chlou’him Habad à Athènes, à préparer la seuda.

Deux cours ont également été donnés, l’un en hébreu et l’autre en anglais par le Rav Yossi Baumol.

Après le Chiour, nous sommes allés à la salle à manger où, comme la nuit précédente, il y avait une abondance de nourriture délicieuse, une merveilleuse viande kugel enveloppée dans une pâte, une pointe de poitrine, un grand assortiment de salades. Contrairement à la nuit précédente, où tout le monde était assis à côté des personnes qui étaient ses proches, tout le monde s’asseyait de façon hétérogène exprimant ainsi une unité extraordinaire.Je voudrais d’abord remercier les personnes suivantes.

Le Rav Shalom Ber Sorotzkin, qui avait eu la clairvoyance avant que l’avion ne décolle, de demander à son organisation de contacter le Beth Habad d’Athenes et de faire pression pour que ce Chabbat puisse se réaliser.

Le Rav et Hendel et son épouse, CHlou’him du Rabb à Athènes, en Grèce. ont reçu l’appel à 11 heures du matin vendredi et à 16 heures ils avaient préparé un magnifique Chabbat pour 150 adultes!  Une expérience et un Chabbat que je n’oublierai jamais.

J’aimerais partir avec quelques réflexions après avoir passé l’un des Chabbat les plus incroyables de ma vie.

1. Plus de 150 Juifs de tous les horizons et de toutes les tendances, ont quitté l’avion avec une seule pensée – Nous allons garder Chabbat, même si cela signifie dormir dans un aéroport.

2. Contrairement à nos arrière-grands-parents, qui ont été licenciés si ils n’ont pas travaillé Chabbat aux États-Unis, ou ont été mis à mort, et éventuellement incarcérés pour avoir été gardé le Chabbat en URSS. Combien de fois avons-nous la chance de faire don de soi pour respecter le Chabbat? C’était un cadeau extraordinaire de la part de Hachem: nous avons eu la chance de montrer à Hachem à quel point nous l’aimons ainsi que sa Torah.

3. Yom Tov dans le Beth Hamikdash ressemblait probablement à ce Chabbat. Les Juifs de partout se réunissant pour servir Hachem et accomplir ses Mitsvot.

Avec beaucoup d’amour
Ben Chafetz