Les ‘Hassidim ‘Habad connaissent bien l’enseignement selon lequel notre conduite pendant le Chabbat Béréchit a une influence sur l’année toute entière.

Le Rabbi en explique la raison dans le ‘Dvar Mal’hout’. La particularité de ce Chabbat est qu’il constitue la charnière entre le mois de Tichri et tous les autres mois de l’année.

Tichri par le fait qu’il est ‘un mois rempli de Mitsvoth et de Sainteté, s’élève donc, et est en quelque sorte séparé de tous les autres mois de l’année qui sont des mois ‘profanes’, où l’essentiel de notre travail est lié aux sujets de de ce monde matériel, et à des actions ‘profanes’.

Ainsi, c’est précisément le Chabbat Béréchit qui possède donc la force d’attirer la Sainteté supérieure du mois de Tichri, jusque dans tous les autres mois ‘profanes’ de l’année, car  ce mois englobe en lui-même tout le travail du mois de Tichri  (la Sainteté), et le travail du mois de ‘Hechvan (le Profane).

D’un côté, Chabbat Béréchit est à la fin du mois de Tichri, et d’un autre côté c’est le Chabbat pendant lequel nous bénissons le mois de ‘Hechvan, lequel représente le commencement de notre action et de notre influence dans tous les sujets de ce monde. C’est donc pour cela que notre conduite pendant ce Chabbat Béréchit a une influence sur toute l’année.

Le Rabbi explique que la lecture de la Paracha Béréchit, dans laquelle il est question de la Création du monde, a pour effet de renouveller la Création de tous les sujets de ce monde, pour une année nouvelle. Cela n’est pas sans nous donner la force nécessaire pour accomplir notre mission dans ce monde, tout au long de l’année.

Sur la signification du mot Béréchit, Rachi a expliqué que D.ieu créa le monde pour la Torah qui est appelée ‘le commencement de Son chemin’,‘Réchit darko’ (Proverbes, 8, 22), et pour Israël qui est appelé ‘le commencement de Sa moisson’, ‘Réchit tvouato’ (Jérémie, 2, 3).

Le mot ‘Réchit’, que l’on apparente aussi au mot ‘Roch’ (la ‘Tête’) n’est donc pas sans désigner le niveau supérieur des enfants d’Israël. Cependant, l’un des point essentiels de l’enseignement du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, est que le niveau d’un enfant d’Israël ne se limite pas à la grandeur de son âme, qui est ‘véritablement une parcelle de Divinité d’En-haut’.

Non, la grandeur d’un enfant d’Israël est aussi, liée au fait que ‘l’Eternel a choisi le corps des enfants d’Israël’, ainsi que l’a déclaré l’Admour Hazaken’ au sujet de son explication du verset de la prière : ‘Tu nous as choisis parmi tous les peuples’.

La ‘Hassidout nous enseigne que l’acte de choisir ne découle pas des forces de l’intellect. Bien au contraire, l’origine spirituelle d’un choix que l’on fait dépasse de loin la raison et l’intellect. Il en va ainsi aussi pour L’Eternel, car le Rabbi nous dévoile ici que le choix de L’Eternel  des enfants d’Israël provient d’un très haut niveau du Divin, lequel se situe bien au-delà de tout l’enchaînement des mondes, bien au-delà de toute la Création. De fait, le choix des enfants d’Israël trouve son origine dans Son Essence bénie.

Aussi, ce choix de l’Eternel qui procède du niveau de l’Essence divine, vient nous apporter de précieux enseignements.

Le Rabbi nous enseigne notamment, que bien que la Torah soit au-delà de ce monde, elle atteint sa perfection précisément lorsqu’elle s’habille dans ce monde matériel. Et même si la Torah descend dans ce monde, on peut toujours se rendre compte de sa Sainteté et de sa grandeur.

Dans le même ordre d’idée, le Rabbi souligne que la chose est aussi vraie pour un Juif. Les Juifs font partie intégrante de ce monde matériel, et cela s’exprime tout particulièrement par le fait que le corps d’un Juif est semblable à celui d’un non-Juif. C’est à ce sujet que le Rabbi vient nous expliquer la notion  de ‘Choix’. Un choix ne peut exister qu’entre deux choses qui sont identiques. Seulement dans ce cas, l’acte de choisir (qui comme on l’a dit dépasse l’intellect et la raison) vient pour faire la différence entre les deux. C’est donc précisément le corps des enfants d’Israël que L’Eternel a choisi, car il est identique à celui des Goyim.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, il nous est donné de comprendre que même s’il se trouve dans ce monde matériel, en tant que partie intégrante de ce monde, avec un corps identique à celui des autres peuples, il n’en demeure pas moins que L’Eternel a distingué le corps des Juif parmi ceux de tous les autres peuples.

Il convient ici d’établir un lien entre ce qu’il vient d’être dit et la Si’ha du Rabbi intitulée ‘Le cœur soulève les pieds’ (26 tichri 5738-8 Octobre 1977). Le Rabbi déclare dans cette Si’ha, que ‘le ‘Hassidisme explique que la fonction essentielle d’une route est de relier le coin le plus reculé du royaume, à la capitale, au palais du Roi, et finalement à la chambre privée, la salle du trône du Roi Lui-même. Il en est de même pour le chemin du Juif dans la vie : le long du chemin, sa mission demande qu’il s’investisse dans les choses matérielles, profanes, pour connaitre D.ieu dans toutes ses actions, et dans tous ses chemins. En accomplissant la Volonté de D.ieu, il relie les coins les plus reculés de la Création, même de ce monde, le plus bas de tous, avec la chambre privée du Roi des Rois, le Saint béni soit-Il. L’Action est essentielle et chaque Juif doit aller sur son chemin à l’exemple de notre père Yaakov. Quand il entendit la bonne nouvelle que D.ieu avait assuré sa protection, ‘son cœur fit lever son pied et il alla’, même sur son chemin pour ‘Haran (‘le lieu qui réveille la colère de D.ieu’). Il alla avec la bonne nouvelle de la Torah de Vérité, la Torah de vie qui est un guide pour la vie…Et la force nous est donnée pour l’accomplir’.

‘Relier le coin le plus reculé du royaume à la capitale, au palais du Roi, et finalement à la chambre privée, la salle du trône du Roi Lui-même’, c’est faire de ce monde qui est le plus bas de tous, une demeure pour l’Essence divine.

Peut-être est-il possible de dire que le corps est lui-même d’une certaine manière ‘l’endroit le plus reculé du royaume’ car il est comme une prison pour l’âme, du fait qu’il abrite aussi l’âme animale et le mauvais penchant.

Or, le Rabbi souligne que L’Eternel en choisissant le corps des enfants d’Israël a placé le corps d’un Juif à un niveau supérieur : ‘Réchit’. Aussi, le Rabbi écrit que ‘non seulement les enfants d’Israël ne se trouvent nullement sous la domination des autres peuples (pas seulement du point de vue de leurs âmes, mais aussi du point de vue de leurs corps), mais au contraire : même pendant l’exil ils représentent l’essentiel, ‘Réchit’, de la Création, et c’est pour eux qu’ont étés créés tous les peuples de la terre, et toutes les autres parties du monde…’.

Dans ce cas il est possible d’expliquer que ‘la  bonne nouvelle’ que Yaakov entendit, selon laquelle ‘D.ieu avait assuré sa protection’, est liée au fait que ‘L’Eternel a choisi le corps des enfants d’Israël’.

En effet, dans un grand nombre de ses discours ‘hassidiques, le Rabbi a enseigné que le corps est l’œuvre de D.ieu qui provient de Son Essence. Bien que d’un côté le corps soit ‘l’endroit le plus reculé du royaume’, car il est comme une prison pour l’âme, d’un autre côté le corps provient de l’Essence divine, et du fait de cette proximité la possibilité nous est donnée de la dévoiler, de faire de nous-même et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine.

Aussi, à l’exemple de Yaakov qui comprit et ressentit que tout fut crée pour lui dans le but qu’il accomplisse sa mission sacrée, notre cœur doit‘lever notre pied’ pour faire tout ce qui est en notre pouvoir pour relier ‘l’endroit le plus reculé du royaume’: les mois ‘profanes’, avec la ‘salle du trône’: le mois de Tichri. C’est-à-dire que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour attirer la Sainteté dans ce monde profane, afin de provoquer la venue de notre Juste Machia’h très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.