Dans ses discours ‘hassidiques, le Rabbi met souvent l’accent sur le fait que La venue de notre Juste Machia’h, la révélation du troisième Temple et celle de la Torah nouvelle sont toutes liées à la sortie d’Egypte, au ‘temps de notre liberté’.

 

De fait, la sortie d’Egypte représente le dévoilement de la Présence divine au sein du peuple Juif, par l’intermédiaire de Moché, le berger d’Israël.

 

Cependant, bien que Moché soit celui qui détient le pouvoir d’attirer et de révéler la Présence divine dans le Michkan (le Temple portatif), il n’en demeure pas moins que la Délivrance finale dépend aussi de chaque Juif.

 

En effet, le Tanya déclare que l’âme de Moché est l’âme collective de l’Assemblée d’Israël. Dans chaque Juif se trouve une étincelle de Moché, et du fait que Moché enseigne la Torah aux enfants d’Israël, chacun possède la qualité de Moché, de révéler la Présence divine, de dévoiler la lumière divine illimitée dans les limites que nous impose ce monde matériel.

 

Aussi, au fil des Parachiot et de l’enseignement qu’il délivre dans le ‘Dvar Mal’hout’, le Rabbi approfondit sans cesse la possibilité qui est donnée à chaque Juif de dévoiler ce qui est au-delà du monde, l’infini divin, dans le monde.

 

Le Rabbi déclare par exemple dans le ‘Dvar Mal’hout’ de la Paracha Chemini que Moché a la capacité d’unir les enfants d’Israël avec le Saint béni soit-Il, car l’infini et le fini sont en lui.

 

En d’autres termes, ‘l’infini est en lui’ signifie que la force de la partie la plus profonde de l’âme de Moché, l’essence de l’âme de Moché, ‘l’infini’, est dévoilée dans la partie ‘finie’ de son âme: la partie de son âme qui s’habille dans son corps (les forces de l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le coeur, la vitalité dans le sang).

 

Le Rabbi explique que l’humilité de Moché est la raison pour laquelle il a le mérite que l’infini soit dévoilé en son âme, et c’est à cela que se rapporte la déclaration du Pirkeï Avot selon laquelle: ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï et l’a transmise à Yéochoua’.

 

La Montagne du Sinaï, par le fait qu’elle soit la plus basse parmi toutes les montagnes, exprime l’humilité et la soumission la plus totale vis à vis de l’Eternel, et le Rabbi révèle que ‘Moché a reçu la Loi du Sinaï’ signifie qu’il apprend ‘du sinaï’, qu’il est animé par la plus grande humilité, et parfaitement soumis à D.ieu.

 

La force de soumission de Moché, son exceptionnelle humilité et sa capacité à s’annuler totalement face à la Volonté du Saint béni soit-Il, sont certainement à l’origine du choix du Rabbi d’appeller son ouvrage par le titre de ‘Dvar Mal’hout’.

 

La ‘Hassidout nous enseigne en effet que la Séfira de Mal’hout, la dernière Séfira du monde d’Atsilout, est qualifiée de ‘pauvre’ car elle ne possède pas sa propre lumière. A l’exemple de la lune qui reçoit toute sa lumière du soleil, la Séfira de Mal’hout reçoit toute sa lumière des autres Séfirot du monde d’Atsilout.

 

C’est précisément par sa qualité de pauvreté, laquelle exprime la soumission la plus totale à la lumière qu’elle reçoit des autres Séfirot, à l’image d’un élève parfaitement soumis à la lumière de l’enseignement qu’il reçoit de son Rav, que la Séfira de Mal’hout aura dans les temps messianiques le mérite de s’élever au dessus de toutes les Séfirot, ainsi qu’il est dit: ‘une épouse vertueuse est la couronne de son mari’.

 

Et au Rabbi d’ajouter qu’il en va de même pour la lune, car dans les temps messianiques celle-ci deviendra aussi grande que le soleil, ainsi qu’il est dit: ‘la nuit brillera comme le jour’.

 

Le principe selon lequel l’annulation vis-à-vis de D.ieu provoque les plus hauts dévoilements divins, transparaît à travers tous les enseignements du ‘Dvar Mal’hout’. L’image donnée par la Hassidout d’une graine qui se putréfie dans le sol avant de donner naissance à une plante en est le parfait exemple, et elle s’accorde à l’image de la lune dont la taille diminue jour après jour dans l’obscurité du ciel, pour finir par disparaître et pour renaître ensuite à nouveau.

 

Dans le ‘Dvar Mal’hout’ sur la Paracha Chemini, le Rabbi cite le livre de Chmouel (1, 20, 18): ‘Ton absence sera remarquée, ta place étant vide’.

 

Dans ce verset, Yonathan s’adresse à David en lui faisant remarquer que son absence à la table du roi ne peut passer inaperçue. Sans l’ombre d’un doute, le roi Chaoul se rappellera de David, en voyant qu’il manque à sa place.

 

C’est précisément parceque David ‘manque’ à sa place que le roi se ‘souvient’ de lui. Le Rabbi nous dévoile qu’il en va de même pour la lune le jour de Roch ‘Hodech. C’est précisément après avoir disparue, que la lune ‘manque à sa place’, qu’elle peut renaître et grandir à nouveau dans le ciel.

 

Ce principe s’applique à celui de l’obscurité qui précède la Délivrance. La Délivrance ‘manque à sa place’, c’est précisément ‘parcequ‘un Juif ne se trouve pas à sa véritable place, à la table de son Père, sur la terre sainte à Jérusalem, la ville sainte, dans le Beït ha Mikdache, et c’est cette absence précisément qui aura pour effet que l’Eternel se souviendra de lui et le délivrera.’

 

A travers ces paroles du Rabbi, nous devons comprendre que c’est précisément ce qui nous fait défaut qui nous permet d’atteindre le divin illimité.

 

L’absence de David à la Table du roi Chaoul est une allusion à l’attribut de Gvurah, au Tsimtsoum, à la limitation et à la dissimulation de la lumière divine. Lle Rabbi nous dévoile que c’est précisément par l’attribut de Gvurah, le ‘fini’, que l’on peut accéder à ‘l’infini’, ainsi qu’il est dit: ‘celui qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir dans l’opulence’ (Rabbi Yonathan, Pirkeï Avoth).

 

Ainsi, peut-être est-ce à travers l‘idée selon laquelle tout dévoilement divin passe nécessairement par la révélation de notre petitesse, que le Rabbi intitula son recueil ‘Dvar Mal’hout’.

 

En effet, notre petitesse doit être comparable à celle de la Séfira de Mal’hout. A l’évidence, Mal’hout réprésente la ‘pauvreté’ qui mène à l’opulence, à l’exemple de cette graine qui disparaît dans la terre pour renaître ensuite, à celui de la lune qui disparaît pour réapparaître ensuite.

 

A l’exemple de Moché dont le nom disparaît dans la Paracha Tetsaveh, à celui du Rabbi qui demande à ses émissaires de ne pas mentionner son nom si cela est nécessaire, c’est par le fait de s’annuler totalement à la volonté du Rabbi, le Moché de notre génération, que l’on parvient à renaître ensuite, à s’élever dans notre service divin dans la plus grande opulence, jusqu’à parvenir enfin à la révélation de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu.

 

Rav Yaakov Abergel